Le parcours permanent de la Cité du vin, 3 000 mètres carrés où le multimédia et la cybernétique sont rois. | ANAKA

Satisfaire la curiosité des connaisseurs tout en initiant les novices, permettre aux francophones et non-francophones, aux familiers du numérique comme aux moins aguerris d’accéder à un « voyage immersif » : telle est l’ambition du parcours permanent proposé au deuxième étage de la Cité du vin, bâtiment tout en courbes inauguré le 31 mai 2016 à Bordeaux. Le choix de placer le multimédia et la cybernétique au cœur de sa muséographie, imaginée par le cabinet londonien Casson Mann, a été poussé loin.

Création d’un « centre d’interprétation »

Dans un espace de plus de 3 000 mètres carrés, 19 modules thématiques sont proposés sur l’histoire du vin, ses artisans, ses terroirs et sa dégustation. Au total, entrent ainsi en action 50 vidéoprojecteurs, une centaine de lecteurs et serveurs vidéo et près de 200 écrans. « Pour construire cette offre et embrasser un maximum d’aspects du patrimoine mondial qu’est le vin, un comité scientifique a travaillé en profondeur. Il ne s’agissait pas de créer un musée ni un parc d’attractions mais un centre d’interprétation », souligne Ronan Bellec, chef du service numérique de communication et multimédia de Bordeaux Métropole.

Sur un budget de 81 millions d’euros, dont plus de 55 millions ont été consacrés à la construction de l’édifice au bord de la Garonne, un peu plus de 10 millions ont été dévolus à la scénographie du parcours permanent ainsi qu’aux équipements technologiques.

Plus de dix heures de vidéos sont disponibles, pour une visite qui peut durer en moyenne deux heures et demie mais que chacun construit à sa guise. Tout au long de la déambulation, un boîtier déclenche les séquences audiovisuelles et synchronise le son. Baptisé « Compagnon de voyage », il est associé à un casque dont les écouteurs sont maintenus à quelques centimètres des oreilles, pour ne pas couper l’usager de son environnement. Cet équipement permet de personnaliser les parcours, avec un choix de huit langues, dont le chinois, le japonais et le néerlandais, et un circuit « jeune public ».

Smart cities : A Bordeaux, une visite interactive sur la culture du vin
Durée : 02:35

Un « dîner » avec historien

Le module « Table des terroirs » présente, par exemple, de grands écrans, disposés à la perpendiculaire d’une vaste table. Sur l’un d’eux, un quadragénaire discourt en espagnol au milieu de vignes. Avec son boîtier, on obtient la traduction française diffusée dans le casque : Rafael Vivanco, œnologue de la Rioja, explique les particularités des sols qui produisent le tempranillo, le cépage roi de l’appellation. Si l’on veut en apprendre davantage, d’autres spécialistes du vin espagnol ont été convoqués. Pour les faire parler, on passe la main au-dessus de leurs noms projetés sur la table et l’extrait choisi apparaît à l’écran.

Le module « Tout un art de vivre » permet, grâce au « Compagnon de voyage », de devenir l’hôte d’un dîner passionnant au cours duquel l’historien Franck Ferrand évoque l’art de partager le vin dans la Grèce antique, et la chef Hélène Darroze, son amour de la gastronomie française.

Sur le parcours, des diffuseurs d’odeurs font découvrir les grandes familles d’arômes des vins.

Le parcours fait également appel aux sens : des diffuseurs d’odeurs font découvrir les grandes familles d’arômes des vins. Un jeu sur les accords mets-vins permet de distinguer les associations raisonnables des aberrantes – bifteck-sauternes, par exemple –, explications à l’appui.

La grande variété des supports techniques et la nécessité d’en garantir l’accès simultané en période d’afflux de visiteurs ont constitué des défis techniques de taille. Appelée à les relever, la société française Comediart qui, associée à l’entreprise allemande Tonwelt, exploite la flotte de 1 000 « Compagnons de voyage », explique avoir mis en place une technologie innovante. « Nous avons recours à un procédé hybride qui utilise des émetteurs infrarouges, des transmissions par radiofréquences et un réseau spécifique », précise Vincent Pelluard, fondateur de Comediart.

Les données récoltées par les boîtiers – temps de présence sur chaque support notamment – serviront à améliorer le parcours permanent. Malgré un prix d’entrée élevé de 20 euros, la Cité du vin a attiré près de 320 000 visiteurs, dont 30 % d’étrangers, depuis son ouverture.

LES DEUX ACCESSITS

1er : Escola municipal de musica du quartier L’Hospitalet de Barcelone (Espagne).

2e : « Clichés ! », projets photographiques menés par l’association Ere de jeu de Montreuil ­ (Seine-Saint-Denis).

Smart Cities : « Le Monde »  décrypte les mutations urbaines

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A cette occasion, Le Monde récompense avec ses partenaires les lauréats de la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities pour leurs projets innovants améliorant la vie urbaine.

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Retrouvez l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde.fr.