Indonésie : l’ex-gouverneur de Djakarta condamné à deux ans de prison pour « blasphème »
Indonésie : l’ex-gouverneur de Djakarta condamné à deux ans de prison pour « blasphème »
Le Monde.fr avec AFP
Basuki Tjahaja Purnama, battu fin avril aux élections, est encore en poste jusqu’en octobre. Il est issu de la minorité chrétienne.
Basuki Tjahaja Purnama, dit « Ahok », ancien gouverneur, arrive dans la salle d’audience du tribunal de Djakarta pour l’énoncé de son verdict, le 9 mai. | BAY ISMOYO / AFP
Le gouverneur chrétien de Djakarta a été condamné mardi 9 mai à deux ans de prison pour insulte à l’islam, au terme d’une longue saga judiciaire dans le plus grand pays musulman au monde.
Un juge du tribunal de Djakarta a estimé que Basuki Tjahaja Purnama, plus connu sous par son surnom « Ahok », battu fin avril aux élections mais encore en poste jusqu’en octobre, était « coupable de blasphème », et a ordonné son incarcération.
Ce procès était largement considéré comme un test pour la tolérance religieuse dans le plus grand pays musulman du monde. 90 % des 255 millions d’Indonésiens sont musulmans. Fin avril, le ministère public avait requis un an de prison à l’encontre du gouverneur.
Colère des organisations islamistes
« Ahok » avait ironisé en septembre 2016 contre ceux qui s’opposaient à sa réélection en raison de son origine chinoise et de sa confession chrétienne. Lors d’un meeting, il avait demandé aux musulmans d’ignorer cette sourate du Coran : « O les croyants ! Ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens. Ils sont les amis les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour amis devient un des leurs. »
La déclaration avait aussitôt déclenché la colère des organisations islamistes extrémistes. Deux grandes manifestations avaient réuni des centaines de milliers de personnes à l’appel de la milice du Front des défenseurs de l’islam (FPI).
Ahok, premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, avait accédé automatiquement à cette fonction en 2014, après l’élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, dont il était alors l’adjoint.
L’influent poste de gouverneur de la capitale de 10 millions d’habitants est considéré comme un tremplin pour l’élection présidentielle de 2019.