« Les Français vont-ils faire comme nous ? »
« Les Français vont-ils faire comme nous ? »
Propos recueillis par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen), Philippe Bernard (Londres, correspondant), Gilles Paris (Washington, correspondant), Jérôme Gautheret (Rome, correspondant), Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
Comment est perçue la campagne présidentielle à l’étranger ? Les correspondants du « Monde » à Berlin, Bruxelles, Londres, Rome et Washington ont répondu à vos questions.
Comment est perçue la campagne présidentielle à l’étranger ? Les projets du FN en ce qui concerne l’Union européenne inquiètent-ils nos voisins ? Les correspondants du Monde à Berlin, à Bruxelles, à Londres, à Rome et à Washington ont répondu à vos questions sur la perception de la campagne présidentielle française à l’étranger et sur le second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
-glu : Est-ce qu’un haut score du Front national risquerait de donner à la France l’image d’un pays xénophobe ? Ou est-ce que les médias étrangers tiendront compte de l’abstention et des votes blancs dans leur analyse, plus qu’on ne le fait en France ?
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, c’est le score du Front national qui suscite le plus d’intérêt depuis le début de la campagne et c’est bien cette lecture qui sera faite le soir du second tour. L’abstention française est par ailleurs très relative par rapport à celle qui prévaut aux Etats-Unis. Et la question de la comptabilisation des votes blancs n’est absolument pas mentionnée.
Philippe Bernard (Londres) : Marine Le Pen est vue au Royaume-Uni comme une candidate d’extrême droite, catégorie associée au racisme et à la xénophobie. Un haut score pour le FN serait donc perçu comme le signe d’un tournant de la France dans ce sens, mais aussi d’une orientation assez parallèle au Brexit. L’abstention étant plus forte ici qu’en France, cet aspect de l’élection française n’est pas perçu comme central.
Thomas Wieder (Berlin) : En Allemagne, même si le soulagement fut le sentiment dominant au soir du premier tour, très rapidement dans les jours qui ont suivi les journaux se sont intéressés à nouveau de très près au score du Front national, avec des enquêtes souvent très fouillées sur l’implantation de l’extrême droite. D’ores et déjà, quel que soit le score de Marine Le Pen dimanche prochain, cela fait des mois que l’Allemagne observe de très près son parcours et, même si Emmanuel Macron l’emporte nettement, l’image de la France comme l’un des pays d’Europe où l’extrême droite est aux portes du pouvoir demeurera en Allemagne.
-Lilou : Comment les déclarations de Marine Le Pen sur une sortie de l’Europe et un retour au franc sont-elles perçues à l’étranger ? Cela inquiète-t-il nos voisins, en particulier l’Allemagne qui est un de nos principaux partenaires économiques ?
Philippe Bernard (Londres) : Au Royaume-Uni, elles sont systématiquement interprétées à l’aune du vote favorable au Brexit lors du référendum de l’an dernier. Les médias britanniques tendent à analyser l’élection française sous ce prisme unique de l’euroscepticisme : “Les Français vont-ils faire comme nous? “ Mais, en même temps, la présidentielle intervient au moment où les doutes apparaissent dans l’opinion britannique sur le bien-fondé du Brexit (il y a désormais plus de gens qui en doutent que de gens qui approuvent la sortie de l’UE).
Thomas Wieder (Berlin) : Depuis dimanche, la presse allemande ironise sur la volte-face de Marine Le Pen sur l’euro. “Au revoir Frexit” (en français dans le texte), a ainsi titré Der Spiegel dans l’un des nombreux articles parus à ce sujet depuis trois jours. Ce revirement du FN n’étonne cependant qu’à moitié les Allemands : outre-Rhin, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), fondé en 2013 par des économistes et des essayistes hostiles à la monnaie unique européenne, hésite aujourd’hui à mettre cette question au premier plan. Comme en France, en effet, et peut-être même davantage encore qu’en France, ses responsables savent que la population est majoritairement hostile à une sortie de l’euro.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, le thème de la sortie de l’euro est beaucoup moins présent depuis que le mouvement Cinq étoiles a cessé d’en faire un cheval de bataille, au début de l’année. L’Europe continue d’être très critiquée, mais plus pour les problèmes de politique migratoire que pour les efforts budgétaires réclamés par la Commission de Bruxelles, que la montée des partis protestataires en Italie a rendu beaucoup plus conciliante.
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, Marine Le Pen est plus associée à la problématique de l’immigration et d’une identité nationale considérée comme menacée, en l’occurrence par l’islam, ce qui recoupe en partie certains thèmes de campagne de Donald Trump. Les complexités européennes sont moins centrales, moins immédiatement identifiables.
-Vincent : Je suis un Français vivant en Allemagne. J’ai l’impression que mes collègues allemands simplifient le problème de l’élection présidentielle française en voyant un candidat pro-Europe et un candidat anti-Europe. Le correspondant de Berlin est-il globalement d’accord avec mon expérience, ici, dans le nord-ouest de l’Allemagne ?
Thomas Wieder (Berlin) : Oui, c’est assez juste. C’est d’ailleurs le cas depuis des mois. Pour définir l’identité politique de Macron, je me souviens qu’au moment où il a créé En marche !, il y a un an, la plupart des analystes ont soit interrogé son rapport - revendiqué - au libéralisme, soit tenté de le situer sur l’échelle droite-gauche.
En Allemagne, ces deux problématiques ont été assez peu présentes, peut-être parce que le libéralisme y est davantage une évidence qu’en France et parce que le clivage droite/gauche est moins fondamental dans l’imaginaire politique des Allemands. En revanche, c’est effectivement le côté “européen” de Macron qui est systématiquement mis en avant, sans d’ailleurs que soit véritablement interrogé le contenu précis de sa pensée européenne…
Jérôme Gautheret (Rome) : La question ne m’est pas posée mais j’y réponds quand même 😉 Dans l’ensemble des médias italiens, le deuxième tour est habituellement résumé à un référendum sur l’Europe ainsi qu’à un conflit entre deux styles, un plus moderne et décomplexé, rappelant furieusement Matteo Renzi, et un autre obéissant davantage à la tradition tribunicienne.
-Pierre : Pour quelles raisons les élections présidentielles françaises seraient-elles aujourd’hui plus suivies qu’auparavant ? On annonce que la France est sur le déclin en matière économique, culturelle...
Philippe Bernard (Londres) : C’est à la fois l’échec des partis traditionnels et le succès de l’extrême droite qui expliquent le fort intérêt de la presse britannique. Mais c’est surtout la question européenne. Par exemple, le fait qu’Emmanuel Macron prône une position de fermeté dans la négociation du Brexit intéresse beaucoup la presse et en inquiète une partie. Mais il est vrai aussi que la France est perçue comme un pays sur le déclin, surtout par rapport à l’Allemagne. La réactivation du couple franco-allemand est un sujet d’intérêt, voire encore une fois, d’inquiétude.
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, la campagne française a été perçue comme une nouvelle occasion de mesurer la puissance du mouvement qu’on qualifie par commodité de populiste, après le Brexit et l’élection de Donald Trump. Les attaques contre les « élites globalisées », contre la presse, le rôle prêté à la Russie, notamment avec les positions de François Fillon, de Jean-Luc Mélenchon et la visite de Marine Le Pen à Moscou, ont accentué les similitudes avec la campagne présidentielle américaine. Aux Etats-Unis, cependant, les deux grands partis sont sortis pratiquement indemnes du scrutin du 8 novembre, ce qui n’est évidemment pas le cas en France.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, la politique française est traditionnellement très suivie, et la campagne présidentielle de 2017 l’a été tout autant que les précédentes. Si elle a rencontré un écho très fort dans les dernières semaines, c’est surtout en raison de l’invraisemblable série de péripéties qu’aura connue cette campagne.
Thomas Wieder (Berlin) : En Allemagne, la campagne française a tout à la fois passionné, inquiété et intrigué pour une raison toute simple : face aux Etats-Unis de Trump et à la Russie de Poutine, les Allemands, qui ne pensent leur rôle dans les relations internationales que dans un cadre collectif (que ce collectif soit l’OTAN, l’ONU ou l’UE), ont la hantise de perdre leur partenaire principal en Europe qu’est la France. D’où la crainte très forte qu’ils ont exprimée ces derniers mois de voir Marine Le Pen accéder au pouvoir.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : La France, pays fondateur de l’Union européenne et deuxième économie de la zone euro est évidemment vue comme un pays-clé pour cette Europe et le fait qu’un parti comme le FN puisse y réaliser 40 % au deuxième tour est évidemment très interpellant pour tous ceux qui, à Bruxelles, vivent l’Europe au quotidien.
-Paul : Comment l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, et plus généralement la tentation du vote blanc, est-elle perçue à l’étranger ?
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, le discours anti-capitaliste de Jean-Luc Mélenchon apparaît souvent comme très exotique, et le fait de renvoyer dos-à-dos Emmanuel Macron et Marine Le Pen semble totalement incompréhensible, sauf peut-être à la gauche de la gauche du Parti démocrate.
Philippe Bernard (Londres) : Entre incompréhension et stupeur. Au Royaume-Uni, Jean-Luc Mélenchon est souvent présenté par simplification comme “communiste” et l’idée que certains de ses électeurs puissent voter pour Marine Le Pen dépasse l’entendement. En même temps, il est parfois comparé avec l’actuel leader du Labour, Jeremy Corbyn, même si c’est à tort car ce dernier est précisément resté au Labour et ses positions économiques sont presque “centristes” par rapport à La France insoumise.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, où les partis protestataires occupent une part très importante de l’échiquier politique, le discours de Jean-Luc Mélenchon n’a rien d’exotique. C’est surtout ses atermoiements dans l’entre-deux-tours qui ont retenu l’attention. Ainsi que sa volonté d’en appeler au vote par Internet de ses partisans, qui rappelle beaucoup les méthodes du mouvement Cinq étoiles.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : En Belgique, une formation de la gauche radicale, le Parti du travail de Belgique, s’est alignée sur Mélenchon et son « ni-ni ». Mis à part cela, les médias sont durs envers le leader de La France insoumise. Du côté des « Européens » de Bruxelles, les critiques sont tout aussi vives. Globalement, c’est l’incompréhension qui domine.
Thomas Wieder (Berlin) : En Allemagne, où le clivage qui a dominé la grille de lecture posée sur la campagne française est le clivage pro/anti-européens, Mélenchon a été dépeint par la grande majorité des commentateurs en des termes à peine moins sévères que ceux qu’ils ont utilisés pour qualifier Le Pen. Seule exception : le parti de gauche radicale Die Linke, dont la dirigeante la plus médiatique, Sara Wagenknecht, coprésidente du groupe au Bundestag, qui a activement soutenu le candidat de La France insoumise.
-sarah : Comment expliquer l’importance de la couverture du couple Macron dans les médias étrangers et qu’en penser ?
Philippe Bernard (Londres) : Le sujet passionne en effet les médias britanniques, et pas seulement les tabloïds. Le fait que la différence d’âge entre Brigitte et Emmanuel Macron ne fasse pas beaucoup couler d’encre en France étonne les Britanniques. Il en irait autrement ici ! C’est parfois relié à ce qui est présenté comme une tradition de la littérature française : l’initiation des jeunes gens par les femmes mûres. L’histoire d’amour entre une prof et son élève est aussi présentée comme un signe étonnant de liberté des mœurs à la française.
Jérôme Gautheret (Rome) : La personnalisation à outrance de la vie politique est une réalité incontestable de l’Italie des trente dernières années, au point que les partis politiques sont habituellement résumées à des écuries personnelles, dans lesquelles compte seulement la personne du leader. En outre, la vie privée agitée de Silvio Berlusconi a occupé dans les pages politiques des journaux italiens une place démesurée pendant deux décennies. A la lumière de cette habitude désormais bien ancrée (et du fait que la vie privée des successeurs de Silvio Berlusconi était nettement moins croustillante), les rebondissements des vies personnelles de Nicolas Sarkozy et de François Hollande avaient été scrutés avec gourmandise en Italie. Et l’atypique couple Macron ne fait pas exception : c’est du pain bénit pour une presse habituée à traiter la politique d’une façon très « people ».
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Un quotidien néerlandais écrivait ce matin que le vrai “moteur” d’Emmanuel Macron était sa compagne. Plus généralement, les médias de ce pays ou de la Belgique voisine ne s’émeuvent pas particulièrement de ce qui est généralement vu comme un côté sympathique du personnage. Et une histoire « à la française ». Il faut dire que la presse de ces pays, même si elle n’évite pas toujours le côté « people », fait souvent une distinction assez nette entre vie privée et vie publique. Personne ou presque ne connaît, par exemple, la femme de l’ex-premier ministre Guy Verhofstadt, qui a accompli deux législatures complètes. Et le fait que l’un de ses successeurs, Elio Di Rupo, soit homosexuel n’a engendré que très peu d’intérêt...
Thomas Wieder (Berlin) : En Allemagne, le couple Macron suscite différents types de curiosité. La question de la différence d’âge, d’abord, n’a par exemple pas manqué d’inspirer au tabloïd Bild un article intitulé « Comment un tel couple fonctionne-t-il ? », article dans lequel un coach en affaires conjugales a livré son « analyse » sur les secrets expliquant la réussite d’un tel attelage… Au-delà de cette question, il y a quelque chose, dans ce couple, qui fascine les Allemands, c’est le côté hors norme qui renvoie à une certaine image de la France, pays vu de ce côté du Rhin comme plus libéré du point de vue des mœurs. Je me souviens à cet égard d’un article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung décrivant Brigitte Macron comme « ayant l’air d’une vieille copine sympa de Jane Fonda qui aurait fait la fête à Saint-Tropez pendant les quarante dernières années ». Le ton de l’article révélait une sorte de fascination pour une histoire typiquement française...
-SarHe : Dans les médias américains, à quel endroit de l’échiquier politique Emmanuel Marcon est-il placé ? Ma question porte notamment sur la comparaison avec les derniers candidats à l’élection présidentielle, principalement Sanders et Clinton.
Gilles Paris (Washington) : Son programme et son discours sur la quête de coalitions et de compromis le rangent évidemment du côté de Hillary Clinton. Il est considéré comme un pragmatique et ce n’est pas un hasard s’il a pu converser avec Barack Obama à la veille du premier tour.
Il ne faut pas exclure d’ailleurs que ce dernier s’exprime une nouvelle fois en sa faveur avant le second tour. Pour l’ancien président des Etats-Unis, qui a indiqué vouloir s’engager pour relancer la social démocratie, Emmanuel Macron ne saurait être considéré comme un ultra-libéral, mais il est vrai que la définition de ce terme fait l’objet de grandes variations des deux côtés de l’Atlantique.
-Tomasz : Les affaires de Fillon et de Le Pen ont-elles été commentées à l’étranger et, si oui, de quelle manière ?
Philippe Bernard (Londres) : Un « Penelope Gate » aurait automatiquement disqualifié un Fillon britannique. Le pays a connu un scandale lié aux notes de frais des députés. Cela a conduit à l’incarcération de certains élus pour des pratiques nettement plus anodines que celles reprochées au candidat LR. Quant au financement du FN par l’UE, il est familier au Royaume-Uni car les mêmes pratiques sont reprochées au Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, extrême droite).
Thomas Wieder (Berlin) : L’affaire Fillon a été ravageuse en Allemagne, où personne n’a compris qu’il ne renonce pas immédiatement à sa candidature. C’est allé tellement loin que Wolfgang Schäuble, le ministre des finances, a lui-même annoncé avant le premier tour qu’il voterait pour Emmanuel Macron en dépit des liens qui unissent son parti, l’Union chrétienne démocrate (CDU), aux Républicains français. M. Schäuble a justifié son choix en expliquant qu’il ne pouvait pas soutenir un candidat qui, empêtré dans les affaires, avait décidé de répliquer en mettant en cause l’institution judiciaire elle-même.
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, un « Penelope Gate » aurait contraint François Fillon à se retirer. Son changement de pied sur les conséquences de sa mise en examen aurait été impossible. Les dégâts de cette controverse sur la perception des mœurs politiques en France ont été et resteront considérables.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, pays habitué aux scandales politiques (et habitué à être considéré comme le cancre de l’Europe en termes de morale publique), l’affaire Fillon a d’abord amusé, mais la campagne « à la Berlusconi » menée ensuite par la droite, dénonçant dans un même mouvement la presse et les juges, a été suivie avec une attention redoublée : cette tactique a trop bien marché dans l’Italie des années 1990 et 2000 pour que François Fillon ait été considéré comme disqualifié par les affaires.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Dans le Benelux, qui en a lui aussi connu quelques-unes, ce ne sont pas les affaires qui étonnent, mais le peu d’impact sur le résultat des candidats concernés. François Fillon, comme Marine Le Pen, ont finalement pu poursuivre leur campagne sans grand accroc, refuser des convocations pour l’une, mettre la justice en cause pour l’autre. C’est jugé très étonnant et symptomatique, selon beaucoup d’observateurs, d’un mal démocratique français sans doute beaucoup plus large. Des médias ont relevé la logique « trumpienne » développée par M. Fillon, qui a accusé pêle-mêle la justice, les médias, le « système ».
-Clarmac : A vous lire, doit-on comprendre que le Front national ne s’est pas dédiabolisé aux yeux de nos voisins ?
Philippe Bernard (Londres) : Pour les Britanniques, Le Pen père était un nazi. Sa fille est d’abord anti-UE et anti-monnaie commune, ce qui est nettement plus acceptable et compréhensible de ce côté-ci de la Manche. Un remarquable reportage de la BBC a montré aux Britanniques que de nouvelles catégories de la population, comme des professeurs ou des syndicalistes, pouvaient avoir été séduits. Il a illustré aussi la grande pauvreté et le chômage qui sévissent dans certaines régions françaises désindustrialisées. Là encore, le parallèle avec le nord de l’Angleterre et la vague pro-Brexit rapproche, à tort ou à raison, les deux pays.
Thomas Wieder (Berlin) : En effet, la « dédiabolisation » voulue par Marine Le Pen n’a pas franchi le Rhin. Par ailleurs, il faut préciser que le FN jouit d’une image contrastée au sein de l’extrême droite allemande. A l’intérieur de l’AfD, certains ont cherché à se rapprocher de Mme Le Pen, à l’instar de sa coprésidente, Frauke Petry. Mais d’autres sont assez critiques à son égard, estimant que son programme économique est d’inspiration « socialiste ». C’est le cas d’Alexander Gauland, qui codirigera la campagne de l’AfD pour les élections législatives du 24 septembre.
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, la lecture du Front national sous le prisme de la poussée populiste l’a « dédiabolisé » d’une certaine manière en mettant en avant le thème de l’identité et du refus de la mondialisation. On a pu le voir avec la couverture très favorable du site Breitbart News. Mais la polémique sur le Vél-d’Hiv et la démission du successeur de Marine Le Pen à la présidence du parti à la suite de la découverte de propos négationnistes ont montré que le FN n’avait pas totalement rompu avec son passé.
Jérôme Gautheret (Rome) : Dans un pays, en Italie, où le mouvement Cinq étoiles pèse 30 % des voix et la Ligue du Nord environ 12 %, et où Silvio Berlusconi fait figure de leader « centriste », la question de la dédiabolisation ne se pose pas. Ici, les outrances de Marine Le Pen paraissent naturellement choquants, elles ne semblent pas particulièrement inhabituelles.
-V. : Le nombre d’articles à l’étranger a-t-il diminué depuis l’annonce des résultats du premier tour ?
Philippe Bernard (Londres) : Non, je ne crois pas. La couverture est quotidienne et fournie (reportages, commentaires, etc.). Les Britanniques, dont l’élection se joue sur un seul tour, ne sont pas familiers de notre deuxième tour. Mais les enjeux du « duel » français de dimanche prochain, très clivé, sont évidents, ne serait-ce qu’à l’aune de l’obsession britannique pour l’UE. Sa présentation comme un référendum sur le Frexit, même si elle est partiellement erronée, fonctionne à l’évidence. La plupart de mes interlocuteurs britanniques commencent systématiquement les conservations par une question sur le résultat de la présidentielle.
Thomas Wieder (Berlin) : Non, au contraire. Certains journaux, comme le quotidien Die Welt, ont même consacré des dossiers de plusieurs pages à l’élection présidentielle française après le premier tour.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Pas en Belgique, non. Au contraire, tous les médias s’intéressent quotidiennement au développement de la campagne, les télés et radios couvrent divers meetings, les commentaires abondent, etc.
Gilles Paris (Washington) : Les cent jours de Donald Trump ont dominé l’actualité américaine ces derniers jours mais l’intérêt pour l’issue de la présidentielle française est revenu et va certainement grandir jusqu’à dimanche.
Jérôme Gautheret (Rome) : Au contraire, la dramatisation de l’entre-deux tours a contribué à relancer l’intérêt pour les élections françaises en Italie, d’autant plus que la disparition des deux forces dominantes traditionnelles rappelle fortement aux Italiens la décomposition de leur paysage politique. Les médias italiens ont envoyé en France de nombreux envoyés spéciaux, qui ont multiplié ces derniers jours les reportages, des beaux quartiers parisiens à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
-Charlotte : Quels sont les points communs et les différences entre Marine le Pen et les partis d’extrême droite des autres pays européens ?
Thomas Wieder (Berlin) : L’AfD continue de souhaiter un « Dexit », autrement dit une sortie de l’Allemagne de la zone euro. Mais, ces derniers mois, le parti d’extrême droite mettait assez peu ce thème en avant le sachant peu populaire, à la différence du Front national (du moins jusqu’à ces derniers jours). Assez proches du FN sur le fond, l’AfD s’en distingue au moins sur trois plans :
1 / C’est un parti jeune, créé en 2013 (le FN a été fondé en 1972).
2 / C’est un parti profondément divisé : le récent congrès de Cologne, il y a dix jours, a été le théâtre d’affrontements extrêmement violents au sein de sa direction, et sa coprésidente, Frauke Petry, ne tient absolument pas son parti comme Marine Le Pen tient le sien.
3 / C’est aujourd’hui un parti en relatif déclin sondagier : certes, il devrait être en mesure d’entrer au Bundestag le 24 septembre, mais les intentions de vote en sa faveur sont passées en six mois d’un peu moins de 15 % à moins de 10 %.
Philippe Bernard (Londres) : Bizarrement, le UKIP n’est pas systématiquement présenté comme un parti d’extrême droite alors que c’est bien là qu’il se situe sur l’échiquier politique britannique. Mais il est vrai que, créé au début des années 1990 contre le traité de Maastricht, il n’a pas les antécédents du FN (violence) ni ses racines historiques (Vichy, guerre d’Algérie, anti-gaullisme). Reste la dénonciation de l’UE comme une institution antidémocratique ayant accaparé la souveraineté nationale. Les discours récents de Marine Le Pen dénonçant l’Europe comme la source de tous les maux, semblent d’ailleurs directement empruntés au UKIP. Mais aujourd’hui, ce dernier est menacé d’obsolescence après avoir remporté une immense victoire avec le vote du Brexit. Depuis lors, il tente de se replier… sur les thèmes traditionnels du FN comme la dénonciation de l’islam et du communautarisme. Le UKIP fait même de l’interdiction de la burqa l’une de ses principales revendications pour les législatives anticipées du 8 juin.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Mme Le Pen est notamment associée, au sein d’un parti européen, au Parti pour la liberté du Néerlandais Geert Wilders et au Vlaams Belang, un parti flamand. Il y a quelques divergences entre eux mais ils sont réunis par une critique virulente de l’islam et de l’immigration non européenne en général. Le PVV de M. Wilders prône lui aussi la sortie de l’Europe et de l’euro mais n’a aucun fond antisémite. Il prône, en revanche, l’interdiction du Coran et la fermeture des mosquées. Mais il ne remet pas en cause le mariage homosexuel, par exemple. Le Vlaams Belang est un parti séparatiste et anti-monarchique qui a sans doute le programme le plus radical de tous en matière d’immigration.
-Freda : La jeunesse de Macron est-elle également discutée à l’étranger ?
Gilles Paris (Washington) : La jeunesse est souvent présentée comme un atout politique aux Etats-Unis, mais dans le cas d’Emmanuel Macron, c’est plutôt son parcours hybride, entre le privé et le public, qui retient l’attention.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Ni aux Pays-Bas, ni en Belgique. Peut-être parce que le renouvellement de la classe politique y est rapide, après des décennies d’un certain immobilisme. C’est le fait que M. Macron n’a jamais exercé de mandat électif, qu’il n’a pas derrière lui de parti véritablement constitué ou de la majorité évidente qui est commenté.
Que la France ait pu sortir aussi vite du système bi-partisan reste un sujet de très vif étonnement. Et les commentateurs se demandent souvent si M. Macron est simplement chanceux ou s’il a eu le flair pour détecter cet effondrement avant tous les autres.
Thomas Wieder (Berlin) : La jeunesse de Macron est plutôt vue comme un atout en Allemagne, où plusieurs commentateurs ont utilisé pour le qualifier le terme de wunderkind (enfant prodige). J’ai en tête deux articles du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (centre-droit) allant dans ce sens. L’un était titré : “Le beau gosse qui lit Goethe”. L’autre dont le chapeau dépeignait Macron comme “plus jeune que John F. Kennedy, plus libéral que Tony Blair et plus européen que Gerhard Schröder”.
Philippe Bernard (Londres): David Cameron avait 44 ans quand il est arrivé au pouvoir en 2010 et le renouvellement des responsables politiques est nettement plus habituel au Royaume-Uni qu’en France. Le fait qu’il soit passé par le privé, en l’occurrence la banque, ne suscite aucun étonnement, étant donné que de tels parcours sont monnaie courante ici.
La jeunesse de Macron est plutôt vu comme un facteur positif de renouveau de la politique française. A l’inverse, le fait qu’un ancien président battu comme Nicolas Sarkozy, ou un cheval de retour comme Alain Juppé puisse revenir au premier plan est assez incompréhensible. Le fait qu’un jeune inconnu non élu puisse se hisser si vite à l’Elysée est vu comme stupéfiant, mais plutôt positivement par rapport aux mœurs politiques françaises.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, la jeunesse d’emmanuel Macron rappelle surtout celle de Matteo Renzi, arrivé au pouvoir à 39 ans lui aussi, en 2014. Mais la grande différence entre les parcours des deux hommes est sans cesse relevée : à la différence de l’ancien premier ministre italien, qui est arrivé au pouvoir après avoir franchi, certes de façon accélérée, mais avec méthode, toutes les étapes classiques de la vie politique italienne, Emmanuel Macron n’a jamais été élu.
-Berthe : Analyse t-on aussi la campagne présidentielle française à l’aune de la « post-vérité » à l’étranger ? Quels sont les parallèles avec les élections américaines ou le référendum britannique ?
Gilles Paris (Washington) : Les responsables du renseignement américain ne cessent d’affirmer depuis des mois que la Russie tente de peser sur les résultats des élections françaises, notamment en alimentant la machine à « fake news » [fausses informations]. Emmanuel Macron, le seul parmi les principaux candidats du premier tour à camper sur une ligne de fermeté par rapport à Moscou, en a été la cible privilégiée.
Thomas Wieder (Berlin) : C’est surtout la question du rôle de la Russie qui intéresse en Allemagne, d’autant plus qu’Angela Merkel s’est publiquement inquiétée des « cyberattaques » qui pourraient perturber la campagne des législatives qui auront lieu le 24 septembre.
Philippe Bernard (Londres) : Le parallèle avec le référendum sur le Brexit est omniprésent. Il est même pratiquement l’unique prisme par lequel la présidentielle est perçue par les Britanniques. Le parallèle est en effet troublant sur plusieurs points : opposition entre « gagnants » et « perdants » de la mondialisation, entre les électeurs de grandes villes et ceux des zones délaissées, défiance à l’égard du système politique et des « experts », recherche d’« autre chose », xénophobie et nationalisme exacerbés.
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Tant l’OTAN que l’Union européenne sont persuadés, sans le crier sur les toits, que Moscou tente de peser sur ces élections, avec le but ultime de favoriser la désintégration de l’UE.
-JiBé : Comment les médias Belges ont-ils réussi à sortir le résultat à 15 heures pour le premier tour ?
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Ils ont affirmé disposer très tôt dans l’après-midi d’études faites pour les partis politiques français, dont disposaient beaucoup de gens à Paris, mais qu’ils ne pouvaient sortir. Le directeur de l’information de la RTBF a confirmé, vers 17 heures, la décision de lâcher des estimations qui, en définitive, se sont avérées très proches du résultat final. En tout cas, pour les deux premiers. Au passage, il a indiqué que la justice française avait lancé des menaces en 2012 parce que la RTBF avait fait pareil en 2012. Mais rien n’est venu...
-morgane : Comment le futur de l’Europe est-il analysé par la presse internationale hors UE ?
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Je suis frappé de voir l’intérêt des médias hors UE présents à Bruxelles pour cette élection. Après Trump, le Brexit et, à l’inverse, les revers des populistes extrémistes en Autriche et aux Pays-Bas, tous soulignent le côté décisif de cette élection pour l’avenir de l’Europe. On ne s’en rend pas toujours bien compte à Paris, sans doute, mais beaucoup d’extra-communautaires considèrent que l’avenir de l’Europe est intimement lié à ce scrutin doté, dès lors, d’une importance décuplée par rapport à une présidentielle « habituelle ».
Gilles Paris (Washington) : Aux Etats-Unis, la complexité de la machinerie européenne masque souvent les enjeux, mais l’idée souvent développée est que l’élection d’Emmanuel Macron donnerait des marges de manœuvres pour l’UE.
Philippe Bernard (Londres) : Les médias britanniques se demandent comment une élection d’Emmanuel Macron pourrait peser sur les négociations Brexit. D’un côté, l’économie britannique aurait à pâtir d’un effondrement de l’UE dans le sillage d’une victoire de l’extrême droite, mais l’élection de Macron risque à leurs yeux de renforcer l’unité des « 27 » - déjà étonnante à leurs yeux - face aux demandes du Royaume-Uni. Les journaux soulignent la fermeté exprimée par le favori de la présidentielle quant à la préservation du marché unique et au refus de la contagion du Brexit. Ils pressentent aussi que Macron pourrait relancer le couple franco-allemand, alors que Londres s’accommodent tout à fait bien de son affaiblissement. Mais il soulignent aussi que le candidat d’En marche ! n’est pas assuré d’une majorité parlementaire et risque de se heurter à l’opposition de la rue.
Jérôme Gautheret (Rome) : Le résultat du premier tour a été accueilli avec un soupir de soulagement du centre-gauche au centre droit proeuropéen. Mais la grande affaire des derniers jours a été la reprise du Parti démocrate par Matteo Renzi, qui a remporté avec plus de 70 % des voix la primaire du centre gauche. Depuis, l’ensemble de l’actuelle majorité parlementaire rêve ouvertement à un « axe » franco-italien fondé sur les vues identiques de Matteo Renzi et d’Emmanuel Macron sur l’Europe, qui serait capable de faire pièce à l’influence de l’Allemagne à Bruxelles.
-M.Coton : Comment le programme économique de Macron est-il vu au sein de l’UE ?
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Il est salué par le gouvernement de centre-droit en Belgique et le pouvoir sortant (une coalition dirigé par un libéral) aux Pays-Bas. Dans ces pays, où le clivage gauche-droite est plus faible - notamment en raison du système de coalition qui force au consensus - on voit souvent la France comme un pays bloqué, endetté, où les tentatives de réforme sont lentes, ou échouent. En raison notamment de la puissance syndicale dans la fonction publique - alors que les syndicats français sont globalement moins représentatifs qu’en Europe du Nord. Ce que défend M. Macron, un « social libéralisme », n’est pas très surprenant pour les pays du Nord qui ont le sentiment d’appliquer, avec un certain succès, la recette depuis un moment.
Philippe Bernard (Londres) : Emmanuel Macron est d’autant plus souvent perçu comme un Tony Blair français que ce dernier célèbre en ce moment le vingtième anniversaire de son arrivée à Downing Street à la tête du New Labour. Il est présenté comme désireux de « moderniser » l’économie française perçue comme étatiste et hostile aux affaires. Mais vu d’un Royaume-Uni où les droits des salariés ont été rognés depuis longtemps et où l’austérité (mais aussi le quasi plein emploi) règne, Macron est loin d’être perçu comme un « ultralibéral » !
Thomas Wieder (Berlin) : En Allemagne, il est apprécié à la fois par les sociaux-démocrates du SPD et par les conservateurs de la CDU. Rappelons qu’avant le premier tour Macron a été soutenu à la fois par le ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel (SPD), et par le ministre des finances, Wolfgang Schäuble (CDU)... Lors de ses deux venues à Berlin, en janvier puis en mars, les commentaires ont été plutôt positifs sur le fond de son projet et sur la manière dont il l’a présenté. De ce point de vue, Macron a été plutôt habile : il a évité les deux écueils dans lesquels tombent souvent les dirigeants politiques français quand ils viennent en Allemagne, celui de faire la leçon aux Allemands et celui, à l’inverse, d’exagérer dans le côté révérencieux pour célébrer de façon hypertrophiée le modèle allemand. Macron, lui, a tenu un discours consistant à dire : l’Europe ne peut pas continuer si elle n’obéit qu’à des règles de rigueur budgétaire, il faut relancer la croissance et l’investissement, mais pour que la France puisse faire entendre sa voix sur ce point elle doit d’abord se réformer pour être crédible aux yeux de son partenaire allemand.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, où les coalitions entre centre gauche et centre droit sont une tradition historique bien établie, le positionnement d’Emmanuel Macron est jugé comme étant, au fond, assez traditionnel. Il rappelle à s’y méprendre les contours de la coalition au pouvoir depuis 2014, qui rassemble la gauche et la frange la plus modérée du centre droit.
-Mathias : Comment l’effondrement de Benoît Hamon et du Parti socialiste est-il perçu à l’étranger ?
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles) : Cette semaine, j’ai interrogé quelques responsables, Allemands, Néerlandais, Belges ou Italiens, qui gravitent dans la sphère européenne. Ils sont à la fois atterrés et pas très surpris. Pour beaucoup, le contexte de l’élection (le « vote utile »), les divisions du PS mais aussi le principe des primaires ne pouvaient que favoriser un tel échec. Ni Hollande, ni Valls pour le PS, mais un Hamon à peu près inconnu ? Tous ces sociaux-démocrates ne comprennent pas… En même temps, ils ont le sentiment que la vraie rupture date de 2005, quand le PS s’est divisé sur l’avenir de l’Europe. Et ils ont le sentiment que le programme de ce parti se limite aujourd’hui à une querelle d’égos sur un fond d’absence de programme et de réponses aux questions du plus grand nombre des Français.
Philippe Bernard (Londres) : L’effondrement du PS n’a guère été commenté ici. Mais il interroge directement sur l’avenir du Labour, lui aussi en plein chaos, pour d’autres raisons. La Berezina promise par les sondages aux travaillistes lors des législatives anticipées du 8 juin va sans doute accélérer le besoin de renouvellement, à la fois politique et humain d’un parti bousculé à la fois par l’impopularité record de son leader Jeremy Corbyn et par le choc du Brexit. Le Labour avait appelé à voter « contre », mais un tiers de ses électeurs, et beaucoup plus dans les zones populaires, n’ont pas suivi la consigne.
Thomas Wieder (Berlin) : Au peu d’articles qui ont été consacrés à Benoît Hamon avant et après le premier tour en Allemagne, je pense qu’on peut dire que c’est un sujet qui n’intéresse pas grand monde ici, outre-Rhin.
Jérôme Gautheret (Rome) : En Italie, la victoire de Benoît Hamon lors des primaires avait plutôt déconcerté les commentateurs, et sa campagne laborieuse n’a suscité qu’un intérêt poli. Matteo Renzi n’a pas manqué d’exploiter le résultat du premier tour de la présidentielle française pour attaquer la frange du Parti démocrate (PD) qui appelle à une inflexion à gauche de la ligne politique du PD, rappelant le résultat à l’élection française du candidat qui défendait cette ligne politique : 6 %.