Les salariés de CentraleSupelec s’inquiètent de la fusion
Les salariés de CentraleSupelec s’inquiètent de la fusion
Par Adrien de Tricornot
La grande école d’ingénieurs s’est mise en grève pour dénoncer les retards pris dans l’organisation des cursus, le déménagement et l’harmonisation du temps de travail.
Manifestation jeudi 16 mars à l’entrée de CentraleSupelec, sur le site de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), où se tenait le conseil d’administration de l’école d’ingénieurs. | D.R.
La tension monte à CentraleSupelec, prestigieuse école d’ingénieurs née de la fusion, en 2015, de l’école publique Centrale Paris et de sa consœur privée Supélec. Les élus du personnel (CGT-CFDT) ont claqué la porte du conseil d’administration, jeudi 16 mars, et près de 300 salariés se sont réunis sur le campus de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) pour protester, contre la façon dont est mise en œuvre cette fusion. Et ce, alors qu’une partie des personnels a débuté, lundi, une grève sur ses quatres sites (Châtenay-Malabry, Gif-sur-Yvette, dans l’Essonne, Rennes et Metz), même si les cours sont assurés.
Les élus du personnel jugeaient inaboutis les projets pédagogiques de l’ensemble : le nouveau diplôme unique d’ingénieur généraliste, qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2018, ainsi qu’un second projet de cursus – d’abord appelé ingénieur « expert » et qui devait n’être dispensé que sur les campus de Rennes et Metz sous la seule étiquette « Supélec ».
« Ce processus est compliqué et difficile. Il est légitime que ces changements suscitent des craintes. Mais nous déposerons le dossier de cursus d’ingénieur généraliste à la commission des titres d’ingénieurs (CTI) au mois de juin, pour démarrer comme prévu en septembre 2018 », assure Hervé Biausser, le directeur de CentraleSupelec. Le conseil d’administration a en revanche lâché du lest, lors du conseil d’administration, sur le projet de deuxième cursus, reporté à septembre 2019 pour être retravaillé : « Ce sera un cursus technologique donnant le titre d’ingénieur, qui se fera sur les trois sites et mettra l’accent sur l’apprentissage et le recrutement international. Mais le projet n’est pas encore mûr et nous devons nous donner du temps », reconnaît M. Biausser.
Problèmes de transport et d’organisation
Un changement jugé trop timide par l’intersyndicale, pour qui la fusion manque, depuis le début, de préparation. Elle pointe aussi d’autres motifs d’insatisfaction. D’ici à la rentrée de septembre, le site de Châtenay-Malabry doit déménager dans les locaux de celui de Gif-sur-Yvette afin de s’ancrer sur le plateau de Saclay. Or les problèmes de transport et d’organisation n’auraient pas été assez anticipés, selon des élus du personnel, qui demandent notamment la mise en place d’une navette. Pour M. Biausser, celle-ci devrait pouvoir être finalement proposée au départ de Châtenay-Malabry et de Paris. Mais les syndicats attendent du concret.
Enfin, des négociations sont en cours pour harmoniser le temps de travail des personnels, qui craignent de perdre des jours de RTT. « Il est légitime qu’il y ait des questions mais nous sommes encore en cours de négociation et plusieurs modalités seront proposées aux salariés, et au global la durée du travail sera réduite », affirme M. Biausser.
Commencée lundi pour une semaine renouvelable, la grève a été suivie par 30 % des salariés le premier jour, selon la direction, et 8 % le second. Les syndicats ne disposent pas encore de chiffres pour jeudi, mais évoquent une hausse de la mobilisation, et appellent à la poursuite du mouvement.