En Turquie, Recep Tayyip Erdogan lance de nouvelles menaces
En Turquie, Recep Tayyip Erdogan lance de nouvelles menaces
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Les relations entre Ankara et l’UE se sont fortement tendues après l’interdiction de plusieurs meetings pro-Erdogan en Europe.
« Si vous continuez de vous comporter de cette manière, demain, aucun Européen, aucun occidental ne pourra plus faire un pas en sécurité, avec sérénité dans la rue, nulle part dans le monde », déclare le président turc Recep Tayyip Erdogan. | © Handout . / Reuters / REUTERS
Adepte de la surenchère dans l’invective, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré, mercredi 22 mars, lors d’un discours à Ankara, qu’aucun Européen ne serait en sécurité si l’Union européenne (UE) maintenait envers la Turquie une attitude qu’il a jugée hostile.
« Je m’adresse une nouvelle fois aux Européens (...) La Turquie n’est pas un pays qu’on peut bousculer, dont on peut bafouer l’honneur, dont on peut expulser les ministres. Le monde entier suit ce qui se passe de très près. Si vous continuez de vous comporter de cette manière, demain, aucun Européen, aucun Occidental, ne pourra plus faire un pas en sécurité, avec sérénité dans la rue, nulle part dans le monde. »
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte où les relations se sont fortement tendues ces dernières semaines entre la Turquie et l’UE à la suite de l’interdiction de plusieurs meetings pro-Erdogan auxquels devaient participer des ministres turcs en Allemagne et aux Pays-Bas.
Les dirigeants turcs, dont M. Erdogan lui-même, ont accusé l’Allemagne, pays qui compte une importante communauté turque, de recourir à des « méthodes nazies » en interdisant l’intervention de ministres turcs.
Ce regain de tension avec l’Europe survient à moins d’un mois d’un référendum, le 16 avril, sur une révision constitutionnelle visant à renforcer les pouvoirs présidentiels en Turquie, qui pourrait permettre à M. Erdogan de rester au pouvoir jusqu’en 2029. Le président turc est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, en particulier depuis la tentative de putsch du 15 juillet dernier, suivie de vastes purges qui ont notamment frappé les médias.
Rejetant les critiques européennes au sujet des journalistes emprisonnés en Turquie, M. Erdogan a déclaré : « Quand on regarde la liste des noms [de journalistes emprisonnés], il y a des assassins, des cambrioleurs, des pédophiles, des escrocs : de tout, sauf des journalistes ! »
La mise en garde du président allemand
Au même moment, à Berlin, le nouveau président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a condamné l’attitude des autorités turques à l’égard des médias et a demandé la remise en liberté du correspondant germano-turc du quotidien Die Welt dans le pays, Deniz Yücel, incarcéré pour propagande « terroriste ».
« Respectez l’Etat de droit ainsi que la liberté des médias et des journalistes ! et remettez en liberté Deniz Yücel ! », a lancé M. Steinmeier dans un discours le jour de sa prestation de serment au Parlement allemand.
« Notre regard sur la Turquie est empreint d’inquiétude, à l’idée de voir que ce qui a été réalisé au fil des années et des décennies est en train de s’écrouler. »
« Président Erdogan, ne mettez pas en danger ce que vous avez construit avec d’autres ! Arrêtez avec ces comparaisons effroyables avec le nazisme, ne coupez pas le lien avec ceux qui veulent un partenariat avec la Turquie. »