Une quinzaine de médias se disent interdits d’entrée à la soirée électorale du FN pour le second tour
Une quinzaine de médias se disent interdits d’entrée à la soirée électorale du FN pour le second tour
Le Monde.fr avec AFP
Le Front national, qui a refusé de laisser entrer des journalistes d’une quinzaine de médias, explique son choix en raison d’un « manque de place ».
Une quinzaine de médias ont dénoncé dimanche 7 mai une « interdiction » d’assister à la soirée électorale du Front national pour le second tour de la présidentielle. Sur Twitter, des journalistes des sites d’information en ligne Buzzfeed, Mediapart, Les Jours, Rue89, StreetPress, Politico, Bondy Blog, Explicite, Brut, Konbini, mais aussi de l’hebdomadaire Politis ou de l’émission « Quotidien » présentée sur TMC par Yann Barthès, ont indiqué s’être fait refuser l’accréditation par le parti d’extrême droite.
Un journaliste travaillant pour le mensuel américain The Atlantic a aussi dit s’être fait refuser l’accréditation, tout comme une journaliste de la télévision publique italienne Rai et un autre de la chaîne d’info britannique Sky News. Lors du premier tour, Mediapart, Quotidien et un journaliste de Marianne, récent co-auteur d’un livre-enquête sur Marine Le Pen, s’étaient déjà vu refuser l’accès à la soirée électorale d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
Pour expliquer son refus de laisser entrer des journalistes, le parti de Marine Le Pen a expliqué « manquer de place ». « Pas de place, plein de monde », a expliqué à l’AFP Alex Frederiksen, l’un des responsables de la presse au FN, au sujet de la soirée de dimanche. Même argument avancé par le directeur du service communication du parti d’extrême droite, Alain Vizier, interrogé par Le Monde : « Il n’y a que 300 places, il y a eu 600 demandes, jure-t-il. C’est pas un choix arbitraire, c’est en fonction de l’audience. »
Décision assumée côté FN. Alain Vizier: "y'a que 300 places, il y a eu 600 demandes". Sélection "en fonction de l’a… https://t.co/gj7Sc2HFOH
— olivierfaye (@Olivier Faye)
D’après des témoignages recueillis par l’AFP, plusieurs des journalistes refusés avaient pourtant fait leur demande d’accréditation en début de semaine. D’autres, au contraire, ont été accrédités malgré des demandes en fin de semaine.
« Le Monde » refuse d’assister à l’événement
En solidarité avec les médias concernés, Le Monde a décidé de ne pas être présent à cette soirée électorale, de même que Libération, L’Humanité ou encore Les Inrocks. Luc Bronner, directeur des rédactions du Monde, « condamne vivement cette attitude qui ne permet pas d’assurer correctement la couverture d’un moment démocratique majeur et qui témoigne, après plusieurs autres incidents, d’une conception dégradée de la liberté de la presse ».
Même attitude de la part du quotidien Libération. « Par solidarité pour nos confrères, la rédaction de Libération, qui ne sait pas à l’heure où nous écrivons ces lignes si elle est touchée par cette mesure, a décidé de ne pas se rendre à la soirée organisée par le parti d’extrême droite. Ces mesures anti-démocratiques et contraires à la liberté d’informer doivent cesser, comme l’intimidation des journalistes dans les meetings », a annoncé dans un article Johan Hufnagel, directeur adjoint du journal. « En guise de solidarité, nous boycottons également la soirée électorale du FN », a annoncé l’hebdomadaire Les Inrocks sur Twitter. Le journaliste de L’Humanité qui couvre le FN a aussi indiqué qu’il ne se rendrait pas à la soirée.
Les sociétés de journalistes de près d’une quarantaine de médias, dont Le Monde, avaient signé pendant l’entre-deux-tours une pétition protestant contre la décision du Front national de « choisir les médias autorisés à suivre Marine Le Pen » et dénonçant « une entrave à la liberté » d’informer.