Angela Merkel, la chancelière allemande, avec Ivanka Trump, la fille de Donald Trump, à Berlin, le 25 avril. | POOL New / REUTERS

Au premier abord, la ficelle paraissait un peu grosse. Angela Merkel, en délicatesse avec le président Donald Trump, invitait sa fille, Ivanka Trump, à parler de son expérience d’entrepreneure, lors d’une conférence internationale du G20 consacrée aux femmes. Pour amadouer le père et continuer à vendre autant de voitures et de machines aux Etats-Unis, il suffisait de séduire la fille, conseillère très influente du président Trump. Alors que le G20 se tient en Allemagne, la pragmatique défense du libre-échange et l’amélioration des relations diplomatiques entre l’Allemagne et les Etats-Unis pouvaient bien passer par des voies non orthodoxes.

Ivanka a été chahutée par la salle quand elle a défendu le bilan de son père sur la question du droit des femmes.

Le résultat est sans doute allé au-delà de toutes les espérances de la chancelière allemande. Mardi 25 avril, Angela Merkel avait mis les petits plats dans les grands : pendant plus d’une heure, la discussion a réuni la « first daughter », la patronne du FMI, Christine Lagarde, la ministre des affaires étrangères canadienne Chrystia Freeland, la directrice adjointe de Bank of America, Anne Finucane, ou encore Nicola Leibinger-Kammüller, PDG du constructeur de machines Trumpf, l’une des dirigeantes les plus célèbres d’Allemagne.

Sur cet impressionnant podium, Ivanka Trump est apparue très à l’aise, bien préparée et plutôt convaincante dans ses efforts en faveur des droits des femmes, même si de sérieuses protestations ont émané de la salle lorsqu’elle a défendu le bilan de Donald Trump sur cette question.

Une ambiance très décontractée

Au fil des discussions, l’ambiance décontractée, encouragée par les femmes activistes présentes dans la salle et le charisme de certaines participantes à la discussion, a fait oublier l’objectif très politique de la rencontre. On a ainsi vu la chancelière Angela Merkel se prendre les pieds dans le tapis à la question de savoir si elle se considérait comme « féministe ». « Je ne veux pas me parer d’un titre que je n’ai pas », a-t-elle d’abord déclaré, gênée, devant Christine Lagarde et Ivanka Trump, hilares, qui se sont de leur côté revendiquées comme telles.

Plus tard, Mme Merkel a expliqué avec une inhabituelle véhémence combien elle avait lutté, en vain, dans les années 1990, en tant que ministre des droits des femmes pour que les femmes obtiennent une plus grande place dans les conseils d’administration. Avant de déclarer qu’elle allait réfléchir « plus profondément à la question de savoir si elle était féministe ou non ».

Une Angela Merkel maladroite et accessible faisant une place de choix à la fille du président américain : la stratégie s’est révélée payante. Ivanka Trump a assuré sa détermination à œuvrer pour les droits des femmes auprès de « mon père, le président ». Un fonds de financement pour le microcrédit en faveur des femmes dans les pays en développement pourrait ainsi voir le jour. Si Ivanka convainc Donald d’y participer, cela pourrait être une coopération réussie entre Berlin et l’administration Trump. En attendant, Ivanka a visité, après la rencontre, un centre de formation en alternance de Siemens, un groupe qui détient de très gros intérêts aux Etats-Unis.