Des jeunes préparent une bannière à la veille de la manifestation qui doit se tenir samedi après-midi à Bayonne pour marquer la restitution définitive des armes de l’ETA aux autorités françaises. | REGIS DUVIGNAU / REUTERS

L’organisation séparatiste basque espagnole Euskadi Ta Askatasuna (ETA, « Pays basque et liberté », en basque) a annoncé qu’elle procéderait samedi 8 avril à son « désarmement total », après quarante années de violences. Selon l’Agence France-Presse (AFP), la police a récupéré dans la matinée la liste de douze emplacements d’armes.

Une restitution sans conditions de l’arsenal, avec la remise aux autorités françaises de la liste de ses caches d’armes et d’explosifs, toutes situées en France, a été confirmée par ETA dans une déclaration adressée dans la nuit de jeudi à vendredi à la radio-télévision britannique BBC.

« ETA a remis les armes à la société civile » et « elles sont sur le sol français », a renchéri vendredi le militant écologiste basque français « Txetx » Etcheverry. Le responsable du mouvement écologiste basque français Bizi !, qui se présente comme « un artisan de la paix », s’est gardé de toute précision sur les « modalités » de ce désarmement, lesquelles « doivent rester confidentielles ».

Le gouvernement espagnol a adressé une fin de non-recevoir au mouvement clandestin vendredi : « Que ETA sache qu’elle n’a rien à attendre du gouvernement », « aucun avantage, aucun bénéfice politique » de son désarmement unilatéral, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Iñigo Méndez de Vigo.

Plus qu’une « trentaine » de membres

L’organisation ETA, née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après 43 ans de violences au nom de l’indépendance du Pays basque et de la Navarre et 829 morts attribués au mouvement. Mais ETA refusait son désarmement et sa dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses membres détenus (environ 360, dont 75 en France et une centaine purgeant des peines de plus de dix ans de prison).

D’après des experts de la lutte antiterroriste, l’arsenal d’ETA comprendrait environ 130 armes de poing et deux tonnes d’explosifs, pour l’essentiel volées en France. Selon ces experts, ETA est « à l’agonie et le mouvement clandestin compterait tout au plus encore une trentaine de membres ».

« A partir de demain des experts vont procéder à une série de vérifications », s’est borné à déclarer « Txetx » Etcheverry, faisant ainsi allusion aux membres de la Commission internationale de vérification, une structure non-reconnue par Madrid et Paris, qui œuvre pour la fin du conflit au Pays basque. Elle comprend notamment un ancien secrétaire général d’Interpol, le Britannique Raymond Kendall. Cette Commission a annoncé vendredi soir qu’elle tiendrait une conférence de presse samedi matin à 8 h 45 à la mairie de Bayonne.

Rassemblement samedi après-midi à Bayonne

Dans un communiqué commun, les gouvernements autonomes du Pays basque espagnol (Euskadi) et de la Navarre, ainsi que la Communauté d’Agglomération Pays basque français, présidée par un élu de centre droit, Jean-René Etchegaray, ont expressément soutenu vendredi la démarche de la Commission internationale de vérification.

En marge de l’opération de « désarmement » elle-même, un « grand rassemblement populaire » est organisé samedi à Bayonne (15 h) sur le thème « Nous sommes tous et toutes des artisans de la paix », auquel sont attendus plusieurs milliers de participants.

Vendredi soir, le Parti populaire (conservateur) au pouvoir en Espagne a organisé un « contre-événement », une cérémonie en hommage « aux protagonistes de la défaite de l’ETA », à Vitoria (Pays Basque), centrée autour des familles des victimes d’ETA.