Côte d’Ivoire : la prison à vie requise contre Simone Gbagbo
Côte d’Ivoire : la prison à vie requise contre Simone Gbagbo
Le Monde.fr avec AFP
L’ancienne première dame de Côte d’Ivoire est jugée à Abidjan pour crime contre l’humanité.
L’ancienne première dame de la Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, lors de son procès, le 30 juin 2016, au tribunal d’Abidjan. | ISSOUF SANOGO / AFP
Jugée pour crime pour crime contre l’humanité, Simone Gbagbo, l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire, risque la prison à vie. C’est la peine qui a été requise contre elle mardi 28 mars par le procureur général du tribunal d’Abidjan.
« Messieurs les jurés, vous déclarerez Mme Gbagbo coupable de crime contre l’humanité et de crime de guerre et vous la condamnerez à l’emprisonnement à vie », a déclaré le procureur Aly Yéo à l’issue d’une heure de réquisitoire. Le jury s’est retiré après le réquisitoire pour délibérer. Le verdict est attendu ce mardi.
L’épouse de l’ex-président ivoirien est soupçonnée par les juges d’avoir eu un rôle central dans la crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3 000 morts. Il est reproché à « la Dame de fer », comme l’appellent les Ivoiriens, d’avoir participé à des réunions ayant mené à des meurtres, des viols et des actes de persécution commis sur le territoire national.
Selon le procureur, celle qui est considérée comme un pilier inébranlable du régime de Laurent Gbagbo « a commencé à s’imposer depuis l’accession de son époux au pouvoir en 2000 » comme le véritable chef de la Côte d’Ivoire, de l’armée, de la police et de la gendarmerie.
« L’ex-première dame de Côte d’Ivoire a été la chef d’une cellule de crise, véritable organe décisionnel sur le plan sécuritaire », souligne le parquet général, sur la base des documents pris chez le couple présidentiel, lors de leur arrestation le 11 septembre 2011. Ces documents attestent qu’« elle a répondu à des correspondances de marchands d’armes qui lui proposaient des achats d’armes et d’hélicoptères de combat », affirme le procureur.
Un procès sans l’accusée
Le procès de Mme Gbagbo s’est ouvert le 9 mai 2016 devant la cour d’assises d’Abidjan. Elle avait au préalable tenté d’éviter de comparaître en se pourvoyant en cassation, mais la Cour suprême du pays avait rejeté cette demande, ouvrant définitivement la voie à son procès pour crime contre l’humanité.
A la fin du mois d’octobre, les avocats de Mme Gbagbo se sont retirés du procès, invoquant le fait que la cour a refusé de faire témoigner des personnalités ivoiriennes qu’ils souhaitaient faire entendre. Le lendemain, « la Dame de Fer », suivant leur conseil, a refusé de comparaître. Le reste du procès s’est déroulé sans elle, et sa défense a été assurée par des avocats commis d’office. Elle était toujours absente mardi, lors du réquisitoire.
Au tribunal, en juin dernier, Simone Gbagbo a plaidé non coupable. Face aux enquêteurs, elle a nié être intervenue dans la gestion du pouvoir et a soutenu que son rôle de première dame se limitait à être l’épouse du président de la République. Un président qui, selon elle, a été choisi par Dieu pour diriger la Côte d’Ivoire et dont les opposants ne pouvaient être que des « démons ».
Dans un autre procès, pour atteinte à la sûreté de l’Etat, la femme de l’ancien président Gbagbo a définitivement été condamnée à vingt ans de prison. Elle était jugée avec 78 coaccusés pour leur rôle dans la crise causée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Les violences qui marquèrent la crise post-électorale de 2010-2011.
Laurent Gbagbo est, quant à lui, jugé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour des crimes contre l’humanité commis pendant cette crise post-électorale.