On a testé : le casque audio pour cyclistes qui ne vous enverra pas à l’hôpital
On a testé : le casque audio pour cyclistes qui ne vous enverra pas à l’hôpital
Par Nicolas Six
Ce couvre-chef pour cyclistes intègre un casque stéréo qui diffuse la musique par « conduction osseuse ». Les oreilles restent à l’air libre : un bon point pour la sécurité ?
Lorsqu’on pédale, nous faisons confiance à nos yeux pour nous guider. Mais nos yeux ne voient que devant eux, à 180 degrés. Comment sentir les dangers qui viennent de derrière ? Les oreilles prennent le relais : elles scannent les bruits autour de nous à 360 degrés. Voilà pourquoi un casque audio posé sur les oreilles augmente les risques d’accident. Le casque de Coros entend lever ce danger grâce à une sonorisation d’un nouveau genre. Ne cherchez pas ses écouteurs, vous n’en trouverez pas. La musique est émise par deux capsules audio plaquées aux tempes, qui vibrent contre notre visage.
Nicolas Six pour Le Monde
Leurs ondes sonores cheminent jusqu’à notre oreille interne, directement à travers nos os. Et ça marche ! Le son est clair et relativement défini. En se bouchant les oreilles, le son reste parfaitement audible bien qu’un peu atténué. C’est assez troublant.
Sécurisant
Les oreilles grandes ouvertes, on entend effectivement les véhicules arriver, mieux qu’avec des oreillettes audio classiques posées sur les oreilles. Le volume sonore des voitures est plus élevé. Leur signature acoustique est plus définie. On les situe mieux dans l’espace. On « sent » la circulation autour de soi, même quand on écoute de la musique, et c’est sécurisant.
Malheureusement, musique en marche, le risque demeure élevé, plus élevé qu’en silence. Dans nos oreilles, les notes se mélangent aux bruits de la circulation. On entend moins bien les voitures arriver dans notre dos. A certains carrefours, on détecte les voitures à cinq mètres seulement, contre 20 mètres sans casque. On entend suffisamment tôt les bus, qui sont particulièrement bruyants, pour serrer sa droite à temps. Mais on détecte tard les véhicules qui déboulent à toute vitesse. Le casque de Coros permet d’évoluer au milieu de la circulation sans prendre des risques immodérés, mais à condition d’être d’un naturel attentif.
Comment ? Qu’est-ce qu’il a dit ?
Le volume sonore du Linx est suffisant pour sonoriser une promenade en campagne. A 30 km/h, le vent ne perturbe pas l’écoute. En ville, lorsqu’on roule au milieu des voitures, le volume est un peu juste. Cela n’est pas gênant lorsqu’on écoute de la musique moderne, mais la musique classique est souvent couverte par le vacarme urbain.
Nicolas Six pour Le Monde
Et impossible d’écouter un podcast audio en ville. Dès qu’un bus passe à proximité, on rate une phrase. Même chose quand un scooter ou une moto double. On peut le regretter, mais ce niveau sonore raisonnable est un choix sensé. Un volume plus généreux couvrirait nettement les bruits de circulation. L’atout sécurité disparaîtrait.
Les basses portées disparues
Mais où sont les guitares basses et les grosses caisses ? Le Linx restitue le son de façon déséquilibrée : les aigus sont un peu étouffés et les basses à moitié gommées. La qualité sonore est nettemment moins bonne qu’avec des oreillettes à 30 €. Cela suffit pour se donner un peu d’entrain en écoutant du rock ou de la pop. Mais les amoureux d’électro seront en peine : les rythmes sont estompés. Pire, la quantité de basses varie d’un cycliste à l’autre. Moins les capsules audio sont serrées au visage, moins les basses sont présentes.
Comment j’ajuste ces sangles ?
Difficile d’ajuster le Linx sur sa tête. C’est dommage, car c’est un point crucial, pour la qualité sonore comme pour la sécurité. Les sangles doivent être très serrées pour favoriser la conduction osseuse. La position des capsules audio est cruciale : elles doivent être rapprochées près des oreilles. Pour régler le casque, on doit agir sur trois sangles différentes. Cela requiert un peu d’adresse et prend quelques minutes. Même si vous réglez votre casque parfaitement, vous ne serez peut-être pas payé de retour. Si vos tempes sont moins larges que votre front, les capsules flotteront probablement par-dessus les tempes, affaiblissant le volume sonore.
Téléphone, GPS, Bluetooth, etc.
Le prix de ce casque (200 €) paraît raisonnable lorsqu’on additionne ses fonctionnalités. Le Linx fonctionne sans fil grâce à la technologie Bluetooth. Sur un vélo, on se débarrasse du câble audio et c’est un atout sécurité de plus. Une fois connecté au smartphone, le Linx diffuse le son de n’importe quelle application : Deezer, Spotify, une application de podcast… Il peut même diffuser les indications audio d’un GPS.
L’avant du casque intègre un microphone protégé du vent. On peut discuter au téléphone. La qualité sonore est correcte à condition de s’éloigner de la circulation. La batterie du Linx tient une bonne quinzaine d’heures et se recharge en moins de deux heures. La qualité de fabrication du Linx est excellente et le son électronique résiste à la pluie. C’est un très bon casque vélo. Ses mousses sont confortables et amortissent bien les chocs, son aérodynamique est bonne, sa ventilation efficace.
Le casque de Coros est fourni avec une télécommande à fixer au guidon du vélo grâce à deux élastiques. Elle est fort pratique : elle permet de mettre la musique en pause, de régler le volume sonore ou de passer à la piste suivante.
Montre-moi la voie
Les écouteurs peuvent vous indiquer le chemin, grâce au guidage GPS de Google Maps. C’est utile lorsqu’on roule vers une destination nouvelle, mais pas seulement. Google Maps calcule l’itinéraire vélo optimal en prenant en compte les reliefs et les pistes cyclables. Ses trajets sont parfois surprenants, au sens positif du terme. Même sur un itinéraire routinier, on peut gagner quelques minutes. A essayer.
Hélas, le guidage n’est pas parfait. Dans certaines rues, Google se trompe en indiquant des routes impraticables à vélo. Dans d’autres, c’est le GPS qui n’arrive plus à capter les satellites, interrompant longuement le guidage.
En résumé
Le Linx coupe moins des bruits ambiants qu’un casque audio ordinaire. Même si sa qualité sonore est passable, c’est l’unique solution qui n’est pas totalement déraisonnable pour écouter de la musique en pédalant.
Vous auriez raison de craquer si :
- vous vous ennuyez parfois en vélo ;
- vous roulez plutôt sur des routes calmes ;
- votre sécurité passe avant la qualité sonore ;
- votre front est moins large que vos tempes.
Résistez à la tentation si :
- vous roulez souvent en ville au milieu de la circulation ;
- vous écoutez surtout de l’électro ou du classique ;
- vous adorez les podcasts ;
- vous êtes d’un naturel distrait.
Réfléchissez avant d’offrir ce casque à un amoureux de la petite reine. Tous les cyclistes n’aiment pas l’idée d’écouter de la musique en pédalant. Les passionnés voient souvent le vélo comme une façon de s’évader. Le Linx est distribué en France par un réseau de plusieurs centaines de boutiques Tecnoglobe.