Le créateur du Web très critique de la politique de Trump
Le créateur du Web très critique de la politique de Trump
Le Britannique Tim Berners-Lee estime, dans entretien au « Guardian », que la Maison Blanche, en autorisant la revente de données, met en danger la vie privée des Américains.
Tim Berners-Lee, le 3 avril devant son bureau au Massachusetts Institute of Technology à Cambridge, dans le Massachusetts. | CHARLES KRUPA / AP
« C’est une attitude épouvantable. » Tim Berners-Lee, le principal créateur du World Wide Web, s’en est pris avec force à la politique du gouvernement Trump, et notamment la loi autorisant la revente de données et les projets de revenir sur la neutralité du Net ; cette règle non écrite qui fait que tous les contenus circulent à égalité sur le réseau.
M. Berners-Lee, qui vient d’obtenir le prestigieux Turing Award récompensant les contributions majeures à l’informatique, a vivement critiqué dans un entretien au Guardian la loi américaine adoptée la semaine dernière, qui autorise les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) à revendre les historiques de connexion de leurs clients.
« Cette loi est dégoûtante, parce que quand nous utilisons le Web, nous sommes particulièrement vulnérables », dit-il. « Le problème n’est pas tant que les FAI espionnent leurs utilisateurs et revendent les données – s’ils le font, ils iront quand même devant les tribunaux. Mais cette attitude [du gouvernement] et les signaux envoyés sont évidemment une source d’inquiétude. »
Pour M. Berners-Lee, la « vie privée n’est pas un sujet partisan » – il dit même être surpris que le Parti républicain, « qui s’est peut-être encore plus battu pour ce droit que les démocrates », puisse décider de voter ce texte. « Lorsque les gens utilisent le Web, ce qu’ils font est vraiment, vraiment intime. Ils vont voir leur docteur pour avoir une deuxième opinion : ils sont allés sur le Web pour avoir un premier avis et savoir si c’est un cancer. »
Le principal inventeur du Web appelle les citoyens américains à « protester massivement » contre ces mesures. « S’ils nous enlèvent la neutralité du Net, il faut qu’il y ait un gigantesque débat public. Je vous parie qu’il y aura des manifestations s’ils essayent de le faire. »