Haute fonction publique, société civile… qui rejoint le cabinet de Nicolas Hulot ?
Haute fonction publique, société civile… qui rejoint le cabinet de Nicolas Hulot ?
Par Simon Roger, Rémi Barroux
Michèle Pappalardo, énarque, magistrate à la Cour des comptes et ancienne responsable de l’Ademe, a été nommée directrice du cabinet du ministre de la transition écologique.
Michèle Pappalardo, alors présidente de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, a notamment travaillé avec Nicolas Hulot lors de l’opération Défi pour la Terre, en 2005. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Elle connaît les principaux rouages de la machine de l’Etat, alors qu’il en ignore presque tout. Autant dire que Michèle Pappalardo devrait jouer un rôle crucial dans l’équipe en cours de finalisation autour de Nicolas Hulot. L’actuelle présidente de la septième chambre de la Cour des comptes va occuper le poste stratégique de directrice de cabinet du nouveau ministre de la transition écologique et solidaire. Elle présente le profil idéal, affichant un CV très complet, et peut se prévaloir d’avoir déjà occupé cette même fonction auprès d’un précédent ministre de l’environnement, Michel Barnier, de 1993 à 1995.
La commis de l’Etat a continué à suivre les dossiers environnementaux en tant que directrice de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), entre 2003 et 2008, puis comme commissaire générale au développement durable, dont elle a été la première fonctionnaire à diriger ce nouveau service, de 2008 à 2012. Parallèlement à son activité à la Cour des comptes, Michèle Pappalardo anime un réseau des acteurs publics et privés de la ville durable, Vivapolis.
Expérience de la mécanique
« C’est le choix de Nicolas Hulot », dit-on dans l’entourage de l’ex-animateur de télévision. Parmi « les centaines de CV » qu’il aurait reçu depuis le 17 mai, il souhaitait privilégier quelqu’un qu’il connaît bien, sur lequel il peut espérer s’appuyer. « J’ai fait sa connaissance lorsque j’étais au ministère de Michel Barnier, ils étaient très proches. Puis lors du lancement du Défi pour la Terre, en 2005, par la Fondation pour la nature et l’homme [la FNH, créée par Nicolas Hulot en 1990] et l’Ademe, explique au Monde Michèle Pappalardo. Il fallait faire monter la mayonnaise sur les questions d’environnement. »
La diplômée de Sciences Po et ancienne élève de l’Ecole nationale d’administration dit avoir été contactée directement par M. Hulot quelques jours avant sa nomination. Après une journée de réflexion, elle a dit oui. « Je n’avais pas prévu de retourner dans un cabinet, mais il s’agit d’une nouvelle aventure, un grand changement et cela vaut le coup, confie-t-elle. On peut faire en sorte que cette expérience réussisse, mais je suis consciente que cela ne va pas être facile. »
Pour encadrer l’inexpérimenté ministre mais le très aguerri militant écologique, une autre femme rompue à la mécanique ministérielle va faire son entrée à l’hôtel de Roquelaure : Anne Rubinstein. Cheffe de cabinet du ministère, elle devra notamment gérer l’agenda du ministre et la vie du cabinet. L’idée a t-elle été soufflée par l’Elysée ? En tout cas, Anne Rubinstein exerçait cette fonction à Bercy lorsque qu’Emmanuel Macron y était ministre.
Longtemps militante du Parti socialiste, où on la disait proche de Dominique Strauss-Kahn, elle va apporter, comme Michèle Pappalardo ou encore Elisabeth Borne, nommée ministre des transports auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, la connaissance des arcanes du pouvoir qui manque à l’autre partie de l’équipe issue des réseaux associatifs.
Des forces vives venues de sa fondation
Nicolas Hulot devrait aussi faire appel à des personnalités proches du WWF et aux forces vives de sa fondation, dont il a quitté la présidence dès l’annonce du nouveau gouvernement. Denis Voisin, actuel porte-parole de la FNH, pourrait intégrer le cabinet.
Benoît Faraco sera le conseiller de Nicolas Hulot sur les questions climat. Passé par le Réseau action climat (qui fédère les ONG mobilisées sur l’enjeu du réchauffement climatique), Benoît Faraco a suivi ensuite ce dossier au sein de la FNH, accompagnant Nicolas Hulot durant le Grenelle de l’environnement en 2007 puis à la Conférence climat, la COP, de Copenhague en 2009.
En 2015, il fait partie de l’équipe interministérielle en charge de la préparation de la COP21, accueillie par la France. Considérée comme l’un des enjeux prioritaires du nouveau ministre, la mise en œuvre de l’accord de Paris est au centre de son premier déplacement à l’étranger, lundi 22 et mardi 23 mai, à Berlin. M. Hulot y rencontrera plusieurs homologues à l’occasion du « dialogue de Petersberg », un rendez-vous sur le climat organisé depuis 2010 par la chancellerie allemande.
Matthieu Orphelin, qui fut lui aussi porte-parole de la FNH, ne compte en revanche pas rejoindre l’hôtel de Roquelaure. Il se présente à la députation sous les couleurs de La République en marche dans sa circonscription d’Angers. « Je reste concentré à 100 % sur les législatives, j’ai fait le choix de privilégier le terrain », confirme ce proche qui, au sein du groupe du travail « écologie » constitué par En Marche ! dans la perspective de la présidentielle, avait porté plusieurs idées chères à la fondation de Nicolas Hulot.
Gilles Bœuf, qui préside depuis janvier le conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité, devrait par ailleurs conserver les fonctions de conseiller scientifique qu’il occupait sous Ségolène Royal.