La sélection sorties du week-end du « Monde »
La sélection sorties du week-end du « Monde »
Chaque vendredi, La Matinale vous propose un choix de rendez-vous pour la fin de la semaine à ne pas manquer.
LA LISTE DE NOS ENVIES
Au menu de ce week-end : des portraits grandeur nature par JR au Palais de Tokyo, une exposition sur l’art des kimonos à Paris, un festival de musique à Monte-Carlo et une carte blanche du chorégraphe Jan Martens à Roubaix.
ARTS URBAINS : JR fait défiler Clichy-Montfermeil en grandeur nature au Palais de Tokyo
JR
Le regard ne sait où se poser face aux centaines d’habitants de Clichy-Montfermeil qui peuplent, à taille réelle, la très impressionnante fresque de JR installée pour dix jours au Palais de Tokyo. Cette composition de 38 mètres de long et 4 mètres de haut dresse un portrait collectif où chacun tient son propre rôle. L’inspiration de JR pour ce nouveau travail : les fresques murales et engagées du Mexicain Diego Riviera. Ici, les lignes de fuites sont multiples, les convergences éclatées : « Aujourd’hui, certains se tournent vers la religion, d’autres vers le sport, d’autres ont simplement le regard rivé vers leur téléphone portable », résume l’artiste. Evocation des émeutes, de la hausse des prix, prières, matchs de foot ou chevauchées en motocross : les narrations s’enchevêtrent sur fond de destruction et de reconstruction du quartier.
Aucune réalité n’est éludée : on croise parmi les habitants de tous les âges et origines, les deux maires, les commerçants, les pompiers, le frère de Bouna Traoré – dont la mort, avec celle de Zyed Benna, avait déclenché les émeutes de 2005 –, les jeunes d’alors, dont JR avait tiré le portrait et qui sont devenus de jeunes adultes, mais aussi « des dealers, les fichés S qui préfèrent dissimuler leur visage, des anges et des démons, parfois les deux dans la même personne ». L’œuvre de papier, portrait magistral des habitants de Clichy-Montfermeil, sera installée de manière pérenne sur le mur qui sépare les deux villes à partir du 19 avril. Emmanuelle Jardonnet
Inauguré samedi soir en présence des habitants, puis visible à partir de dimanche et jusqu’au 13 avril. Palais de Tokyo, 13, avenue du Président-Wilson, Paris 16ᵉ. Œuvre réalisée en partenariat avec les Ateliers Médicis.
EXPOSITION : Splendeurs de soieries, au Musée Guimet à Paris
Un kimono issu de la collection Matsuzakai. | MUSÉE NATIONAL DES ARTS ASIATIQUES-GUIMET
Le kimono, costume traditionnel des Japonais, est une œuvre d’art. Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre au Musée national des arts asiatiques-Guimet (MNAAG), à Paris. Dans la pénombre nécessaire aux soies et lins anciens, sont montrés, jusqu’au 22 mai, cent cinquante kimonos quatre fois centenaires. Les pièces sont présentées en deux fois à cause de la fragilité des étoffes. Chacune, de la période Edo (1603-1868), livre au visiteur un éventail codé de cette trame sur laquelle est tissée la culture japonaise.
L’épure de la forme en T, immuable, cohabite avec la grâce d’un décor symbolique d’une extrême complexité, support de l’expression artistique au pays du Soleil-Levant. Le travail, aussi minutieux que précieux, aux fils de soie et d’or, fait revivre la saison des cerisiers en fleurs comme la floraison éphémère des pivoines. Les végétaux de bon augure, le pin, le bambou, la fleur de prunier ou de mandarinier, rivalisent avec la grue et la tortue, signes auspicieux de longévité. Les scènes paysagées animent les livres, comme les éventails et étuis à coquillages. Au visiteur de l’exposition de découvrir ce qui se cache derrière la façade de ces compositions, pour en saisir le sens profond. Florence Evin
Musée national des arts asiatiques-Guimet, 6, place d’Iéna, Paris XVIe. De 7 € à 9,50 €. Jusqu’au 22 mai.
FESTIVAL : Carte blanche au chorégraphe Jan Martens, à Roubaix
La danseuse islandaise Bára Sigfúsdóttir et le compositeur et trompettiste norvégien Eivind Lønning. | LE GYMNASE
Piloté par le Gymnase, centre de développement chorégraphique Roubaix-Hauts de France, le festival Le Grand Bain propose, vendredi 31 mars et samedi 1er avril, une carte blanche au chorégraphe Jan Martens, qui invite quelques jeunes artistes prometteurs en Belgique, mais aussi dans le monde entier. Steven Michel, passionné par les rapports entre images projetées et musiques, questionne, dans son solo They Might be Giants, une immersion dans un monde de fantaisie visuelle entre spectacle de danse et concert.
Avec TIDE, la danseuse islandaise Bara Sigfusdottir et le compositeur et trompettiste norvégien Eivind Lonning jouent ensemble sur une trame mixte entre silence et son, mouvement et immobilité, improvisation et composition. Venu du Chili, Rodrigo Sobarzo De Larraechea explore avec Prins of Networks les cycles de la matière à partir de la décomposition d’un insecte. Quant à Martens lui-même, il reprend sa pièce sur le saut, The Dog Days Are Over, partition rythmique sophistiquée qui sculpte le plateau en tous sens sans que jamais les performeurs ne cessent de sauter. Rosita Boisseau
Le Gymnase, 5, rue du Général-Chanzy, Roubaix. Jusqu’au 7 avril. Tél. : 03-20-20-70-30. De 5 à 21 euros.
MUSIQUE : Le Festival Printemps des Arts à Monte-Carlo
Le monde entier peut se retrouver en un week-end au Festival des Arts de Monte-Carlo. Vendredi, on peut y redécouvrir Berlioz (le compositeur français est l’une des têtes d’affiche de la manifestation monégasque) : la direction amoureuse de François-Xavier Roth à la baguette de son orchestre Les Siècles n’a de cesse d’en démontrer la « modernité romantique », d’en exalter le génie orchestral. Au programme, deux chefs-d’œuvre : Les Nuits d’été chantées par la mezzo Marie Lenormand, tandis que l’alto concertant d’Adrien La Marca « chante » Harold en Italie.
Samedi, c’est de l’Afrique que surgit l’inconnu avec l’Orchestre Symphonique Kimbanguiste (OSK) de Kinshasa. Déjà accueilli en avril 2013, l’unique orchestre d’Afrique subsaharienne, qui travaille sans subventions et fabrique parfois lui-même ses propres instruments, se mêlera à l’Orchestre philharmonique de Monte_Carlo autour d’un programme Beethoven. Dimanche, ce sera la fête à la création. Au cœur de ce « Music forum » en forme de concerts et performances, la poétique raffinée du compositeur basque Ramon Lazkano, le pointillisme grandeur nature de Miroslav Srnka, le style incisif et débridé de Francesco Filidei autour du travail de la photographe Francesca Woodman, qui interroge elle aussi les métamorphoses du corps. Marie-Aude Roux
Festival Printemps des Arts à Monaco (Monte-Carlo). Auditorium Rainier III. Du 31 mars au 2 avril. Tél. : +377-97-98-32-90. De 15 € à 50 €. printempsdesarts.mc
ART : Martial Raysse à la Galerie Kamel Mennour à Paris
Si célèbre soit-il, Martial Raysse n’abuse pas des expositions en galerie : depuis 2005, il n’en avait plus eu à Paris. Mais quand il accepte, il en fait deux à la fois, puisque son galeriste lui offre cette possibilité. En ce début de printemps sont accrochés, rive gauche, des dizaines de ses travaux sur papier : dessins, gouaches, collages. Les études d’anatomies ont préparé les grandes peintures symboliques de la dernière décennie. Paysages et visages relèvent plutôt d’une discipline quotidienne de l’observation du monde et de l’expérimentation de différentes manières de figurer, elliptiques ou détaillées, sculpturales ou spectrales.
Le but n’est pas d’achever un « beau » dessin mais d’inscrire sur le papier l’essentiel d’une expression ou d’une sensation. Parfois, Raysse rassemble ce qu’il appelle ses « petits bouts » sur la même feuille et y glisse des allusions à l’histoire de l’art ancien et moderne : promenades au musée, avec une prédilection pour les salles de la Renaissance italienne.
Rive droite, deux toiles dominent, La Belle Jeanne, grande figure féminine solaire qui tient un pantin ailé au bout de ses fils et dont on ne sait déchiffrer le visage impassible, et Ignoble horreur, peinture d’histoire actuelle d’une dureté tragique très rare dans son œuvre. La référence aux attentats de novembre 2015 est flagrante. Les sculptures et dessins qui l’environnent ne peuvent dissiper l’effroi et la révolte qu’elle suscite. Philippe Dagen
Galerie Kamel Mennour, 47 rue Saint-André-des-Arts, Paris, 6e et 28, avenue Matignon, Paris, 8e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 24 avril.