Donald Trump va passer en revue le classement des monuments nationaux américains récents
Donald Trump va passer en revue le classement des monuments nationaux américains récents
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters
Avec ce réexamen, le président américain entend se ménager la possibilité de relancer sur certaines parties de ces sites des activités de forage, d’extraction minière ou de développement.
Le site Bears Ears a pour ambition de protéger la culture des Indiens navajos et de quatre autres tribus. | Rick Bowmer / AP
Afin de renforcer son bilan près de cent jours après son investiture, Donald Trump doit signer, mercredi 26 avril, un décret ordonnant un examen des décisions de classement comme « monument national » prises par Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama.
Il s’agit de « donner aux communautés locales une véritable voix dans le processus », a affirmé mardi Ryan Zinke, secrétaire à l’intérieur, tout en assurant que les conclusions n’étaient pas écrites d’avance. « Je ne peux préjuger de quel sera le résultat de cette consultation », a-t-il précisé.
L’initiative, qui pourrait aboutir à la remise en cause de la protection de vastes territoires, devrait provoquer une farouche bataille devant les tribunaux.
L’Antiquities Act de 1906
Au cœur de ce nouveau décret, l’Antiquities Act, loi signée en 1906 par Theodore Roosevelt, ardent défenseur de la préservation des ressources naturelles qui a abouti à la création de 129 monuments nationaux, administrés aussi bien par le Service des parcs nationaux que par le Bureau of Land Management (Bureau de gestion du territoire), le Service des forêts des Etats-Unis ou le service qui s’occupe de la gestion et la préservation de la faune (United States Fish and Wildlife Service) et l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
Ce texte permet à un président d’agir pour préserver des espaces menacés, qui peuvent ensuite être transformés en parcs nationaux lorsque le Congrès s’empare du dossier. Le Grand Canyon, la vallée de la Mort et des pans entiers de l’Alaska en ont bénéficié. Depuis sa création, seuls trois présidents, tous républicains, n’en ont pas fait usage : Richard Nixon, Ronald Reagan et George H. W. Bush.
Frein au développement économique
Au fil des décennies, ces désignations ont parfois été sources de polémiques dans la mesure où elles sont synonymes d’interdiction de nouveaux forages ou exploitations d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), ou encore de limitations à l’agriculture ou la pêche.
Une poignée d’élus du Congrès dénoncent le bien fondé de ce texte. Tempêtant contre la mauvaise gestion fédérale des territoires et déplorant un frein au développement économique, ces élus ont tenté à plusieurs reprises, sans succès, de le mettre en pièces. Avec ce réexamen, le président Trump entend se ménager la possibilité de relancer sur certaines parties de ces sites des activités de forage, d’extraction minière ou de développement.
Seuls les « monuments » de 40 000 hectares ou plus, soit une trentaine au total, seront concernés par ce réexamen, a précisé l’administration Trump. Un premier rapport d’étape devra être rédigé d’ici 45 jours. Concrètement, l’étude porte sur la période allant de la désignation du Grand Staircase-Escalante par Bill Clinton en 1996 à celle de Bears Ears par Barack Obama en 2016, en toute fin de son mandat.
Le site de Bears Ears a pour ambition de protéger la culture des Indiens navajos et de quatre autres tribus. Le gouverneur de l’Utah estime que le classement de ce territoire va à l’encontre des demandes de ses administrés qui souhaitent y mener des opérations de développement. De plus, le site se situe à proximité de terrains sur lesquels la société texane EOG a obtenu des autorisations de forage.