Rhinocéros tué à Thoiry : une information judiciaire ouverte
Rhinocéros tué à Thoiry : une information judiciaire ouverte
Le Monde.fr avec AFP
Une autopsie pratiquée sur Vince, le rhinocéros blanc âgé de 4 ans, avait permis d’extraire trois balles de calibre 12, un calibre commun pour les fusils de chasse.
De nombreux zoos abritant des rhinocéros ont depuis renforcé leurs systèmes de sécurité. | ARTHUS BOUTIN / AFP
Vince avait été retrouvé tué, début mars, sa corne arrachée, au cœur du zoo de Thoiry, dans les Yvelines. Pour tenter de retrouver la trace de ses braconniers, le parquet de Versailles a ouvert, mercredi 22 mars, une information judiciaire, a fait savoir, jeudi, le parquet de Versailles, confirmant une information du Parisien.
« Une information judiciaire a été ouverte des chefs d’association de malfaiteurs, détention d’espèces protégées, atteinte en bande organisée à la conservation d’une espèce animale, vol aggravé, recel en bande organisée et transport, détention, cession d’espèce non domestique », a précisé le parquet.
L’enquête, confiée à la gendarmerie de Mantes-la-Jolie, assistée par les Douanes et l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, n’a pour l’instant pas permis de remettre la main ni sur les auteurs du braconnage, ni sur la corne volée. « Les enquêteurs suivent plusieurs pistes, mais aucune n’est privilégiée » à ce stade, selon une source judiciaire.
60 000 dollars le kg
Une autopsie pratiquée sur Vince, le rhinocéros blanc âgé de 4 ans, avait permis d’extraire trois balles de calibre 12, un calibre commun pour les fusils de chasse.
Le trafic de corne de rhinocéros est généralement destiné à des pays asiatiques, où la médecine traditionnelle lui attribue toutes sortes de vertus, dont celles de guérir le cancer ou l’impuissance. Il est particulièrement lucratif : la corne, faite de kératine comme les ongles humains, peut se vendre jusqu’à 60 000 dollars le kg sur le marché noir, soit près de deux fois le prix de l’or.
De nombreux zoos abritant des rhinocéros ont depuis renforcé leurs systèmes de sécurité ou pris une mesure plus drastique : couper la corne des bêtes qu’ils accueillent.
Le jardin zoologique tchèque de Dvur-Kralove-nad-Labem a ainsi déjà procédé à l’opération, tout comme le parc animalier de Pairi Daiza en Belgique. Le parc de Thoiry, lui, s’interrogeait cette semaine encore sur l’opportunité d’une telle mesure.
Inédit en Europe
Aucun précédent n’a eu lieu dans un zoo en Europe. « Il y a quelques années, il y a eu des vols de corne dans les salles de vente aux enchères, des lieux d’exposition, mais sur du non-vivant », avait précisé, début mars, le responsable du programme « Commerce des espèces sauvages » au WWF, Stéphane Ringuet.
Selon la porte-parole de l’ONG Robin des Bois, Charlotte Nithart, « des défenses ont déjà été volées dans un zoo en Inde, mais l’éléphant n’avait pas été tué et, plus récemment, deux petits rhinocéros ont été tués dans un orphelinat en Afrique du Sud ».