« C’est donc fait. Emmanuel Macron est élu président de la République. » Dépité, Mike Borowski a déploré, dimanche 7 mai sur YouTube, le verdict du second tour de la présidentielle. « Je rentre en résistance », a lâché le militant, créateur du site Lagauchematuer.fr, connu pour les nombreuses fausses informations qu’il diffuse. Comme nombre d’autres activistes opposés à François Hollande, il est passé sans attendre de l’opposition au chef d’Etat sortant, à celle à Emmanuel Macron, futur président pas encore investi.

Comme lui, toute la galaxie des anti-Hollande sur les réseaux sociaux a fait sa mue quasi instantanément dimanche 7 mai à 20 heures, à peine les résultats connus. Un sentiment illustré à l’avance par la couverture de Valeurs Actuelles du 27 avril : « Cinq ans de plus. Avec Macron, le cauchemar Hollande continue… »

De « Hollande dégage » à « Macron dégage »

Figure emblématique de cette tendance, la mouvance Hollande dégage s’est déjà muée en « Macron dégage », appelant ses quelque 800 000 abonnés sur Facebook à contester la légitimité du président à peine élu. « L’héritier », comme ils le surnomment, est déjà coupable à leurs yeux.

Facebook / Hollande Dégage

Même mot d’ordre chez le mouvement Hollande démission, créé par l’activiste David Van Hemelryck, qui s’est notamment illustré en huant François Hollande à plusieurs reprises lors des cérémonies du 14-Juillet ou du 11-Novembre. La page Facebook Dégageons Macron et le site Macron-degage.fr ont déjà été enregistrés.

Dans ces sphères, une petite phrase de François Hollande n’est pas passée inaperçue : « Macron, c’est moi. » La déclaration est rapportée par Gérard Davet et Fabrice Lhomme (par ailleurs journaliste au Monde) dans le livre Un président ne devrait pas dire ça (Stock, 2016). Les réseaux hostiles aux deux hommes l’ont prise au pied de la lettre : Emmanuel Macron au pouvoir, c’est « François Hollande, saison 2 ». Jusqu’à verser dans une forme de complotisme, imaginant le nouveau président en « homme de paille » de son prédécesseur.

Facebook

Les pages Facebook d’extrême droite identitaire, comme On aime la France, enfoncent le clou : l’élection d’Emmanuel Macron mériterait bien un « jour de deuil national » car « la France vient de s’éteindre ».

Dans la droite ligne des attaques de Marine Le Pen pendant le débat

Le haut niveau d’abstention (25,44 % au second tour selon le ministère de l’intérieur) et des votes blancs et nuls (environ 11,5 % des votants) incitent ces opposants de la première heure à instruire le procès en illégitimité d’Emmanuel Macron. Ce dernier a en effet réuni « seulement » 43,63 % des votes des inscrits, ce qui n’en fait pas le président le plus « mal élu » depuis 1965 (il fait mieux que Hollande en 2012 et Chirac en 1995 et autant que Sarkozy en 2007), mais est faible pour un second tour face à l’extrême droite.

Surtout, cette nébuleuse d’extrême droite poursuit les attaques, souvent mensongères, formulées par Marine Le Pen à l’encontre de son rival pendant le débat du 3 mai. Dans ces réseaux Emmanuel Macron est notamment accusé :

Bien souvent, ces mêmes pages Facebook et profils Twitter sont également ceux qui ont servi de caisse de résonance aux rumeurs de comptes offshore d’Emmanuel Macron et aux prétendues révélations des « MacronLeaks » dans les derniers jours avant le scrutin du 7 mai.

Malgré leur caractère souvent outrancier et des campagnes de propagande basée sur de nombreux mensonges et aux frontières du complotisme, ces mouvances ont démontré, depuis 2012, leur capacité de nuisance. En témoigne la polémique sur le prétendu enseignement de la « théorie du genre » à l’école, qui a débouché sur les « journées de retrait de l’école », ou encore la forte mobilisation autour de la Manif pour tous.