Nicolas Dupont-Aignan, la suprise souverainiste
Nicolas Dupont-Aignan, la suprise souverainiste
Par Sylvia Zappi
Le candidat souverainiste n’a pas donné de consigne de vote dimanche soir. Il a précisé qu’il réunirait les instances de son parti lundi.
Il a frôlé son objectif inavoué. A l’issue du premier tour de la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan atteignait 4,8 % des suffrages, dimanche 23 avril à minuit. Briguant pour la deuxième fois la magistrature suprême, il était à un cheveu du seuil fatidique des 5 %, donnant droit au remboursement des frais de campagne. Il est en tout cas devenu, pour un soir, le Jean-Pierre Chevènement de François Fillon, empêchant probablement l’ancien premier ministre d’être qualifié pour le second tour.
Le candidat de Debout la France a ainsi réussi à attirer à lui des électeurs du député de Paris, écœurés par la litanie des révélations sur les emplois fictifs présumés dont aurait bénéficié sa famille. Un certain nombre d’électeurs qui avaient voté pour l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy à la primaire se sont laissés tenter. Le député de l’Essonne a aussi convaincu des électeurs de la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen, lesquels ont trouvé dans son discours un souverainisme qui leur parle.
« On ne peut plus nous traiter de petit candidat »
Dimanche, à l’arrivée à son QG rue de l’Université, le candidat savourait à l’évidence sa performance au soir du premier tour, triplant pratiquement son score de 2012. Costume et cravate bleus, drapeau tricolore en pin’s, il est apparu rayonnant devant ses troupes. « Nous assistons ce soir à l’effondrement mérité des partis qui ont gouverné depuis 30 ans et qui nous ont fait tant de mal. Malgré la tyrannie des sondages, l’inégalité du temps de parole vous avez été près de deux millions à m’apporter votre vote, a lancé M. Dupont-Aignan aux militants qui scandaient son prénom. Je suis fier que nous ayons fait passer nos idées, notre amour de la France ».
Après avoir attendu, un peu inquiets, les premiers résultats, les sympathisants exultaient. « C’est incroyable, nous avons presque fait jeu égal avec le PS. Maintenant on ne peut plus nous traiter de petit candidat », lançait Frédéric M., salarié d’une ONG de solidarité internationale.
Certains avaient fait le déplacement de loin pour assister à la soirée électorale. Alexandre Barbiaux, auxiliaire de puériculture, se disait « très fier du parcours » de son candidat : « On peut appeler cela un score dérisoire mais 5 % après une très bonne campagne, c’est fort ». Même enthousiasme chez Nadine Nicolas, retraitée de Grenoble : « cela va asseoir notre mouvement et donner une dynamique pour les législatives », veut-elle croire.
Appel du pied de Florian Philippot
M. Dupont-Aignan entend en tout cas peser un peu plus à droite. D’abord pour le second tour. Le candidat souverainiste n’a pas donné de consigne de vote dimanche soir. Il a précisé qu’il réunirait les instances de son parti lundi. Ensuite, il prendra son temps : « Je prendrai position dans les jours qui viennent, sans précipitation », a-t-il assuré entretenant un flou savamment dosé. Il a juste ajouté qu’il le ferait « en gaulliste libre et en prenant en compte l’intérêt supérieur de la Nation ».
Difficile pour l’heure de savoir de quel côté il penchera mais ses troupes ne cachaient pas leur détestation d’Emmanuel Macron, sifflant allègrement le candidat d’En marche ! quand il est apparu sur les écrans. Au même moment, le vice-président du FN, Florian Philippot, lui faisait un appel du pied en lui demandant d’« être cohérent » : « Nous partageons ensemble ce gaullisme, cet amour de la France et je pense qu’il sera cohérent au second tour ».
M. Dupont-Aignan veut aussi sortir de son rôle de paria de la droite. Il a assuré dimanche qu’il entendait « consolider » son parti. « La situation politique m’oblige à tout faire pour reconstruire une vie politique en morceaux. Nous avons un beau projet patriotique, humaniste et républicain », a-t-il ajouté appelant les électeurs de droite à le rejoindre pour « préparer les échéances à venir ». Avec d’abord en ligne de mire les législatives. Mais aussi – surtout ? – la crise à venir chez les Républicains après la défaite de M. Fillon.