TV : « Baisers cachés », le calvaire de deux garçons qui s’aiment
TV : « Baisers cachés », le calvaire de deux garçons qui s’aiment
Par Véronique Cauhapé
Notre choix du soir. A travers l’histoire d’amour de deux adolescents « Baisers cachés » souligne le long chemin qu’il reste à faire pour lutter contre l’homophobie (sur France 2 à 20 h 55).
Baisers cachés - Heimliche Küsse | Gayfilm 2016 [Full HD Trailer]
Ils ont 16 ans, le visage et l’allure à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte, une vie à venir qu’ils voudraient pleine de promesses. Pas de raison de douter de ces lendemains joyeux qu’annoncent les premiers émois amoureux. Si ce n’est, pour eux, cette attirance mutuelle qui, lors d’une fête, les conduit à s’embrasser à l’abri des regards. Du moins, le croient-ils.
Un témoin a immortalisé l’instant, la photo du baiser caché se répand sur les téléphones portables et fait le tour du lycée à la façon d’un tsunami dont ils vont être les premières victimes. Nathan (Béranger Anceaux) et Louis (Jules Houplain) ne vont pas longtemps ignorer ce que l’amour entre deux garçons peut entraîner de rejet, de haine, de violences verbale et physique. Au sein du cercle amical, mais aussi familial.
Car si le père de Nathan, Stéphane (Patrick Timsit), d’abord choqué et mal à l’aise, finit par accepter l’homosexualité de son fils, les parents de Louis, eux, tentent par tous les moyens – mise à l’écart, enfermement… – de ramener leur garçon sur « le droit chemin ».
Berenger Anceaux et Jules Houplain dans "Baisers Cachés", de Didier Bivel | Jean-philippe BALTEL / Jean-Philippe BALTEL/LIZLAND/FTV
On croit parfois que le scénario (signé Jérôme Larcher) pousse le bouchon un peu loin, tant sont insoutenables les insultes, les mots qui s’expriment, les coups qui tombent et les silences qui s’installent. Mais non. La réalité, en 2017, ne fait pas de cadeau à la fiction, qui l’oblige à mettre en scène des situations dont les excès ne sont généralement pas d’un grand secours pour la crédibilité de l’histoire et des personnages. Ici, tout est vrai, existe et se produit. Si l’on veut en rendre compte, il faut bien en passer par là : montrer la bêtise dans son expression la plus brutale, convoquer la lâcheté et l’obscurantisme, faire exulter la cruauté.
Diffusé dans le cadre d’une soirée consacrée à la lutte contre l’homophobie, Baisers cachés remplit son contrat : sensibiliser en montrant, dénoncer en émouvant. Certes, le téléfilm de Didier Bivel use de caractères stéréotypés et emprunte parfois des sentiers dont on connaît à l’avance les issues. La visée pédagogique du projet l’y a probablement contraint. Il n’empêche que Baisers cachés bouscule et touche sans ruse ni effets.
Baisers cachés, de Didier Bivel. Avec Patrick Timsit, Catherine Jacob, Béranger Anceaux, Jules Houplain (Fr., 2015, 80 min).