Brexit : le coût du départ du Royaume-Uni au centre des négociations
Brexit : le coût du départ du Royaume-Uni au centre des négociations
Le Monde.fr avec AFP
Michel Barnier, désigné par les institutions et les Etats membres pour négocier au nom de l’UE, a refusé de qualifier de « facture » la somme qui sera demandée à Londres.
« Il ne s’agit pas d’une punition ni d’une taxe de sortie », a expliqué M. Barnier à l’occasion de la présentation de son mandat pour la négociation à venir. | ERIC VIDAL / REUTERS
Les comptes devront être soldés entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) à l’occasion du Brexit, a soutenu mercredi 3 mai le négociateur européen en chef Michel Barnier lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
« Il ne s’agit pas d’une punition ni d’une taxe de sortie », a dit M. Barnier à l’occasion de la présentation de son mandat pour la négociation à venir, proposé par la Commission aux vingt-sept Etats membres restants. L’objectif de M. Barnier et de son équipe est de se « mettre d’accord sur une méthodologie rigoureuse pour calculer ces engagements » financiers.
Le Français, désigné par les institutions et les Etats membres pour négocier au nom de l’UE, a refusé de qualifier de « facture » la somme qui sera demandée à Londres, mais aussi d’avancer un quelconque chiffre :
« Nous devons solder le passé, c’est clairement établi (...) mais quand bien même nous serons précis sur la méthodologie, on ne pourra pas donner les chiffres définitifs. »
« Des positions différentes »
Il s’agira bien sûr de respecter les engagements pris dans le cadre financier pluriannuel adopté en 2013, et qui court pour la période 2014-2020, a-t-il précisé. Ces sommes sont « engagées », et des « problèmes » seraient inévitables si les « programmes devaient être amputés ou suspendus ».
Mais la somme des engagements est susceptible d’évoluer, car le Royaume-Uni est encore membre de l’UE jusqu’à ce qu’il s’en retire officiellement, à la date prévue du 29 mars 2019, a expliqué Michel Barnier.
« Il y a sur cette question comme sur les autres des positions différentes » avec Londres, a encore reconnu le négociateur en chef. Cela était ressorti du dîner une semaine plus tôt entre lui, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et la première ministre britannique, Theresa May.
Le Brexit ne sera pas facile, a enfin souligné Michel Barnier, renvoyant la balle dans le camp britannique, qui doit encore se mettre en ordre de bataille après des élections prévues le 8 juin. Et de regretter : « Certains créent l’illusion que le Brexit n’aura pas d’impact matériel sur nos vies ou que les négociations pourraient être conclues rapidement. »
May accuse Bruxelles
De son côté, Theresa May a accusé des responsables européens de vouloir s’immiscer dans les élections législatives britanniques en faisant filtrer le contenu de leurs discussions sur le Brexit. « Certains à Bruxelles ne veulent pas le succès des négociations, ne veulent pas que le Royaume-Uni réussisse », a-t-elle dit devant sa résidence du 10 Downing Street, au retour d’une visite à la reine Elizabeth II pour lui annoncer la dissolution du Parlement, dans la perspective des législatives qu’elle a convoquées le 8 juin.
Ces propos s’inscrivent dans un moment difficile pour la dirigeante britannique à la suite d’un article paru dimanche dans un journal allemand. La Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) écrivait que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, estimait que Mme May vivait dans « une autre galaxie » concernant ses exigences de négociations à la sortie d’un dîner à Londres mercredi. Le lendemain, la chancelière allemande, Angela Merkel, avertissait Londres de ne pas se faire d’« illusions » sur les implications du divorce.
Pour Mme May, la position britannique a été « déformée par la presse continentale ».
« La Commission européenne a durci sa position de négociation. Des menaces ont été proférées contre le Royaume-Uni par des politiciens et responsables européens », a-t-elle encore dit.