La nouvelle mettra un peu de baume au cœur à l’exécutif : le pouvoir d’achat ne démissionne pas. Alors que la croissance mollit et ne devrait plus atteindre qu’1,6 % en 2018 – contre 1,7 % attendu jusqu’à présent – l’Institut national de la statistique et des études économique (Insee) a revu à la hausse ses prévisions dans son point de conjoncture du 4 octobre.

Non seulement l’indicateur phare de la rentrée aurait moins baissé que prévu au début de l’année, mais il se redresserait nettement plus qu’anticipé dans les derniers mois. Sa progression, au cours des troisième et quatrième trimestres, avoisinerait 0,5 % puis 1,7 % (contre 0,4 % et 1,5 % dans les précédentes estimations).

Ce rebond, très attendu, tient surtout à la suppression totale des cotisations chômage pour les actifs et à la baisse de 30 % de la taxe d’habitation pour huit ménages sur dix. Deux mesures auxquelles s’ajoutent les hausses de la prime d’activité et de l’allocation adulte handicapé. Quant aux salaires, ils devraient, selon l’Insee, continuer à s’étoffer, de 2 % en moyenne cette année. Résultat : le pouvoir d’achat augmenterait finalement en 2018 de 1,3 %, 0,3 point de plus que ce qui était prévu initialement.

L’élan sera-t-il suffisant pour faire taire les cassandres et les critiques qui ont fondu sur le gouvernement à la rentrée ? Difficile à dire.

Le taux d’épargne devrait se consolider

L’annonce, fin août, de la faible revalorisation des pensions de retraites, des allocations familiales et de l’aide personnalisée au logement (APL) a braqué l’opinion. « D’après nos enquêtes, les ménages n’ont pas intégré la hausse à venir du pouvoir d’achat », souligne Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee. La part de ceux qui estiment que le niveau de vie futur en France va s’améliorer au cours les douze prochains mois a même très fortement diminué en septembre.

La confiance s’étiolant, on ignore ce que les ménages feront des ressources supplémentaires que leur apporteront ces gains de pouvoir d’achat. Un partie non négligeable devrait être mise de côté, selon l’Insee, puisque le taux d’épargne, tombé à 13,7 % au premier trimestre, se consoliderait à 15,2 % en toute fin d’année.

Le reste servira-t-il à soutenir la consommation et donc la croissance ? En partie. Les dépenses des ménages se seraient franchement reprises au troisième trimestre et se maintiendraient au quatrième, à en croire l’Insee. Seulement, il s’agit d’une progression mécanique : les personnes qui avaient moins dépensé en transports et en énergie au printemps du fait des grèves et de températures assez douces, ont tout simplement retrouvé leurs habitudes.

La consommation dopée par les rabais de l’automobile

A ce retour à la normale, s’ajoute un autre phénomène qui dope les chiffres de la consommation. Les constructeurs automobiles ont écoulé une partie de leurs stocks cet été pour échapper aux règles sur les émissions de CO2 entrées en vigueur en septembre. La manœuvre accomplie à coup de gros rabais et en incitant les concessionnaires à acheter des modèles qui risquaient de ne pas passer les contrôles pour les écouler plus tard, a boosté les immatriculations de voitures neuves.

Pour l’année, l’Insee table au final sur une progression d’1,1 % des dépenses de consommation. Mais le comportement des ménages pourrait « surprendre, à la hausse comme à la baisse », mettent en garde les statisticiens. Des inflexions qui dépendront beaucoup de l’évolution des prix du pétrole. L’institut a fondé ses calculs du pouvoir d’achat sur un baril à 75 dollars. Un niveau qui ramènerait l’inflation à 1,8 % en décembre. Seulement, le Brent taquine plutôt aujourd’hui les 85 dollars.

La tendance générale, pour la fin de l’année, est malgré tout mieux orientée qu’au premier semestre. En plus du pouvoir d’achat, l’investissement des entreprises ne se dément pas et de grosses livraisons aéronautiques sont attendues cet hiver. Le produit intérieur brut (PIB) devrait donc croître à des rythmes plus conformes à ceux de la zone euro : 0,5 % puis 0,4 % aux troisième et quatrième trimestres.

Un marché de l’emploi encore dynamique

En décembre, selon l’Insee, le taux de chômage en France métropolitaine devrait s’élever à 8,9 %. Les créations d’emplois resteraient dynamiques dans le secteur tertiaire et la construction alors que l’industrie marquerait le pas. Sur l’année, 129 000 nouveaux postes verraient le jour. Beaucoup moins qu’en 2017, quand 342 000 postes avaient été créés.