Une fusion de groupes de presse néo-zélandais rejetée au nom de la démocratie
Une fusion de groupes de presse néo-zélandais rejetée au nom de la démocratie
Le Monde.fr avec AFP
Les deux entreprises voulaient se renforcer face à Google ou Facebook. Mais l’entité issue du rapprochement aurait contrôlé près de 90 % de la presse écrite du pays.
L’autorité néo-zélandaise de la concurrence a formellement rejeté, mercredi 3 mai, le projet de fusion des deux premiers groupes de presse et de médias néo-zélandais, y voyant une menace pour la démocratie. Les groupes NZME et Fairfax Media NZ avaient signé en septembre un accord de fusion qui devait leur permettre de se renforcer face à Google ou Facebook.
Fairfax Media NZ, filiale locale du groupe australien Fairfax Media, publie en Nouvelle-Zélande des titres comme The Dominion Post de Wellington ou The Press, un quotidien de Christchurch. Elle gère également le plus populaire des sites néo-zélandais d’information, stuff.co.nz. NZME est notamment propriétaire du New Zealand Herald, qui a le deuxième site le plus consulté, et de plusieurs radios.
Mais l’entité issue de la fusion aurait contrôlé près de 90 % de la presse écrite néo-zélandaise et touché une audience cumulée de 3,7 millions de personnes, soit plus de 80 % de la population, a estimé la Commission néo-zélandaise du commerce (NZCC), qui avait déjà émis en novembre 2016 un avis préliminaire défavorable.
« Ce niveau d’influence sur l’information et l’agenda politique par un seul groupe de médias pose un risque pour la démocratie néo-zélandaise et la population néo-zélandaise », a estimé la NZCC.
Le risque d’« une seule ligne éditoriale »
Le directeur général de Fairfax Media, Greg Hywood, a estimé que la NZCC avait « manqué à ses devoirs vis-à-vis de la Nouvelle-Zélande » en empêchant deux entreprises locales de se battre sur leur propre sol contre les géants de l’internet. « Cette décision ne permet pas de répondre au défi posé par les moteurs de recherche et les réseaux sociaux géants, qui ne font aucun journalisme local, emploient très peu de Néo-Zélandais et paient un niveau d’impôts locaux minime, si ce n’est nul », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Il a aussi averti que son groupe, qui a déjà supprimé des postes, allait devoir rechercher encore plus d’efficacité en termes de coûts.
Dans son rapport préliminaire, la NZCC avait relevé en novembre que la fusion déboucherait sur le niveau de concentration de la presse le plus élevé au monde après la Chine. La fusion créerait « une organisation multimédia qui pourrait avoir une seule ligne éditoriale, et qui serait de loin le premier producteur d’information aux niveaux national, régional et local », avait-elle dit.
Les deux groupes sont actuellement concurrents, notait la NZCC, ce qui permet d’éviter que des informations d’intérêt public ne soient enterrées et favorise aussi l’expression de points de vue divers. « La fusion proposée ferait disparaître le contrôle que les deux groupes exercent l’un sur l’autre », estimait la Commission.