TV : « Prison de femmes », plongée dans l’ordinaire de détenues de longue durée
TV : « Prison de femmes », plongée dans l’ordinaire de détenues de longue durée
Par Joël Morio
Notre choix du week-end. Durant six mois, Eric Lemasson a suivi le quotidien des détenues de la prison de Rennes qui témoignent à visage découvert (dimanche 21 mai sur TF1 à 13 h 30).
Le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes. | TF1
C’est à une visite surprenante que nous invite « Grands Reportages », celle d’une prison comme on en voit rarement à la télévision. Une prison qui détient des condamnées à de très longues peines. Des femmes donc, dont Eric Lemasson a partagé l’intimité pendant plusieurs mois. Cette plongée nous fait découvrir un monde inédit, loin des images que l’on s’en fait ou qui sont habituellement diffusées. « Il y a tout ce que l’on voit dans l’actualité sur les maisons d’arrêt et le problème de la surpopulation carcérale avec les cellules à plusieurs, la violence… Cela concerne les petites peines. Dans Prison de femmes, nous montrons une tout autre catégorie de prison que l’on ne connaît pas et dont on ne se doute pas », explique le journaliste.
À Rennes, au sein de la plus grande prison de femmes d’Europe, pas de violence visible, pas de surpopulation carcérale. Des détenues de tous âges vivent seules, dans de minuscules cellules qu’elles ont redécorées pour rendre l’enfermement plus supportable. Elles se reçoivent entre elles pour prendre « l’apéro », soit un verre de limonade. Elles se préparent des petits plats afin d’améliorer la nourriture qu’on leur donne. Elles font de l’elliptique pour se maintenir en forme. Elles passent chez le coiffeur. Elles travaillent dans un atelier de couture pour percevoir un salaire qui peut atteindre 600 euros mensuels et dont une partie est reversée aux victimes. Elles prennent des cours de mathématiques pour des examens qu’elles doivent présenter. On se croirait presque dans une résidence d’étudiants, mais dès que les détenues sont interrogées, on sent l’angoisse, les doutes, les craintes qu’elles ressassent derrière les barreaux.
Rencontres troublantes
Ces femmes ont accepté de parler à visage découvert. « Les détenues qui acceptent d’être filmées le font pour montrer qu’elles sont des personnes comme tout le monde. Ces rencontres sont très troublantes, car vous avez l’impression de vous retrouver face à votre voisine de palier », raconte Eric Lemasson. Une impression qui met presque mal à l’aise le téléspectateur. « La notion de passage à l’acte est captivante, car on ne sait pas si, face à telle ou telle situation, nous pourrions franchir le pas ou bien si quelque chose nous retiendrait. Cette confrontation nous renvoie à nous-mêmes. Nous avons tous enfoui en nous une part d’ombre que l’on va exprimer ou refréner », juge Eric Lemasson.
Ce reportage est d’autant plus fort qu’Eric Lemasson a privilégié la neutralité et l’absence totale de commentaires, si ce n’est le strict minimum factuel. Prison de femmes est un premier volet, le second a été tourné dans un établissement pour hommes à Muret, à côté de Toulouse et sera diffusé ultérieurement.
Prison de femmes, d’Eric Lemasson (Fr., 2017, 52 min).