François Hollande, président de la république, en déplacement à Crolles, Isère, samedi 18 mars 2017 - 2017©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde | Jean-Claude Coutausse

François Hollande a une nouvelle fois âprement défendu son bilan, samedi 18 mars lors d’un déplacement en Isère, éreintant la tournure de la campagne présidentielle, et mettant en garde contre l’abstention et le vote Front national sans jamais citer le parti de Marine Le Pen.

« Par expérience, je peux vous le confier, les décisions qui sont prises par un président de la République vont bien au-delà d’un quinquennat, elles engagent pour longtemps », a lancé le chef de l’Etat qui doit quitter l’Elysée dans sept semaines.

Après avoir remis leur carte d’électeurs à une centaine de jeunes, François Hollande s’est livré devant quelques 900 personnes réunies dans le gymnase de Crolles, petite commune de gauche de la banlieue grenobloise, à une défense et illustration de son bilan, avec une ironie mordante frisant l’amertume.

L’ambiance délétère de la campagne

« La France est plus forte qu’il y a cinq ans » mais « peu le disent », alors « je vais leur faire du bien, je vais le dire à leur place », a-t-il lancé visant les candidats de son propre camp peu enclins à endosser le bilan du quinquennat. « Oui, la France est dans un meilleur état que cette France que j’ai trouvée en 2012. Il y a encore trop de chômage, trop d’inégalités, trop de précarité » mais « ça ne suffit pas à sous-estimer l’action, ça justifie de l’amplifier », a-t-il poursuivi sous les acclamations d’un public acquis.

Il s’en est ensuite pris tous azimuts à l’ambiance délétère de la campagne marquée notamment par l’affaire Fillon. « La démocratie est en danger quand des impulsions éclipsent la raison, quand l’invective masque les perspectives, quand le tweet remplace le texte. La démocratie est menacée quand l’exemplarité vient à manquer », a-t-il martelé. « La démocratie est fragilisée quand les faits eux-mêmes viennent à être contestés, tronqués, ignorés par les manipulations, les mensonges, les falsifications ».

Se gardant bien de se prononcer en faveur d’un candidat, il s’est posé en président protecteur, garant de l’unité nationale « jusqu’à la dernière minute du dernier jour de (son) mandat ».

« Le village d’Astérix sans la potion magique »

Les partisans de la sortie de l’euro, en ont aussi pris pour leur grade. « La sortie de l’euro, de l’Union européenne, ce serait une sortie de route une sortie de l’histoire (...) C’est le village d’Astérix sans la potion magique », a-t-il dit sans évoquer directement la candidate du Font nationale Marine Le Pen.

Tout comme les adeptes d’une VIe République : « La France est forte de ses institutions, je mets en garde celles et ceux qui voudraient en changer », a-t-il averti à l’intention de candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

François Hollande a lancé aussi un vibrant appel à aller voter. « Si vous êtes en colère venez voter, j’ai compris qu’il y avait 11 candidats ça donne le choix », a-t-il plaisanté avant de rappeler plus sérieusement le souvenir du 21 avril 2002 quand Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour, éliminant le candidat socialiste Lionel Jospin. « Le principal c’est d’aller voter et de ne pas attendre le lendemain du vote pour protester », a-t-il dit.