Comment entrer et réussir en fac de médecine (Paces)
Comment entrer et réussir en fac de médecine (Paces)
Propos recueillis par Claire Ané
Charlotte Mazepa, étudiante spécialiste de la Paces de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, a livré lors d’un chat ses conseils pour passer la première année de fac de médecine.
Avant de devenir médecin, il faut franchir l’étape de la Paces. | FRANCK FIFE / AFP
Une année de travail très intensive et de compétition et un concours très sélectif pour la conclure : la première année commune aux études de santé (Paces) suscite beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes chez les lycéens, à l’heure de saisir leurs vœux d’orientation sur Admission post-bac (APB 2017). Charlotte Mazepa, étudiante en 4e année de médecine et spécialiste de la Paces de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a répondu lors d’un chat sur Le Monde.fr aux questions des internautes, donnant conseils et encouragements.
Killian : Je suis actuellement en terminale S et on dit de moi que je suis plutôt ordonné. Mais la Paces me fait peur et ma famille me pousse à prendre une prépa. Le tutorat peut-il la remplacer ?
Charlotte Mazepa : Le tutorat est une aide amplement suffisante pour réussir sa Paces. Il faut savoir, en plus, que le tutorat est reconnu et soutenu par les universités et les enseignants rédigeant les concours de la Paces.
Dans les prépas, comme les tutorats, les cours sont généralement donnés par les étudiants des années supérieures, sauf que dans le premier cas ces étudiants sont payés, et dans le second qu’ils sont bénévoles. L’avantage du tutorat est d’avoir un parrain qui vous suit toute l’année, qui va s’investir pour vous apporter un soutien psychologique personnalisé. Personnellement, j’ai fait le tutorat et j’ai réussi le concours à l’issue de la deuxième année. Et il faut rappeler que le tutorat sera gratuit ou de l’ordre d’une cinquantaine d’euros par an, alors que pour les prépas privées, il faut compter en moyenne 2 000 euros l’année.
Kik : Est-il possible d’intégrer une première année de médecine après un premier choix d’orientation ? Par exemple après une licence dans un domaine non scientifique ?
Oui, on en voit chaque année, et ils peuvent réussir. Mais il faut savoir que cela demandera peut-être un peu plus de travail et peut-être une remise à niveau dans certaines matières.
Pour moi, ce qui compte avant tout dans la Paces, c’est la motivation. Si on se donne les moyens de réussir, et qu’on travaille, on peut réussir le concours, même en venant d’un bac et/ou d’une filière autre que scientifique. Même si ce n’est pas le plus fréquent…
C : Quel niveau est recommandé (en terminale S par exemple) pour entrer et réussir en Paces ?
On dit en général qu’il vaut mieux avoir une mention au bac. Les statistiques montent que les bacheliers avec mention réussissent mieux. Mais l’essentiel est d’avoir des bonnes bases de bac scientifique, et de bien travailler en Paces. Pour moi, un étudiant sans mention et très motivé réussira mieux qu’une mention très bien qui ne se mettra pas suffisamment tôt au travail.
Héléna : Je suis en terminale ES et souhaiterais intégrer la Paces dans une autre académie que celle où je passe mon baccalauréat cette année. Je souhaite mettre mon académie d’origine en dernière place dans mes vœux, ai-je un risque d’être refusée dans mon académie d’origine si je procède ainsi ? Sinon quelle stratégie adopter sachant que je souhaite suivre la Paces dans une autre académie que celle où je passe mon bac ?
Dans les académies qui ne sont pas celles où vous passez le bac et/ou où vous résidez, vous ne serez pas prioritaire. Comme la Paces fait partie des filières en tension, vous risquez de n’avoir aucune place si vous ne mettez pas la Paces de votre académie d’origine en premier choix. Mais il existe des dérogations. Je vous conseille de vous rapprocher de l’académie où vous souhaiteriez effectuer votre Paces.
HYP : On dit que de plus en plus de facs de médecine tirent au sort leurs étudiants à l’entrée en Paces. Qu’en est-il ?
Pour l’instant, on n’a encore jamais eu recours au tirage au sort, même si on est aux limites des capacités de formation. Ce que je conseille, comme c’est une filière sous tension, très demandée, il faut mettre la Paces en premier vœu sur APB. En Paces, on trouve surtout des étudiants qui en avaient fait leur premier vœu.
Helena : Je suis en terminale ES et j’aimerais aller en Paces l’an prochain. Est-ce qu’avoir fait un baccalauréat S vous a particulièrement aidé ?
Cela m’a aidée car j’avais des bases en mathématiques, en SVT [sciences de la vie et de la terre] et physique-chimie, qu’on retrouve dans certaines matières de Paces. Après, je sais qu’il existe si besoin des remises à niveau, qu’on peut suivre avant la rentrée. Et il faut savoir que la Paces ne nécessite pas un niveau de bac S en maths, par exemple. Et que beaucoup de matières de la Paces sont à apprendre par cœur, il n’y a pas de connaissances préalables à avoir, si ce n’est une bonne capacité à mémoriser et de bonnes méthodes de travail. J’ai des amis qui étaient nuls en maths et qui ont très bien réussi en Paces. il n’y a pas de généralités dans cette filière !
Azerty : Je souhaiterais savoir comment trouver sa méthodologie pour travailler durant la Paces ?
Pour trouver sa bonne méthodologie en Paces, le bac est un bon entraînement. Il permet d’apprendre à se connaître au niveau du travail : est-on plus visuel ? Ou a-t-on plutôt besoin de répéter ? C’est un atout d’arriver en Paces en connaissant ce qui marche pour soi. On est tous différents : ce qui va marcher sur votre meilleur ami ne marchera pas forcément sur vous. Il ne faut pas essayer de faire un copier-coller des méthodes de travail des autres.
Moi, je travaillai à la BU (bibliothèque universitaire). On avait cours le matin, et l’après-midi je reprenais tous mes cours du matin et je les apprenais. Le week-end, je reprenais les cours de la semaine écoulée, et je préparai les enseignements dirigés des enseignants de la semaine suivante. En termes de volume, j’allais en cours de 8 à 12 heures, puis je travaillais de 13 à 21 heures, en faisant une pause pour le dîner. Le week-end, c’était 9 heures-20 heures, avec des pauses pour déjeuner et goûter. Et très important : je m’accordais au moins une fois par semaine une soirée pour faire autre chose. j’arrêtais à 18 heures, pour aller au cinéma, voir mes amis, passer du temps en famille…
Ex-péhun : Ayant été inscrit deux fois en Paces avec un vécu sans aucun doute semblable au vôtre, je reste toujours étonné par la communication très policée des étudiants ayant réussi le concours à propos de la Paces. Quand les lycéens seront-ils informés avec honnêteté de la réalité de cette année ? Parlez donc de l’ambiance en cours magistral, de la persécution subie par certains primants [élèves de 1re année de médecine] de la part de certains doublants, du système de réservation de places en amphithéâtre, des bousculades pour accéder aux TD [travaux dirigés] donnés par le meilleur professeur et des bleus ou écrans de PC portables brisés qu’y récoltent des étudiants ! Arrêtez de donner cette vision angélique de la Paces !
Moi, personnellement, je n’ai pas vécu cela. C’est vrai que dans certaines facs il y a une rivalité entre primants et doublants. A Nantes, elle est vraiment moindre. Oui, certains se bousculent et font la course pour une place en amphi, mais au final tout le monde a une place assise, même si c’est dans l’amphi où le cours est retransmis et non celui où se trouve le prof. Et cela n’empêche pas de réussir.
Pour conclure, je voudrais dire ceci : la Paces n’est qu’une première étape, il faut penser que la suite des études est longue et demande beaucoup de travail. Il faut arrêter le cliché selon lequel après la Paces tout devient facile. Renseignez-vous donc sur ce qui se passe au-delà de la première année. Et bonne chance à tous !