En Allemagne, sévère défaite des sociaux-démocrates dans le Schleswig-Holstein
En Allemagne, sévère défaite des sociaux-démocrates dans le Schleswig-Holstein
Par Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
La CDU d’Angela Merkel creuse l’écart avec le SPD à l’approche des législatives du 24 septembre.
Le conservateur Daniel Günther, le 7 mai, après sa victoire à l’élection régionale dans le Schleswig-Holstein (Allemagne). | Christian Charisius / AP
Un mois après avoir été sévèrement battu par l’Union chrétienne-démocrate (CDU) dans la Sarre, le Parti social-démocrate allemand espérait prendre sa revanche dans le Schleswig-Holstein. Il n’en aura rien été. Dimanche 7 mai, la CDU de la chancelière Angela Merkel a largement remporté les élections régionales organisées dans ce Land, le plus septentrional du pays. Les sondages, certes, laissaient entrevoir une victoire des conservateurs. Mais pas d’une telle ampleur.
Avec 32 % des voix, la CDU devance en effet le SPD de cinq points (27,1 %). Or, personne n’imaginait un tel écart : le dernier sondage, publié jeudi par la chaîne de télévision ZDF, créditait la CDU de seulement trois points de plus que le SPD. En outre, avec près de 6 % des suffrages, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) parvient à sauver la face. Même si son score est plus faible que celui que les sondages lui prédisaient, son résultat est suffisant pour être représenté au parlement régional, ce qui n’était pas gagné après son délétère congrès organisé à Cologne les 22 et 23 avril, lors duquel ses dirigeants s’étaient littéralement entre-déchirés.
Une claque
Pour les sociaux-démocrates, la claque est d’autant plus sévère que les élections régionales, en Allemagne, profitent traditionnellement aux sortants. Le fait que le Schleswig-Holstein ait été gouverné depuis 2012 par une coalition dirigée par le SPD n’a donc aucunement profité à celui-ci. Au contraire, dimanche, les électeurs ont clairement préféré accorder leurs suffrages à une personnalité peu connue, le conservateur Daniel Günther, parfois affublé du sobriquet peu flatteur de « M. Nobody » (« M. Personne ») par la presse, plutôt qu’au ministre-président sortant, le social-démocrate Torsten Albig.
A moins de cinq mois des élections législatives du 24 septembre, ce résultat a également une portée nationale. Pour Martin Schulz, le président du SPD, qui espère succéder à Mme Merkel, c’est un signe inquiétant. Après l’annonce de sa candidature à la chancellerie, en janvier, le SPD avait bondi d’environ 10 points dans les intentions de vote. Dans la Sarre, le 26 mars, cette « Schulzmania », pour reprendre un terme apparu en début d’année outre-Rhin, ne s’était toutefois pas concrétisée dans les urnes : la ministre-présidente sortante de ce Land de l’ouest de l’Allemagne, Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU), l’avait largement emporté, devançant de onze points son adversaire social-démocrate. Un écart dont l’ampleur, comme celui de dimanche dans le Schleswig-Holstein, avait déjà surpris tout le monde.
Fébrilité
Préoccupants pour M. Schulz, les résultats des régionales organisées à un peu plus d’un mois d’intervalle dans la Sarre et le Schleswig-Holstein sont, à l’inverse, encourageants pour Mme Merkel. Il y a encore quelques mois, beaucoup, au sein de la CDU, se demandaient si la chancelière, en décidant d’être à nouveau candidate en 2017, ne briguait pas le mandat de trop. Or les victoires de Mme Kramp-Karrenbauer dans la Sarre et de M. Günther dans le Schleswig-Holstein peuvent aussi être interprétées comme des succès personnels pour Angela Merkel dans la mesure où, contrairement à d’autres à la CDU, ces deux personnalités ont toujours soutenu la politique de la chancelière, notamment sur la question des réfugiés.
Totalisant un peu moins de 4 millions d’habitants à eux deux, dans un pays qui en compte 81 millions, la Sarre et le Schleswig-Holstein ne peuvent pas prétendre représenter toute l’Allemagne. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait remarquer certains dirigeants du SPD, dimanche soir, expliquant que leurs défaites essuyées coup sur coup dans ces deux régions n’avaient pas valeur de présage pour la suite.
Le scrutin organisé dans le Schleswig-Holstein était l’avant-dernier rendez-vous électoral prévu avant les législatives du 24 septembre. D’ici là auront lieu, le 14 mai, de nouvelles élections régionales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Un scrutin dont les résultats sont attendus avec beaucoup plus de fébrilité que celui de ce dimanche. Actuellement dirigé par le SPD, ce Land de 18 millions d’habitants est en effet le plus peuplé du pays.