Les convergences dans l’accord FN-Debout la France
Les convergences dans l’accord FN-Debout la France
Sur le volet économique, ils souhaitent favoriser les entrepreneurs, aux dépens des multinationales. Quant au retrait de la France de la zone euro, ils prônent le « pragmatisme ».
Dans ce projet d’accord, Marine Le Pen et le président de Debout la France (DLF) prennent six engagements « patriotes ». | Michel Euler / AP
Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan ont dévoilé, samedi 29 avril, le contenu de leur « alliance patriote et républicaine ». La candidate du Front National (FN) et son futur premier ministre, si elle est élue le 7 mai, sont d’accord sur le diagnostic d’un pays « ruiné » par des responsables politiques qui tentent toujours « de confisquer notre démocratie ».
Pour eux, Emmanuel Macron est l’« héritier direct » de François Hollande et appliquera « les règles les plus inhumaines de la mondialisation sauvage ». Face à ce « système », les nouveaux alliés proposent « un projet politique patriote et républicain ». Leurs programmes, différents, « avaient en commun de défendre avant toute chose l’intérêt supérieur de la France et des Français », estiment-ils.
Dans ce projet d’accord, Marine Le Pen et le président de Debout la France (DLF) prennent six engagements « patriotes ». Sur le volet économique, ils souhaitent favoriser les entrepreneurs, aux dépens des multinationales. Le texte reprend la contribution sociale à l’importation proposée par Marine Le Pen, une taxe de 3 % en moyenne. Mais celle-ci « ne concerne que les produits qui concurrencent déloyalement la production française ». Serait également mis en place un système de bonus fiscal sur les investissements réalisés en France, et de malus sur les délocalisations, initialement dans le programme de M. Dupont-Aignan.
« Un euro flexible »
Sur le retrait de la France de la zone euro, ils prônent le « pragmatisme ». « La transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n’est pas un préalable à toute politique économique », souligne le projet d’accord. Le FN en avait pourtant toujours fait une condition sine qua non d’une amélioration de la situation économique.
Mais Nicolas Dupont-Aignan avait de son côté évolué par rapport à la campagne de 2012. Il ne souhaite plus une sortie pure et simple de l’euro, comme il l’expliquait sur LCP et France Bleu, le 16 mars 2017 : « Je veux garder le bon côté de l’euro, c’est-à-dire une coordination monétaire, pour éviter les dévaluations », plaidant plutôt pour « un euro flexible ».
Le texte ne mentionne pas d’évolution sur la « priorité nationale », mesure cardinale du projet FN. Mais l’accord prévoit que Marine Le Pen renonce à une mesure inscrite dans son programme : faire payer la scolarisation des enfants des étrangers. Celle-ci n’empêchera pas cependant le renvoi des familles entrées clandestinement.
Six affaires judiciaires
Autres mesures reprises du programme de DLF : la part fiscale complète pour chaque enfant en situation de handicap, une allocation adulte handicapée revalorisée de 200 euros et la reconnaissance du vote blanc.
Le FN et son nouvel allié affirment également qu’ils garantiront « l’indépendance et l’impartialité de la justice », ainsi que « la liberté de travail des journalistes », en renforçant la loi sur ces principes.
Ils promettent aussi « une grande loi d’éthique » dès les premières semaines du quinquennat, pour lutter notamment contre les conflits d’intérêts et instaurer « l’exigence d’un casier judiciaire vierge pour tout candidat à une élection ». Une proposition qui résonne lorsque l’on sait que le FN et sa présidente sont cités dans six affaires judiciaires distinctes : les assistants européens, le financement des campagnes, la sous-évaluation de son patrimoine, les photos de Daech, les assistants du Nord-Pas-de-Calais et les documents policiers.
En ce qui concerne l’affaire des assistants parlementaires, la justice française soupçonne le parti d’avoir embauché 29 assistants pour effectuer des tâches qui n’ont rien avoir avec les dossiers européens.
Si les allégations étaient confirmées, il s’agirait donc d’emplois fictifs financés par le contribuable européen – pour un préjudice évalué à 7,5 millions d’euros, étalé sur plusieurs années (2010-2016).