C’est probablement la tablette la plus attirante depuis l’iPad Air de 2013. A l’époque, Apple avait revisité le dessin des iPad en profondeur et esquissé ces lignes iconiques qui ont traversé les années jusqu’en 2018.

Le nouvel iPad Pro 11, sorti mardi 6 novembre, rompt avec cet illustre dessin en amincissant drastiquement les marges qui entourent son écran. Cette nouvelle tablette capture le regard, plus que ses prédécesseurs ou que les tablettes concurrentes siglées Samsung, Huawei ou Microsoft.

  • Un prix qui change tout

Si l’objet coûtait 500 euros, comme jadis les iPad haut de gamme, les choses seraient simples : beaucoup de consommateurs envisageraient de se procurer ce nouveau modèle. Mais l’année 2016 a changé la donne avec l’apparition de la très coûteuse gamme Pro des iPad. Le Pro 11 que nous testons aujourd’hui se hisse au tarif record de 900 euros pour le modèle de base, avec sa mémoire un peu serrée de 64 Go, ou 1 070 euros en version 256 Go.

Ces tarifs sont tellement élitistes qu’ils forcent à poser un regard froid et rationnel sur cet objet pourtant si séduisant. Est-ce réellement une tablette nettement plus utile et plus agréable que les anciens iPad ?

Pour le savoir, nous avons comparé le Pro 11 à deux anciens modèles d’iPad : le premier iPad Pro de 2016, que certains utilisateurs songent désormais à renouveler. Et l’iPad Air 2, sorti en 2014, une cuvée tout à fait exceptionnelle. Cette tablette constitue un excellent point de comparaison car, depuis sa sortie, l’entrée de gamme des iPad s’est très peu améliorée.

L’excellent iPad Air 2 sorti en 2014 à côté du tout nouvel iPad Pro 11. / NICOLAS SIX / LE MONDE

  • Un écran plus agréable

L’écran du Pro 11 est nettement plus grand, la différence est spectaculaire lorsqu’on lit une vidéo, d’autant que ses haut-parleurs diffusent un son particulièrement puissant et détaillé. Mais lorsqu’on parcourt un magazine ou un site Internet, l’écart est moins flagrant. Le texte est seulement légèrement plus grand.

Les textes s’affichent souvent légèrement plus grands sur l’iPad 11 pouces, comme si la police sautait d’un petit cran, en passant d’une taille 10 à une taille 11. / NICOLAS SIX / LE MONDE

La raison est simple : l’écran de l’iPad Pro 11 a surtout grandi dans le sens de la hauteur. Quelques lignes de texte en plus s’affichent donc tout en bas, mais cela bouleverse rarement l’usage des applications.

La qualité de l’écran du nouvel iPad Pro est notablement plus agréable que celle des tablettes d’ancienne génération comme l’iPad de 2014. Ses couleurs sont plus justes, plus naturelles, son contraste est supérieur. En outre, les pages Internet donnent l’impression de défiler de manière plus fluide. Ces atouts sautent moins aux yeux lorsqu’on compare le nouvel iPad à l’iPad Pro de 2016, doté d’un meilleur écran.

Le dessin classique de l’iPad comporte d’importantes marges supérieures et inférieures que l’iPad Pro 11 gomme en grande partie. / NICOLAS SIX / LE MONDE

  • Un confort en main qui régresse

Les bords étroits du Pro 11 compliquent sa prise en main. Ses tranches en angle droit sont moins douces dans la paume que celles des anciens iPad aux coins arrondis. Il est plus long et plus large d’un centimètre. Son poids est de 30 grammes plus lourd que celui des millésimes 2014 et 2016.

A noter, au bas de l’écran de l’iPad 11, que la traditionnelle touche ronde a disparu. Désormais, pour revenir à l’écran d’accueil, il faut faire glisser un doigt vers le haut. Les menus de l’iPad sont bouleversés, mais on apprend vite à les maîtriser tant les nouvelles commandes sont limpides et agréables. Le lecteur d’empreintes digitales disparaît, remplacé par le système de reconnaissance de visage qui équipe déjà les iPhone. Grâce à lui, le déverrouillage de la tablette est plus serein – on l’oublie même souvent.

Les tranches de l’iPad Pro 11 sont carrées, et donc moins confortables que celles des plus vieux modèles. / NICOLAS SIX / LE MONDE

  • Plus rapide, mais pour quoi faire ?

L’iPad Pro 11 est doté d’un cœur extrêmement performant, à la hauteur d’un ordinateur portable haut de gamme. Comparativement à un iPad de 2014, le Pro 11 se montre plus agréable lorsqu’on surfe sur Internet : les pages s’affichent nettement plus vite. Toutefois, l’écart de vivacité est beaucoup moins sensible lorsqu’on consulte des vidéos, qu’on lit de la musique, qu’on saisit un e-mail ou qu’on édite un document léger. En outre, les menus du nouvel iPad se montrent rarement plus fluides, même si certaines applications s’ouvrent plus rapidement.

Idem lorsqu’on lance un jeu 3D récent. Le jeu de course Asphalt 9, particulièrement gourmand, s’affiche par exemple presque à l’identique, ses graphismes ne sont que très légèrement améliorés. Seule une petite poignée de jeux extrêmement gourmands, comme Fortnite, s’avère nettement plus fluide.

Ce sont surtout les logiciels de création numérique – photo, dessin, montage vidéo – qui profitent beaucoup du cœur vaillant du Pro 11. Leurs menus sont plus fluides, et les temps d’attente sont beaucoup plus courts. Pour un usage créatif, la différence est frappante, surtout pour les professionnels pressés. D’autant que le dernier iPad capture des photos et vidéos de haute qualité. L’écart de performances est presque aussi notable lorsqu’on compare le Pro 11 à l’iPad Pro de 2016.

  • Guère plus capable de remplacer un ordinateur

L’iPad Pro ne change en revanche quasiment rien à l’équation : il remplace difficilement un ordinateur. Il n’en a pas la polyvalence, car son catalogue d’applications fait l’impasse sur de nombreux logiciels PC ou Mac. La suite Office de Microsoft et le Creative Cloud d’Adobe sont partiellement disponibles, mais il s’agit souvent de versions allégées, privées de nombreuses fonctions.

La mémoire du Pro 11 demeure difficile d’accès. Il demeure impossible de raccorder une clé USB ou un disque dur à l’iPad. C’est d’autant plus gênant que sa mémoire n’est pas extensible. En outre, le logiciel qui permet d’explorer cette mémoire est trop sommaire.

Le Pro 11 a néanmoins des qualités que les ordinateurs ont rarement, voire pas du tout. Il permet de prendre des schémas et des notes plus libres grâce à son stylet facturé 130 euros, qui se recharge sans fil quand on le colle à l’iPad. Il risque donc beaucoup moins de tomber en panne de batterie. A noter, l’ancien stylet Apple n’est pas compatible avec le Pro 11. Pour exploiter cet excellent stylet, le catalogue d’applications créatives de l’iPad est imbattable, surtout pour le dessin.

L’iPad Pro 11 troque la prise Lightning d’Apple pour la prise universelle USB-C. / NICOLAS SIX / LE MONDE

  • En conclusion

Beaucoup de consommateurs se contentent d’un vieil iPad, à raison, puisque la tablette de base d’Apple a fort peu évolué ces quatre dernières années. Apple a préféré concentrer sa capacité d’innovation sur les modèles Pro, si bien que l’écart avec les iPad ordinaires est aujourd’hui devenu flagrant.

Difficile de ne pas percevoir que l’écran du Pro 11 est meilleur que ceux des iPad classiques sortis entre 2014 et 2018, comme ses haut-parleurs, ou encore son appareil photo. Difficile de ne pas remarquer que son dessin s’est affiné et que, dans certains contextes, il se montre plus rapide.

On peut cependant se demander si ces améliorations débouchent sur un gain frappant au quotidien, pour un usage simple et détendu de la tablette. Les iPad classiques sortis depuis 2014 demeurent très agréables à utiliser lorsqu’on ne leur en demande pas trop. Dans ce cadre, l’iPad Pro 11 n’apporte pas un bouleversement justifiant une dépense de 900 euros, à moins d’avoir les poches particulièrement profondes.

Ce sont les utilisateurs pressés et exigeants qui profiteront vraiment des atouts du Pro 11, tout particulièrement les professionnels. Même ceux déjà équipés d’un iPad Pro de 2016, car le Pro 11 est plus rapide et agréable. Pas certain, en revanche, que les possesseurs d’iPad Pro 10,5 pouces (2017) soient frappés par les améliorations.

L’iPad Pro 11 est plutôt pour vous si :

  • vous regardez beaucoup de vidéos ;
  • vous êtes très sensible aux couleurs et vous aimez dessiner ;
  • vous utilisez votre iPad pour la vidéo, la photo, la création graphique ;
  • vous ne craignez pas d’afficher un signe extérieur de richesse.

Un ancien iPad suffit, surtout s’il date d’après 2013, si :

  • votre tablette est synonyme de détente au lit ou dans le canapé ;
  • vous êtes heureux de votre iPad actuel.