C’est un événement qui met en lumière le climat de grande tension dans lequel se déroulent les distributions de repas aux migrants de Calais. Quatre migrants ont été blessés par balle jeudi 1er février aux alentours de 15 heures lors d’une rixe qui a opposé des Afghans et Erythréens après une distribution de repas, a-t-on appris auprès de la préfecture.

« Quatre blessés par balle ont été transportés à l’hôpital de Calais. L’un d’eux, dont le pronostic vital est engagé, va être transféré au CHR de Lille », a fait savoir le parquet de Boulogne-sur-Mer. Le pronostic concernant les trois autres est « réservé », a ajouté cette source. Trois autres migrants « souffrent de multiples blessures », selon la préfecture du Pas-de-Calais, qui précise que l’identité des victimes n’est pas encore établie.

Les violences se sont déroulées lors d’une rixe entre une « centaine de migrants armés de bâtons et de pierres » boulevard des Justes, près du centre hospitalier de la ville. A 17 h 45, la bagarre avait pris fin, mais la police était encore sur place.

Selon le parquet, la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) et la brigade mobile de recherches de la police aux frontières vont être saisies. Vers 16 heures, une deuxième rixe a éclaté à environ 5 kilomètres de là, sur la commune de Marck, près du centre de logistique Transmarck. « Une centaine de migrants africains armés de bâtons ont voulu s’en prendre à une vingtaine d’Afghans », a indiqué le parquet.

« Les forces de police sont intervenues pour protéger les migrants de nationalité afghane pris à partie par 150 à 200 migrants de nationalité érythréenne », a précisé la préfecture. Ces violences ont éclaté alors qu’une opération antisquat était menée par la police jeudi matin.

  • Des distributions bientôt assurées par l’Etat

Emmanuel Macron a annoncé à la mi-janvier que l’Etat allait « prendre en charge » la distribution de repas aux migrants de Calais, un service fourni aujourd’hui par les associations, depuis l’évacuation de la « jungle », à la fin d’octobre 2016. « Nous allons le faire de façon organisée », avait fait savoir M. Macron.

Elles sont aujourd’hui principalement assurées par quatre associations : l’Auberge des migrants, Utopia 56, RCK (Refugee community kitchen) et Salam. Le chef de l’Etat s’en est d’ailleurs pris à ces dernières, les accusant de façon dure et insistante de dissuader les migrants d’aller vers les centres d’hébergement.

  • Des précédents

La dernière rixe entre migrants s’étant soldée par des blessures par balle remonte au 25 novembre 2017, lors d’un échange de tirs entre deux groupes d’Afghans, possible règlement de comptes entre passeurs. Cinq d’entre eux avaient été blessés. Le 18 janvier, un migrant avait également été grièvement blessé à l’arme blanche lors d’une rixe sur une aire de l’autoroute A16 à hauteur d’Offrethun (Pas-de-Calais).

Environ 800 migrants vivent actuellement à Calais, selon les derniers chiffres des associations, entre 550 et 600, selon la préfecture.