Un numéro pour les médecins de garde comme alternative au 15
Un numéro pour les médecins de garde comme alternative au 15
Par Arthur Laffargue
Créé par le gouvernement pour désengorger les urgences, le 116 117 soulève plusieurs interrogations, tant pour les patients que pour les médecins.
Un numéro pour les médecins de garde comme alternative au 15 a été mis en place le 5 avril 2017 dans trois régions pour soulager les urgences trop encombrées. | © Charles Platiau / Reuters / Reuters
Un nouveau numéro gratuit, le 116 117, a été mis en place mercredi 5 avril pour joindre un médecin de garde la nuit ou le week-end. Objectif, faire en sorte que les services d’urgence des hôpitaux cessent d’être encombrés par des patients présentant des blessures bénignes. Opérationnel pour l’instant dans trois régions (Corse, Normandie, Pays de la Loire), le dispositif devrait bientôt être étendu à toute la France.
Comment fonctionne le 116 117 ?
Ce numéro n’est disponible que le week-end et après 20 heures en semaine. Une fois le 116 117 composé, le patient est mis en contact avec un « médecin régulateur » qui, comme pour le 15, évalue la gravité de la situation. Le praticien dispose alors de plusieurs solutions : il peut immédiatement mobiliser le SAMU s’il se rend compte que la personne au bout du téléphone aurait dû contacter le 15. « Le 116 117 et le 15 seront évidemment interconnectés », explique Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).
Dans les autres cas, le patient sera, selon ses besoins et sa capacité à se déplacer, dirigé vers le cabinet d’un « médecin effectueur » de garde ou pris en charge à son domicile. L’appel peut parfois se résumer à un simple conseil médical sur la prise d’un médicament.
Comment être sûr que l’on appelle le bon numéro ?
Le ministère le martèle dans son communiqué : « En cas de doute sur la gravité de la situation, il faut continuer de composer le 15. » Le but n’est pas de mettre en danger des personnes qui sous-évalueraient les risques qu’elles encourent.
Néanmoins, l’objectif affiché par le gouvernement avec la création du 116 117 est bien de limiter le recours au SAMU. « Il va falloir faire preuve de pédagogie dans la communication », souligne Philippe Vermesch, président du syndicat des médecins libéraux (SML). Difficile en effet pour un patient de déterminer si une douleur relève ou non d’une urgence médicale et donc de savoir quel numéro composer.
Autre problème, le 116 117 ne sera pas automatiquement généralisé à toute la France. Les directeurs des agences régionales de santé vont pouvoir choisir entre conserver le numéro à dix chiffres déjà existant, basculer tous les appels sur le 15 ou passer au nouveau système. Cette situation hétérogène sur tout le territoire va « rendre la situation illisible pour les Français », craint le docteur Jean-Paul Ortiz.
Comment le 116 117 va-t-il s’articuler avec SOS médecins ?
« Notre numéro national, le 36 24, va continuer à fonctionner », assure Serge Smajda, secrétaire général de SOS médecins. Le réseau d’associations continuera de fonctionner indépendamment du 116 117. L’usager se retrouvera désormais avec trois numéros. Libre à lui de choisir qui il souhaite appeler, entre le 15 pour les urgences, et le 116 117 ou SOS médecins, s’il estime que sa demande peut attendre.
En pratique, le 116 117 redirigera toutefois très souvent vers SOS médecins, dont le réseau de médecins libéraux est très bien implanté en France – l’organisation dit couvrir 90 % de la population urbaine. Ce qui pourrait inciter ceux qui sont sûrs de ne pas avoir besoin du SAMU à composer directement le 36 24, plutôt que de passer d’abord par le 116 117, d’autant que le standard de SOS médecins fonctionne 24 heures sur 24.
Qu’est-ce que cela va changer pour les médecins libéraux ?
« Ce numéro, on le réclamait depuis quelques années, rappelle le président du SML, Philippe Vermesch. Il est fait, c’est déjà bien. Mais si on veut que ça soit bien fait, il faut mettre les moyens sur la médecine libérale. » Il craint en effet un « afflux d’appels », qui ne permettra pas aux médecins libéraux d’assurer dans des conditions optimales toutes les consultations.
Le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz, salue lui aussi la création du 116 117. Mais conditionne sa réussite à ce « que la mission de médecin effecteur soit valorisée et sécurisée ». Autrement dit, il souhaite une hausse de la rémunération, jugée insuffisante, et un accompagnement pour protéger les médecins libéraux qui se déplacent parfois dans des zones sensibles.
En bref
116 117 : pour joindre un médecin de garde (opérationnel pour l’instant en Corse, Normandie et Pays de la Loire)
36 24 : SOS médecins
15 : SAMU