La société Carambar & Co verra officiellement le jour mardi 2 mai. Un nouveau départ pour le célèbre Carambar, mais aussi pour les bonbons Kréma et La Pie qui chante, les pastilles Vichy sans oublier le chocolat Poulain, les rochers Suchard, ou le chewing-gum Malabar. Des marques qui fleurent bon la nostalgie. Et qui, cédées par le géant américain Mondelèz, reviennent sous pavillon français.

C’est, en effet, le fonds Eurazeo qui a décroché la mise il y a environ un an. Pour l’emporter, il s’est associé à des investisseurs connaisseurs des secteurs des produits de grande consommation comme Patrick Mispolet et Matthieu Maillot, qui ont été, respectivement, président et directeur financier d’Orangina-Schweppes France, ou comme Pierre Le Tanneur, ex-dirigeant de Spotless Group (Eau écarlate, K2R…).

Ensemble, ils ont constitué la société CPK, holding de Carambar & Co qui, elle, porte toutes les marques commerciales et est installée à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). La direction de la nouvelle entreprise a été confiée à Jean-Marc Saubade, jusqu’alors responsable de la marque Cadbury au sein de Mondelèz. Des salariés vont également être transférés du siège de Mondelèz vers celui de CPK, qui comptera 164 employés.

Les chewing-gums Hollywood plus « made in France »

La nouvelle entité reprend aussi cinq usines employant au total 751 salariés. Une à Strasbourg, spécialisée dans les rochers Suchard, un site à Blois, qui fabrique le chocolat Poulain, un autre à Vichy (Allier) pour les fameuses pastilles, le site historique de Carambar à Marcq-en-Barœul (Nord) et l’usine de Saint-Genest-d’Ambière (Vienne), d’où sortent les bonbons Kréma et La Pie qui chante.

Ce dernier site fabriquait aussi jusqu’à présent les chewing-gums Hollywood. Une marque emblématique, uniquement présente dans l’Hexagone, mais que Mondelèz a souhaité conserver dans son portefeuille. Elle ne sera donc plus « made in France ». Les chewing-gums Hollywood sortiront des usines polonaise et turque du groupe. Pour pallier ce départ, l’usine de Saint-Genest-d’Ambière, spécialisée dans les bonbons durs et gélifiés, récupère des fabrications du site espagnol de Valladolid (Castille-León), fermé par Mondelèz. En effet, Eurazeo a trouvé dans la boîte à bonbons, pour compléter sa gamme, la marque espagnole Dulciora et la marque de chocolat anglaise Terry’s.

Redynamiser ces « belles endormies »

Eurazeo doit maintenant prouver qu’il est capable de redynamiser ces « belles endormies ». Sachant que CPK pèse près de 250 millions d’euros. Sur le marché des bonbons, Mondelèz, qui n’investissait plus sur ces marques jugées non stratégiques, n’a cessé de perdre des parts de marché face à l’allemand Haribo, devenu leader depuis cinq ans.

Parmi les autres acteurs qui se disputent le rayon, l’allemand Lutti se distingue, en ayant, le premier, proposé, des bonbons piquants, devenus la coqueluche des enfants. Quant à la société nordiste Verquin, elle a conquis les cours d’école avec ses Têtes brûlées. Sur ce marché en pleine effervescence, Verquin vient d’annoncer sa fusion avec la société française Sucralliance pour former une entreprise qui pèse 77 millions d’euros.

« C’est le contre-modèle de Mondelèz »

De son côté, Mondelèz poursuit sa cure d’amaigrissement et sa course au profit. Après avoir cédé le contrôle de son activité de café fusionnée au sein du géant Jacobs Douwe Egberts (JDE), il se sépare maintenant de ses confiseries françaises. Son outil industriel en France se recentre sur la fabrication des biscuits à la marque LU, Milka ou Oreo avec neuf usines.

Une restructuration à marche forcée qui a fait fondre les effectifs de Mondelèz dans l’Hexagone de 5 000 salariés, il y a trois ans, à 3 200 aujourd’hui. Des mouvements qui ont suscité des mobilisations syndicales, en particulier du côté de la CFDT. Le délégué Michael Amadis se félicite de passer dans le giron de CPK : « Pour nous, c’est le contre-modèle de Mondelèz. Avec des ingrédients et une production de qualité, des marques françaises historiques, la préservation des emplois en France. Nous souhaitons la réussite de cette nouvelle entreprise et le succès de ce modèle économique et social. »