TV: « Hollow Man : l’homme sans ombre »
TV: « Hollow Man : l’homme sans ombre »
Par Samuel Blumenfeld
A voir aussi ce soir. Au-delà des effets spéciaux, l’adaptation de Paul Verhoeven de « L’Homme invisible » est inquiétante et subversive (sur Ciné+ Club à 20 h 45).
Hollow Man L'homme sans ombre - Bande annonce VF
Durée : 01:28
On sait au moins depuis L’Homme invisible, de H. G. Wells, dont Hollow Man est la lointaine adaptation, que l’invisibilité ne comporte pas que des effets bénéfiques sur la personnalité. Chez Paul Verhoeven, elle est montrée comme une décomposition, visuellement étonnante, du corps humain, qui laisse apparaître, comme dans un livre d’anatomie, chair, muscles et squelette avant de se fondre dans le néant. Bien que parfaits, les effets spéciaux apparaissent anecdotiques dans ce film qui préfère l’âme au corps et pourrait donc parfaitement se passer de la technologie numérique.
Hollow Man s’inspire d’un passage de La République de Platon, où le philosophe imagine ce qui se produirait si un homme possédait le pouvoir de devenir invisible. Il deviendrait un voleur, un tueur, un violeur et s’affirmerait l’égal d’un dieu. Tout ce que se révèle être Sebastian Caine, le scientifique de génie d’Hollow Man, qui teste sur lui sa propre invention, mais ne réussit jamais à faire réapparaître son corps.
Visée métaphysique
De facture classique, privilégiant une figure obligée du cinéma fantastique, où un savant devient la première victime de ses expérimentations, le film décrit un processus bien plus angoissant qu’un simple accident de laboratoire. Verhoeven montre qu’un individu, une fois libéré de toute contrainte sociale et capable d’agir en toute impunité, choisit nécessairement le mal. Ce refus des conventions hollywoodiennes et cette croyance avérée dans le diable font de Hollow Man un film inquiétant et subversif.
Parmi les multiples métamorphoses subies par ce personnage, de la pose d’une peau artificielle à des habits peu seyants, l’une retient plus particulièrement l’attention. Doté d’un visage de latex, ses yeux disparaissent subitement pour laisser apparaître deux orbites. Les yeux sont les miroirs de l’âme, dit-on. Le but de Paul Verhoeven est à l’évidence, en jouant sur la dissimulation, de montrer à l’écran un homme qui n’aurait pas d’âme. Cette visée métaphysique prend le pas sur tout l’arsenal d’effets spéciaux. Le film minimise le spectaculaire et joue sur la déception, mais cette déception ne peut que satisfaire le spectateur.
Hollow Man : l’homme sans ombre, de Paul Verhoeven. Avec Kevin Bacon (EU-All., 2000, 110 min).