USA-Canada : bataille commerciale autour du bois canadien
USA-Canada : bataille commerciale autour du bois canadien
Par Edouard Pflimlin
L’administration Trump vient d’imposer des droits de douane sur le bois canadien, une première mesure vraiment protectionniste mais qui n’est pas nouvelle dans ce dossier épineux entre les deux pays depuis des décennies.
Déchargement de bois canadien à la Murray Brothers Lumber Company à Madawaska, Ontario, le 25 avril 2017. | Sean Kilpatrick / AP
L’administration Trump a pris hier sa première mesure vraiment protectionniste, mais elle ne concernait ni la Chine ni le Mexique. Le département américain du commerce a publié une conclusion préliminaire, rapportant que les importations de bois d’œuvre canadien reçoivent des subventions gouvernementales injustes, et a ordonné que les agents de douanes commencent à collecter des droits d’un montant moyen de 20 % sur le bois canadien. L’an dernier, les Etats-Unis ont importé plus de 5 milliards de dollars de bois, dont une grande partie était destinée à la construction résidentielle, rappelle Quartz. Le débat sur le bois entre les Etats-Unis et le Canada a débuté en 1982. Celui-ci est alimenté par des facteurs fondamentaux : aux Etats-Unis, la terre exploitée pour le bois relève de la propriété privée, tandis que, au Canada, les vastes réserves de bois appartiennent surtout au gouvernement, qui les louent aux producteurs. Cela fait varier la nature de l’industrie forestière et rend ardu la comparaison des prix entre les deux pays. Les producteurs américains accusent les Canadiens de concurrence déloyale et de mettre en place des subventions sur les exportations. En rétorsion, les présidents des Etats-Unis ont régulièrement imposé des droits sur le Canada, négociant des d’accords à court terme visant à résoudre le problème. L’expiration récente de l’un de ces accords, signé en 2006, est la cause immédiate de l’annonce de Trump de nouveaux tarifs douaniers. Les critiques de cette nouvelle mesure soulignent que les coûts du nouveau tarif vont largement retomber sur les Américains qui achètent de nouvelles maisons ou qui entreprennent des rénovations intensives au bois. Il n’est, par ailleurs, pas certain que Donald Trump puisse contrôler la Commission américaine du commerce international qui doit évaluer les dangers du bois canadien pour l’industrie américaine. La partie n’est donc pas terminée.