Un membre des forces anti-émeutes lors d’une manifestation d’étudiants, à Tunis, le 14 avril 2017. | ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS

L’armée tunisienne protègera dorénavant les sites de production des mouvements sociaux susceptibles d’empêcher leur exploitation, a annoncé mercredi 10 mai lors d’un discours officiel le président tunisien Béji Caïd Essebsi.

« Nous savons que c’est une décision grave mais qui doit être prise, a ajouté le chef de l’Etat lors de cette allocution prononcée au Palais des Congrès de Tunis devant 200 personnes. Toute personne voulant manifester manifeste dans le cadre de la loi (…) La démocratie, sa condition c’est l’Etat de droit ».

« La route est pour tout le monde »

Le gouvernement d’union de Youssef Chahed, à l’image de ses prédécesseurs, est confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions de l’intérieur du pays. Les mouvements sociaux prennent parfois l’allure de sit-in bloquant les accès à certains sites de production.

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« S’ils (les manifestants) se mettent en colère, ils bloquent la route. La route est pour tout le monde et l’Etat doit faire face à cela », a notamment relevé Béji Caïd Essebsi lors de ce discours qui a fait l’objet de nombreuses spéculations au cours des derniers jours.

Il a notamment cité l’industrie du phosphate, dans le bassin minier de Gafsa (centre), qui « s’est arrêtée pendant cinq ans ».

« On a quoi ? On a le phosphate, le pétrole et le tourisme, on a l’agriculture », dont « l’huile d’olive ». « L’Etat doit aussi protéger les ressources du peuple tunisien », a clamé M. Caïd Essebsi.

Si la Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, a réussi jusqu’à présent sa transition politique, elle n’arrive pas à relancer son économie, six ans après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali.

Tandis que le déficit public continue de se creuser, la croissance a plafonné à 1 % l’an dernier. Les autorités tunisiennes espèrent un taux d’environ 2,5 % en 2017.