Axelle Tessandier, l’évangéliste d’En Marche !
Axelle Tessandier, l’évangéliste d’En Marche !
M le magazine du Monde
Repérée lors d’un débat organisé par Les jeunes avec Macron, cette blogueuse et entrepreneure est devenue, à 36 ans, la déléguée nationale du mouvement En marche !
A 36 ans, Axelle Tessandier est déléguée nationale du mouvement d’Emmanuel Macron. | Aï Barreyre/ hanslucas M Le magazine du Monde
Ce 23 avril, sur la scène de la porte de Versailles, le pupitre est resté vide une bonne partie de la soirée. Puis, sur les coups de 22 heures, dans une ambiance boîte de nuit entretenue par le DJ, on est venu chercher Axelle Tessandier : « Suis-moi ! » Le temps de demander où elle allait, on lui tendait déjà un micro. La jeune femme lâche un dernier : « T’es sérieux, là ? », avant de monter sur scène pour faire patienter des militants surchauffés, pressés d’acclamer le vainqueur du premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron, qui tardait à se montrer.
Voilà un peu plus d’un an que l’équipe d’En Marche ! a repéré cette blogueuse et entrepreneure, lors d’un débat organisé par Les Jeunes avec Macron. Dans les jours qui suivent, le bras droit d’Emmanuel Macron lui annonce qu’elle va « lancer le premier gros meeting à la Mutualité ». « Mais je ne suis pas adhérente », précise-t-elle. Réponse d’Ismaël Emelien : « Ce serait bien de le devenir. »
Le 11 juillet, elle obtempère. Le lendemain, personne ne relit son discours et Emmanuel Macron la remercie d’être venue. Lors du dernier meeting du candidat à Bercy, le 17 avril, c’est cette fois comme déléguée nationale qu’elle prend la parole. A quoi correspond ce titre qu’elle exerce de manière bénévole ? « J’ai décidé que ça voulait dire évangéliser. Disons que je me vois un peu comme ambassadrice d’En marche ! » Pour ça, elle voyage partout en France à la rencontre des adhérents, court les médias et représente Emmanuel Macron là où il ne peut pas aller.
A peu près rien ne la destinait à se retrouver là. Au QG de campagne, cette brune au visage anguleux évoque ses années d’errance après un master d’audiovisuel à la Sorbonne. Un premier boulot à Londres, d’où elle a été « virée », et son entourage qui disait d’elle à 25 ans qu’elle était « un peu paumée ». Autant dire qu’elle n’a « rien à perdre » quand, en 2009, elle est choisie pour un programme financé par Google et T-Mobile à Berlin. Elle passe une année dans une ancienne usine à bière à penser « le futur du travail pour la génération numérique ». Comme six des vingt-huit résidents, elle est ensuite sélectionnée pour poursuivre cette réflexion à San Francisco.
Là-bas, elle raconte ce qu’elle voit sur des posts et se fait approcher par la plateforme en ligne Scoop.it, qui fait d’elle sa directrice marketing. A 32 ans, elle crée sa boîte de conseil, AXL Agency, et travaille aussi bien avec L’Occitane que pour un concours de start-up. « Je ne l’aurais jamais fait ici, j’aurais eu trop peur », reconnaît-elle. La vie rêvée pour cette geek, yogini, végan.
En 2015, lors des attentats de janvier, elle est à Las Vegas pour une conférence. « Je regardais des objets connectés et ça m’a tout de suite semblé très vain. » Rebelote en novembre. Son pays la rattrape : « Je ne pouvais pas regarder ces élections de loin. » Elle fait ses cartons et passe le 31 décembre dans l’avion. Le 1er janvier 2016, elle atterrit à Paris. « Je suis rentrée pour m’engager. Je n’avais pas de plan, pas de candidat, pas de formation politique. » A 36 ans, la jeune femme a, dans sa vie, voté « droite, gauche, centre ». Pour des personnes plutôt que des partis : Sarkozy, Bayrou, Taubira…
L’ancienne (brève) élève du Cours Florent, qui a l’habitude des shows avec micro plaqué contre la joue façon conférence TedX, a une légère tendance aux anglicismes et enchaîne les formules. « Si quelqu’un se réveillait aujourd’hui, après avoir dormi cinquante ans, il ne comprendrait rien aux ordinateurs, aux téléphones. Le seul endroit où il serait bien, c’est à l’Assemblée nationale ! », souligne-t-elle pour appuyer le besoin de renouvellement. A propos d’Emmanuel Macron : « A 39 ans, on ne peut pas lui mettre sur le dos les erreurs des quarante dernières années. » Ou enfin, héritage de la Silicon Valley : « Quand on aime tout de suite votre idée, c’est que vous n’innovez pas. » Autour d’elle, on loue son côté franc, cash. Elle, a aimé le côté « challenging » d’un mouvement naissant. « Quand j’ai commencé, on me disait Macron sera Monsieur 5 %… s’il a ses parrainages. Plus on me disait “aucune chance, zéro, bulle, nul”, plus je me disais “ça sent bon”. »
Axelle Tessandier: «Le front républicain contre le FN doit exister, il doit être fort»
Durée : 08:30
« Axelle Tessandier inspire bon nombre de gens du mouvement, assure Thibault Caizergues, le directeur de création d’En Marche ! Je pense que, dans le futur, Emmanuel Macron aura à cœur de la garder proche de lui. » Elle jure qu’elle n’en est pas là et s’amuse qu’on ne la croie pas. « On me demande souvent : “Le 8 mai, vous faites quoi ?” Moi-même, je me dis : est-ce que tu reprends ta vie ? » Elle tique sur ceux qui la voient déjà comme la future Fleur Pellerin : « Imaginer que je puisse entrer dans un gouvernement n’était pas du tout mon histoire il y a un an encore. J’ai plein de rêves, mais qui ne correspondent pas à des titres ou à des postes. Plutôt à l’impact que je pourrais avoir. »
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D’autres y pensent déjà à sa place. Le soir des résultats, l’ex-juppéiste Aurore Bergé l’a prise par le cou : « Tu sais, Axelle, on devrait bien s’entendre, on va cohabiter pendant cinq ans. » Deux jours après les résultats, Tessandier est encore sonnée par le score du FN : « Je fais partie d’une génération hypermarquée par 2002, qui a manifesté contre Jean-Marie Le Pen. Se retrouver face à sa fille aujourd’hui a été un choc. Aujourd’hui, comme nous tous, je me sens en responsabilité. » La prochaine étape reste donc le second tour. Le reste, elle verra plus tard.