Le travailliste Ken Livingstone, en avril 2016 à Londres. | NEIL HALL / REUTERS

Ni les protestations du maire de Londres, Sadiq Khan, ni la centaine de députés travaillistes (sur 229) qui hurlent à la « trahison des valeurs » du Labour et exigent l’exclusion du parti pour antisémitisme de l’ancien maire de Londres Ken Livingstone, ne semblent ébranler Jeremy Corbyn. Pas question pour le chef de file travailliste de revenir sur la décision du comité national exécutif de prolonger simplement d’un an la suspension infligée en avril 2016 à cette personnalité incontrôlable dont il est proche.

Voici un an, M. Livingstone, aujourd’hui âgé de 71 ans, avait prétendu sur la BBC qu’Hitler avait soutenu le sionisme en 1932, « avant de devenir fou et de finir par tuer six millions de juifs », insinuant que le dirigeant nazi était lié à la création d’Israël et que les juifs ont été les complices de leur propre génocide. Sur un plateau de la BBC, hors de tout contexte, il avait ensuite dénoncé « une campagne bien orchestrée par le lobby pro-Israël destinée à accuser d’antisémitisme quiconque critique la politique d’Israël ».

« Honteux pour nous tous »

Pour Jeremy Corbyn, les propos de l’ancien maire, très à gauche comme lui, sont « grossièrement indélicats » et ont « profondément offensé et blessé la communauté juive ». Mais le dirigeant du Labour a annoncé qu’il respecterait la décision de l’instance disciplinaire. En revanche, pour Tom Watson, le numéro deux du parti, le refus d’exclure Ken Livingstone est « honteux pour nous tous ».

« Ce ne sont pas seulement les juifs qui sont écœurés et offensés par ce que M. Livingstone a dit (…), et ce ne sont pas seulement les adhérents juifs du Labour qui ont honte de l’indulgence à son égard dans le parti ». Quant à Ed Miliband, le prédécesseur de M. Corbyn, il se dit « consterné que même maintenant, Ken [Livingstone] ne manifeste aucun remords. Son statut devrait être revu en raison de son attitude continuellement offensante ».

Loin de revenir sur ces propos, celui qu’on appelait « Ken le Rouge » en raison de son passé d’extrême gauche, se dit « visé par la droite du parti parce qu’[il] combat pour les droits des Palestiniens et soutient avec force Jeremy Corbyn ». Une fois de plus, la thèse du complot contre le chef du parti refait surface alors que la contestation monte de nouveau contre ce dernier. Sa passivité face au « Brexit dur » promu par la première ministre Theresa May, son manque de répondant sur la plupart des sujets et son absence des médias, exaspèrent une grande partie de l’opinion et des élus de gauche. Au plus bas dans les sondages, M. Corbyn est accusé de conduire le Labour à la catastrophe lors des élections locales du 4 mai.