François Hollande laisse-t-il la France dans un meilleur état qu’il ne l’a trouvée en 2012 ?
François Hollande laisse-t-il la France dans un meilleur état qu’il ne l’a trouvée en 2012 ?
Par Eléa Pommiers, Maxime Delrue
Après avoir quitté l’Elysée, l’ancien chef de l’Etat s’est félicité devant ses soutiens de laisser la France dans un meilleur état qu’elle ne l’était y a cinq ans. Qu’en est-il ?
Pour François Hollande, la France est dans un meilleur état que lorsqu’il est arrivé à la présidence en 2012. | Thibault Camus / AP
A peine a-t-il quitté l’Elysée que l’heure est au bilan. Un an après le « ça va mieux » qu’il avait martelé au printemps 2016, François Hollande n’en démord pas : « Je laisse un pays dans un état bien meilleur que celui que j’ai trouvé », a-t-il affirmé devant ses fidèles, réunis au siège du Parti socialiste, rue de Solférino, à Paris.
Il y a un an, il faisait déjà référence à la situation économique du pays. L’augmentation de la croissance ou l’amélioration de la santé des entreprises laissait croire à une embellie, après un quinquennat marqué par une croissance atone et un chômage record. Mais la reprise de l’économie restait très fragile. L’année qui vient de s’écouler a cependant confirmé la tendance. Tour d’horizon chiffré de l’économie à la fin du quinquennat Hollande.
La croissance : situation meilleure
La croissance du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire de la richesse nationale, témoigne d’une nette amélioration depuis 2012. Elle s’élevait à peine à 0,2 % l’année de la prise de fonction de François Hollande, et elle atteint 1,2 % en 2016, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ce chiffre confirme la tendance amorcée en 2015 (1,3 % de croissance) après trois années de quasi-stagnation.
La croissance française restait inférieure à celle de la zone euro (1,8 % selon Eurostat) en 2016, mais cela ne devrait plus être le cas en 2017. L’Insee notait fin mars que la croissance en France s’élèverait à 1,1 % à la mi-2017, rejoignant ainsi le rythme de la zone euro. Fin 2016, l’institut soulignait que cette croissance était tirée par la demande interne, tandis que le commerce extérieur stimulerait la croissance au premier trimestre 2017.
Il faut toutefois noter que ces résultats, même s’ils sont meilleurs qu’en 2012, restent très inférieurs à ce que François Hollande prévoyait dans son programme (2,25 % par an entre 2015 et 2017).
Le chômage : situation pas meilleure mais encourageante
Il avait promis une inversion la courbe du chômage avant la fin de son mandat. Elle est très timide, mais on observe effectivement une tendance à la baisse du nombre de demandeurs d’emplois depuis un an.
Ces résultats tardifs restent pourtant très insuffisants pour considérer que la situation de l’emploi est meilleure qu’en 2012. Certes, le taux de chômage au premier trimestre 2017 est de 9,7 % (selon les chiffres du Bureau international du travail), à peine plus élevé qu’à l’élection de François Hollande (9,3 %). Mais le nombre de chômeurs sans aucune activité a bondi de 585 500 en cinq ans, soit une hausse de 26 %.
Ce bilan négatif est toutefois à nuancer. Les projets de recrutement des entreprises sont au plus haut depuis 2012 et ont augmenté de 8,2 % entre 2016 et 2017, selon Pôle emploi. Depuis 2015, les créations nettes d’emplois ont retrouvé leur niveau d’avant crise et ne cessent d’augmenter. L’Insee prévoit d’ailleurs une nouvelle baisse du chômage d’ici le milieu de l’année. Enfin, alors que les embauches en CDI diminuaient de 10 % en 2012, elles ont augmenté de 11,3 % en 2016, selon le ministère du travail.
Le déficit public : situation meilleure mais insuffisante
François Hollande a échoué à ramener le déficit à moins de 3 % du PIB dès 2013, comme il l’avait promis. Mais les finances publiques sont dans une bien meilleure situation qu’en 2012, lorsque François Hollande est arrivé au pouvoir. A l’époque, le déficit s’élevait à 4,8 % du PIB, il est désormais de 3,4 % (3,6 % en 2015).
Ce résultat reste cependant mitigé. Il est supérieur aux exigences budgétaires européennes (3 % maximum), que la France s’est engagée à respecter en 2017. Le gouvernement sortant tablait sur 2,8 % à la fin de l’année, mais la Commission européenne prévoit tout juste 3 %. La persistance de ce déficit a conduit à une nette augmentation de la dette publique, qui s’élève aujourd’hui à 96 % du PIB (87,5 % en 2012).
Le déficit persistant s’explique par la différence entre les dépenses et les recettes de l’Etat. Les dépenses publiques ont diminué depuis 2013, passant de 57,5 % à 56,2 % du PIB. Quant aux recettes, elles s’établissaient à 52,8 % du PIB, avec un taux de prélèvements obligatoires en baisse (44,3 % du PIB en 2016 contre 44,8 % en 2013). Difficile toutefois de tirer un bilan normatif de ces chiffres sans évaluation des services publics qui en découlent, et de leur qualité.
Pouvoir d’achat et consommation : la situation s’améliore
Après deux années de baisse, le pouvoir d’achat est reparti à la hausse à partir de 2014. Il a augmenté de 1,5 % en 2015 puis de 1,9 % en 2016. Une nuance tout de même : il ne s’agit que d’un indicateur général sur la population française, pas de situations individuelles. Tous les Français ne bénéficient donc pas de cette hausse.
Autre indicateur de la santé du budget des ménages : la consommation de biens a augmenté en dents de scie depuis 2013. Aujourd’hui à plus de 44 milliards d’euros, elle se situait à un peu moins de 43 milliards en 2012. Elle dépasse même son niveau d’avant crise, légèrement sous 43 milliards d’euros.
Le logement : la situation s’améliore
Point noir majeur du début de quinquennat, le marché du logement est reparti à la hausse en 2016. Le nombre de logements autorisés a augmenté de 14,5 % entre avril 2016 et mars 2017 avec 465 100 logements cumulés, d’après les chiffres du ministère de l’environnement. Cette augmentation ne permet toutefois pas de combler les pertes enregistrées entre 2012 et 2016. En mars 2012, plus de 510 000 logements avaient été autorisés, ils ne seront que 465 000 cinq ans plus tard.
Ces chiffres se retrouvent en filigrane dans ceux de l’investissement des ménages dans l’immobilier. Après quatre ans de baisse, la contribution de l’investissement des ménages en construction est repartie à la hausse en 2016 à + 1,4 %. Les prévisions de l’Insee tablent sur une augmentation de 1,9 % en 2017.
Investissement des ménages en bâtiment et mise en chantier autorisées | Insee
Il faut cependant reconnaître que toujours plus de Français ont accès à la propriété : début 2015, 62,6 % des ménages de métropole disposaient d’un bien immobilier, contre 61,7 % cinq ans plus tôt, rappelle l’institut de statistiques.
Les entreprises : la situation est meilleure
Défaillances d’entreprises en baisse, amélioration des taux de marge, hausse de l’investissement… les indicateurs sont également au vert pour les entreprises, portées par une conjoncture favorable, et des politiques stimulantes comme le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Le taux de marge des entreprises non financières, condition nécessaire à l’investissement, est remonté à 31,7 % en 2016, après avoir atteint un plancher inédit en 2014 (29,7 %).
Il s’accompagne d’une reprise progressive de l’investissement des entreprises, qui va de pair avec une meilleure confiance des acteurs économiques. Les chiffres de l’Insee montrent ainsi un investissement dans l’industrie globalement en hausse depuis 2014.
Les marchés boursiers ont par ailleurs réagi positivement à l’élection d’Emmanuel Macron, éloignant le spectre d’une sortie de l’euro en cas de victoire de Marine Le Pen. Le nouveau président débute donc son quinquennat sous de bien meilleurs auspices que son prédécesseur, mais sous un niveau d’exigence tout aussi élevé. La Commission européenne lui a d’ores et déjà rappelé l’impérative nécessité de respecter les engagements européens.