Berlin a décidé de ne plus renvoyer de migrants vers la Hongrie tant que Budapest ne respectera pas les directives européennes en matière d’accueil des réfugiés, a annoncé, mardi 11 avril, le ministère de l’intérieur allemand.

« Sans une telle assurance des autorités hongroises, il ne doit pas y avoir de renvoi », a expliqué un porte-parole du ministère, précisant que cette mesure s’appliquait « jusqu’à nouvel ordre ». Les autorités allemandes « devront obtenir une assurance [des autorités hongroises] que la personne transférée sera hébergée conformément aux dispositions » européennes et que « sa demande d’asile sera traitée selon les procédures » européennes, a-t-il ajouté.

Le ministre délégué aux affaires européennes, Michael Roth, a également souligné lors d’un entretien, mardi à Berlin, avec l’ambassadeur hongrois, Peter Györkös, que « l’on peut avoir de sérieux doutes » sur la conformité du placement des migrants en détention avec « le droit européen et international ».

L’organisation de défense des droits des réfugiés Pro Asyl a jugé qu’il s’agissait de facto d’un moratoire sur les renvois de demandeurs d’asile vers la Hongrie. « Quand on lit en détail, c’est un arrêt des expulsions » vers la Hongrie, a ainsi assuré l’un des responsables de Pro Asyl, Karl Kopp.

Détention systématique

Fin mars est entrée en vigueur en Hongrie une loi très contestée qui prévoit que tous les demandeurs d’asile présents dans le pays ou y arrivant doivent être regroupés dans deux camps fermés installés à la frontière serbe.

Selon l’accord européen dit de Dublin, une demande d’asile doit être examinée par le pays par lequel un migrant est entré dans l’UE ou le premier pays dans lequel il a été enregistré. Mais, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a exhorté, lundi, les Vingt-Huit à suspendre le transfert de migrants vers la Hongrie, affirmant que la situation déjà préoccupante des migrants dans ce pays n’avait fait qu’empirer avec leur mise en détention systématique.

Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a renvoyé 11 998 demandeurs d’asile dans le pays par lequel ils sont entrés dans l’Union européenne en 2016, mais seulement 294 vers la Hongrie. « Il serait encore plus conséquent de suspendre dans tous les pays européens les expulsions vers la Hongrie en raison des atteintes aux droits de l’homme connues », a souligné Karl Popp, de Pro Asyl.

Quelque 400 migrants se trouvent actuellement en Hongrie, selon l’ONG Comité d’Helsinki, dont une grande partie déjà détenue dans des camps fermés.