Donald Trump veut revenir sur les objectifs de baisse de la consommation des voitures
Donald Trump veut revenir sur les objectifs de baisse de la consommation des voitures
LE MONDE ECONOMIE
Le président américain entend alléger les contraintes des constructeurs en matière d’émissions de CO2. Ces nouvelles normes entreraient en vigueur d’ici à 2025.
Donald Trump au cours d’un meeting avec des salariés de l’automobile à Ypsilanti (Michigan), le 15 mars. | BILL PUGLIANO / AFP
En revenant sur les objectifs gouvernementaux de baisse de la consommation des voitures, Donald Trump a envoyé, mercredi 15 mars, un message clair en direction des constructeurs, dont il attend qu’ils créent plus d’emplois aux Etats-Unis. Selon sa tactique, qui consiste à passer des « deals », des marchés, avec ses interlocuteurs, le président américain a ainsi donné satisfaction aux industriels en laissant la porte ouverte à un allégement de leurs contraintes en matière d’émissions de CO2, tout en les enjoignant à privilégier les Etats-Unis pour leurs futurs investissements.
Lors d’une réunion à Ypsilanti (Michigan) avec les principaux patrons de l’automobile, M. Trump a annoncé que les nouvelles normes, qui devraient entrer en vigueur d’ici 2025, seront soumises à une évaluation en 2018. Il s’agit d’un revirement complet par rapport à ce qui avait été décidé par Barack Obama. En effet, en 2012, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) avait fixé de nouvelles limites en termes de consommation dans le cadre de la réglementation dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy), un élément central de la lutte contre le réchauffement climatique. Sur l’ensemble de leur gamme, les constructeurs devaient s’engager à ce que leurs modèles soient capables de parcourir en moyenne 54,5 miles avec un gallon d’essence d’ici à 2025, soit une consommation de 4,3 litres aux 100 kilomètres.
Une évaluation sur la tenue de cet objectif était bien prévue en 2018. Mais en janvier dernier, sept jours avant que M. Obama ne quitte la Maison-Blanche, l’EPA avait décidé de façon unilatérale de maintenir les normes fixées initialement. Cette décision avait provoqué une levée de boucliers de la part du lobby automobile. L’Alliance of Automobile Manufacturers a ainsi commandé une étude à l’Indiana University pour faire valoir ses arguments. « En raison de la baisse inattendue des prix de l’essence et de la faible demande pour les véhicules électriques et hybrides, les normes vont avoir un impact économique plus important que celui anticipé lorsqu’elles ont été définies », argumente John Graham, l’un des auteurs.
L’étude pointe notamment le fait que 76 modèles seulement avaient respecté en 2015 l’objectif de 40 miles par gallon, l’ensemble ne représentant que 1 % des ventes de véhicules neufs. Mark Fields, le PDG de Ford avait repris en janvier ces conclusions en affirmant qu’un million d’emplois seraient perdus si les normes n’étaient pas en adéquation avec les réalités du marché.
Celles-ci ont effectivement bien changé depuis le début des négociations. Au sortir de la crise financière, les constructeurs avaient affiché leur bonne volonté pour s’orienter vers des véhicules moins polluants. Mais avec la reprise économique et la chute brutale des prix du pétrole, les Américains se sont mis à nouveau à acheter sans modération des gros 4X4 et autres pick-up très gourmands en carburants.
« Mon administration va travailler sans relâche pour supprimer les réglementations qui tuent l’industrie », a déclaré M. Trump mercredi, affirmant que « l’offensive contre l’industrie automobile américaine est terminée ».
Rien ne préjuge des résultats de l’évaluation, mais le message envoyé par M. Trump est sans ambiguïté. Par ailleurs, l’Agence de protection de l’environnement est désormais dirigée par Scott Pruitt, ancien ministre de la justice de l’Oklahoma et proche du lobby pétrolier, qui a déclaré il y a quelques jours sur la chaîne CNBC que la hausse des émissions de gaz à effet de serre n’est pas un facteur déterminant dans le changement climatique en cours.
La décision de M. Trump a provoqué de vives réactions au sein des associations de protection de l’environnement. Pour Michael Brune, responsable du Sierra Club, cette « décision est irresponsable et met en péril la santé et la sécurité des familles américaines ».