• ON ATTEND AUJOURD’HUI :

La compétition cannoise s’accélère, lundi 22 mai, avec la projection de trois films en course pour la Palme d’or dans la même journée : Mise à mort du cerf sacré (The Killing of a Sacred Deer), du Grec Yorgos Lanthimos, avec Nicole Kidman et Colin Farrell ; Happy End, de l’Autrichien Michael Haneke, avec Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant ; et Le Jour d’après (Geu-hu), du Coréen Hong Sang-soo, avec Kim Min-hee.

A des degrés divers, ce sont tous les trois des habitués du Festival de Cannes : ils y ont tous déjà présenté des films dans différentes sections et ont remporté plusieurs récompenses. Le plus primé des trois est sans conteste Michael Haneke qui fait partie du cercle restreint des cinéastes ayant déjà reçu deux Palmes d’or, en 2009 pour Le Ruban blanc et en 2012 pour Amour. Il a également reçu le prix de la mise en scène en 2005 (Caché) et le Grand Prix (accompagné des deux prix d’interprétation féminine, déjà pour Isabelle Huppert, et masculine) pour La Pianiste, en 2001. Yorgos Lanthimos a, pour sa part, déjà raflé deux prix en deux participations : le prix Un certain regard en 2009 pour Canine et le prix du jury en 2015 pour The Lobster. Quant à Hong Sang-soo, s’il a déjà à son actif sept participations à la Sélection officielle, il n’a remporté qu’une seule récompense : le prix Un certain regard en 2010 pour Hahaha.

L’actrice Isabelle Huppert et le réalisateur autrichien Michael Haneke pour le film « Happy End » au 70e Festival de Cannes, le 22 mai 2017. | LOIC VENANCE/AFP

  • DU CÔTÉ DES CRITIQUES :

Retour sur les deux films en compétition dimanche 21 mai. Ni The Meyerowitz Stories, de l’Américain Noah Baumbach, ni Le Redoutable, du Français Michel Hazanavicius, n’ont suscité un réel engouement au sein de la rédaction du Monde. Pour Thomas Sotinel, le « deuxième film de la compétition destiné à la plate-forme Netflix sera certainement plus à son aise sur un petit écran qu’Okja, de Bong Joon-ho. Cette chronique familiale new-yorkaise réitère les prétentions de Noah Baumbach au titre de Woody Allen de Brooklyn ». Quant au film consacré à la période soixante-huitarde de Jean-Luc Godard par le réalisateur de The Artist et OSS117, il estime : « Le Redoutable est un film à grand spectacle quand il met en scène les manifestations de Mai 68. Cette ampleur – du cadre, de la figuration – est pourtant démentie par la dynamique des séquences de combat de rue qui ne sont que déroutes cocasses des contestataires. De toute évidence, Michel Hazanavicius ne prend pas au sérieux le fond de l’affaire. (…) Des débats de ce mois-là, l’auteur d’OSS 117, Rio ne répond plus ne retient que les formules les plus creuses, les moments de ridicule. »

C’est du côté des sections parallèles, comme la Quinzaine des réalisateurs, l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) ou encore à Un certain regard, que se trouve la véritable originalité. Notamment avec la comédie musicale sidérante sur l’enfance de Jeanne d’Arc réalisée par le Français Bruno Dumont, Jeannette, dans laquelle Jacques Mandelbaum voit : « Une impression d’absolue nouveauté, une épiphanie stylistique. Aussi, un précis de fermeté et de dignité pour des temps aussi empoisonnés que les nôtres, une démonstration que l’esprit souffle où il veut ». Ou le premier long-métrage du Français Ilan Klipper, Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête (ACID), qui « explose les codes du vaudeville autour d’une famille juive dysfonctionnelle », à mi-chemin entre Woody Allen, Gogol et Feydeau. Ou encore Avant que nous disparaissions, du Japonais Kiyoshi Kurosawa (Un certain regard), « l’adaptation d’une pièce de théâtre parodique imaginant une invasion extraterrestre particulièrement originale ».

  • DU CÔTÉ DES REPORTERS :

Laurent Carpentier a assisté à la Leçon de cinéma de Clint Eastwood dimanche, dans une ambiance d’émeute au Palais des festivals : « On est là pour lui, pour cette stature de héros, cette espèce d’anar-marlboro, macho sans en avoir l’air (“J’étais dans un jury à Cannes avec Cath… Catherine… Comment déjà… Deneuve…”), pas inquiet d’être un des seuls à ­Hollywood à avoir soutenu Donald Trump (mais de cela pas un mot). »

Clarisse Fabre, pour sa part, a rencontré le jeune acteur argentin, Nahuel Perez Biscayart, qui a bouleversé les festivaliers avec son rôle dans 120 battements par minute, de Robin Campillo, sur les années sida, sélectionné en compétition. Elle a également interviewé Sara et Coby, le couple filmé par Christian Sonderegger dans son documentaire Coby, présenté à l’ACID dimanche. Avant de changer de sexe, Coby s’appelait Suzanna et était la demi-sœur du réalisateur. C’est le sujet de ce « pur feel good movie, sauf qu’il n’a rien de fictionnel, rien d’inventé ».

Enfin, Thomas Sotinel rend compte de la rencontre avec Al Gore, l’ancien vice-président américain venu au Festival de Cannes avec un nouveau documentaire sur le changement climatique, onze ans après Une vérité qui dérange.

Lire la gazette de la Croisette #4 : Père et fils, Godard, Eastwood
  • DU CÔTÉ DE LA PHOTO :

L’acteur Nahuel Perez Biscayart à Cannes, le 21 mai 2017. | STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

Jeanne Voisin et Lise Leplat Prudhomme, les actrices du film de Bruno Dumont, « Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc » à Cannes, le 21 mai 2017. | STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

  • DU CÔTÉ DE LA VIDÉO :

Festival de Cannes 2017 : « Le Redoutable » de Michel Hazanavicius peine à convaincre
Durée : 03:34