Formule 1 : Barcelone, un avant pour quel après ?
Formule 1 : Barcelone, un avant pour quel après ?
Par Catherine Pacary
Traditionnellement synonyme d’ajustements, de réorientation ou de confirmation, le Grand Prix d’Espagne de dimanche marque aussi le retour du championnat en Europe.
Le Britannique Lewis Hamilton sur Mercedes a réalisé le meilleur temps de la 2e séance d’essais libres, vendredi 12 mai à Montmelo (Espagne) devant son coéquipier Valtteri Bottas et les deux Ferrari rouges. | MANU FERNANDEZ / AP
Il y a un avant et un après Barcelone, c’est ainsi depuis 1991 et le premier Grand Prix organisé dans la capitale catalane. Le 5e rendez-vous de la saison du championnat du monde de Formule 1, ce dimanche 14 mai, marque un tournant pour les pilotes, qui retrouvent le circuit de Montmelo six mois après les essais hivernaux. Les conditions climatiques ont changé, les équipes sont rodées, Mercedes annonce avoir fait de nombreux ajustements techniques et Ferrari communique peu. Preuve de l’enjeu de ce rendez-vous qu’il est important de bien négocier.
Au sens géographique, le Grand Prix d’Espagne lance les manches européennes du championnat, avant Monaco le 28 mai, et jusqu’à Monza en septembre. Les constructeurs, essentiellement européens, se savent observés. Au sens tactique, Barcelone est l’occasion de confirmer un début de saison ou de tenter une nouvelle orientation. Au sens sportif, idéalement positionné dans le calendrier au terme d’une phase d’adaptation, il est souvent le théâtre de grandes révélations.
Impossible alors de résister au plaisir de citer 1996, et la vision d’un Michaël Schumacher capable de rouler sur l’eau, auteur d’une victoire impressionnante après un départ du 8e rang, sous un déluge de pluie. Jusqu’au duel épique avec le Canadien Jacques Villeneuve, trois tours roue dans roue avant, dans lequel celui qui n’est alors que double champion du monde trouve la faille et l’emporte. C’est la première victoire de « Schumi » à Barcelone au volant d’une Ferrari.
Un autre « virage » pour Mercedes
Plus près de nous, en 2016, Barcelone révèle le plus jeune pilote de F1 de tous les temps, Max Verstappen, à peine 18 ans, qui remporte son premier Grand Prix. « Il pilote dans une autre dimension », s’enthousiasme alors le quotidien sportif L’Equipe. « Je veux exploser tous les records : les records de victoires, de titres mondiaux. (…) Je me moque de mon âge. Je veux juste remporter le championnat du monde », explose alors le prodige néerlandais.
Mais, s’il s’est depuis octroyé 7 podiums, il n’est plus jamais monté sur la plus haute marche. Certes, sa Red Bull 2016 n’est pas celle de l’an dernier et son moteur Renault manque de fiabilité et d’agressivité. Douze mois ont fait mûrir le jeune homme : « Nous devons être patients et tester un maximum de nouvelles pièces et configurations ce week-end, explique-t-il le 7 mai. J’espère que nous pourrons réduire l’écart avec les top teams, du moins être capables de les suivre. Ce serait déjà un pas dans la bonne direction. » Il y a un an, il avait su profiter de l’incroyable erreur des deux pilotes Mercedes, récupérés dans les graviers dès le 4e virage après l’accrochage entre Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Un tournant pour Mercedes.
Ce week-end, Barcelone peut signifier pour Mercedes, un tout autre « virage », dans la hiérarchie de ses pilotes cette fois. Après sa course « bizarre » en Russie, le leader Lewis Hamilton se positionne, si l’on en croit ses propos d’avant course, non plus en vainqueur mais en soutien de son nouveau coéquipier Valtteri Bottas, vainqueur de son premier Grand Prix à Sotchi.
Une victoire dont il s’est dit « très content et très fier », avant de formuler un souhait pour le 14 mai : « J’aurais aimé être en soutien [à Sotchi] pour qu’on fasse le doublé, on va travailler pour y parvenir peut-être ce week-end. » Le Britannique aurait-il perdu son appétit pour la couronne, après avoir raté le podium il y a quinze jours, ce qui ne lui était pas arrivé depuis huit Grands Prix ? Arrivé dans la capitale catalane avec ses deux bouledogues, Lewis Hamilton est apparu très décontracté, autorisant même l’un d’eux, Roscoe, à pénétrer dans les paddocks. Une double stratégie pour endormir l’adversaire ? Possible au vu de sa pôle position obtenue samedi.
Like father, Like son 😂 📸 x Steve Etherington @MercedesAMGF1 https://t.co/RxFC1cX5bg
— LewisHamilton (@Lewis Hamilton)
Une ligne droite pour Alonso
L’adversaire, c’est Ferrari, emmené par l’Allemand Sébastien Vettel, actuellement en tête du championnat des pilotes (avec 86 points devant Lewis Hamilton, 73 points et Valtteri Bottas 63 points). Tout proche, juste derrière les Mercedes, son coéquipier Kimi Räikkönen se classe 4e (49 points). Une surprise de ce début de saison que la Scuderia espère pouvoir confirmer. Les pilotes de leur côté affichent une grande proximité, Sebastian Vettel prenant même la défense de son coéquipier néerlandais le 7 mai, assurant : « [Kimi Räikkönen] n’a pas eu les courses qu’il méritait. A Bahreïn, par exemple, son départ et le premier tour lui ont coûté gros, sans quoi il serait monté sur le podium. »
Difficile séance d’essais le 12 mai pour Fernando Alonso (McLaren), qui signe le dernier temps en accomplissant le moins de tours de tous les pilotes du plateau. | MANU FERNANDEZ / AP
En bas de tableau, Fernando Alonso aborde Barcelonne non comme un virage mais comme la dernière ligne droite – la plus longue du championnat avec 1,2 km – avant l’ovale, puisque le double champion du monde a décidé de zapper le Grand Prix de F1 de Monaco (déjà remporté deux fois) du 28 mai pour les 500 Miles d’Indianapolis.
Une réorientation de ses objectifs, de toute façon compromis cette saison en F1 au vu des très faibles performances du moteur Honda de sa McLaren. Son public, lui, est au rendez-vous. Palmarès en berne ou pas, des centaines de fans inconditionnels l’attendent chaque année pour « son » Grand Prix à domicile. Fernando Alonso, seul Espagnol de l’histoire de la F1 sacré champion du monde des pilotes.