Lors du débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 3 mai. | Jean-Claude Coutausse/French-politics pour "Le Monde"

Le débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, mercredi 4 mai au soir sur TF1 et France 2, a provoqué une vague de réactions dans le paysage politique français. A droite comme à gauche, les passes d’armes entre les deux prétendants à l’Elysée ont entraîné nombre de commentaires. Petit passage en revue.

  • Chez les soutiens des candidats

Richard Ferrand, le député du Finistère et secrétaire général d’En marche !, a estimé jeudi matin sur France 2 que Marine Le Pen avait « tiré [le débat] vers le bas » avec ses invectives et son agressivité. Son candidat, au contraire, a, selon lui, gardé son « sang-froid ».

« J’espère que le débat aura amplifié la dynamique en faveur d’Emmanuel Macron et que la prestation de Marine Le Pen qui a montré son vrai visage donnera envie aux Français de lui infliger une défaite. »

Florian Philippot, de son côté, a considéré que Marine Le Pen « a dominé ce débat parce qu’elle l’a acculé [Emmanuel Macron] à se montrer tel qu’il est véritablement ». « Moi, j’ai vu quelqu’un qui a du mal depuis le début de cette campagne à assumer qu’il est le candidat sortant, qui encore hier, avant-hier, a bénéficié d’un meeting de soutien du gouvernement tout entier de M. Cazeneuve. (…) Ç’a été dit et révélé clairement hier et, face à ça, le projet de Marine Le Pen apparaissait comme totalement différent, a réagi le vice-président du Front national jeudi matin sur CNews. Elle a exposé son projet par rapport à un candidat qui a été dans une continuité totale et ça a été révélé hier. »

Robert Ménard a, lui, reconnu que le débat n’était pas « à la hauteur des enjeux ». « Qui peut dire qu’[Emmanuel Macron] a répondu à toutes les questions ? Il n’a pas eu un mot pour dire qu’il condamnait les propos actuels de l’UOIF (…) Ça veut dire qu’à la veille d’un vote, on veut pas se foutre à dos une partie de la communauté musulmane », a également déclaré le maire de Béziers élu avec le soutien du FN.

  • A gauche :

Pour l’ancien premier ministre Manuel Valls, la candidate du Front national a montré « le vrai visage d’extrême droite », ce qui le pousse à « ne pas comprendre ceux ou celles qui ne prennent pas position » pour Emmanuel Macron :

« Nous sommes dans un moment crucial pour notre pays. Je salue d’ailleurs le fait que Macron ait gardé son calme dans ce moment-là. Après avoir vu ce débat, le vrai visage de l’extrême droite, il reste [quelque temps] pour que [les responsables politiques et les autres] prennent leurs responsabilités. Il faut s’engager, pas de pudeur dans ces moments-là. »

« Marine Le Pen abaisse le débat comme elle abaisse la France. Elle est indigne de la présider », a déclaré Olivier Faure. « Elle a montré dans le débat présidentiel ce qu’est le vrai visage du Front national. Violent, sectaire, insultant, mensonger. Elle a fait de ce débat une lamentable logorrhée de vulgarité », a ajouté le député socialiste de Seine-et-Marne sur son profil Facebook.

« Arguments contre insultes, programme contre anathèmes, stature contre désordre, solutions contre destruction. » Voilà comment Ségolène Royal a résumé le débat présidentiel entre les deux candidats dans un tweet. « Emmanuel Macron domine une candidate qui a pour stratégie de rendre le débat inaudible afin de masquer son manque de fond », a ajouté la candidate à l’élection présidentielle 2007.

  • A droite :

« Qu’elle a été mauvaise ! Brouillonne, agressive, sarcastique. Comment imaginer une telle personne présidente de la République », a fait valoir sur Twitter Alain Juppé, maire Les Républicains (LR) de Bordeaux et candidat malheureux à la primaire de la droite et du centre.

« Ça n’était pas un débat d’idées, ça n’était pas l’affrontement de deux projets, c’était un affrontement de personnes, presque un pugilat. Il y avait une réelle violence sur ce plateau, et j’ai trouvé cela très regrettable », a déploré le député LR Bernard Accoyer, jeudi sur LCP.

« Mme Le Pen, notamment sur les questions économiques et monétaires, n’avait pas de programme, ses positions sont pitoyables et elles conduiraient à un désastre économique pour la France, a attaqué le secrétaire général de LR. Quant à Emmanuel Macron, j’ai trouvé la faiblesse de certaines de ses réponses et le manque d’autorité assez inquiétants. »

De son côté, le député LR Eric Ciotti a jugé le débat « d’une médiocrité inédite ». « Où sont les Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy ? Certains doivent regretter leur vote du premier tour ! », s’est étranglé le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes.

« Bon boulot ce soir de Marine Le Pen qui, par son indignité, aura donné envie de voter Emmanuel Macron aux derniers hésitants », a fustigé mercredi soir, dans un tweet, Thierry Solère, député LR et organisateur de la primaire de la droite et du centre.

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