Simon Pagenaud, roi tricolore de l’IndyCar
Simon Pagenaud, roi tricolore de l’IndyCar
Par Catherine Pacary
Seul Français couronné du championnat américain de monoplaces, le Poitevin rêve de gagner les 500 miles d’Indianapolis dimanche, et de voler la vedette à Fernando Alonso.
Champion en titre de l’IndyCar, le Français Simon Pagenaud aborde les 500 miles avec détermination. | CHRIS OWENS / IMS 2017
Simon Pagenaud en a fait son objectif premier : remporter les 500 miles d’Indianapolis, « la plus belle course au monde, la plus vieille, la plus mythique », dimanche 28 mai. Un défi à la hauteur du pilote devenu en 2016 l’unique Français champion de l’IndyCar, le championnat américain de monoplaces, avec l’écurie Penske – une des meilleures du circuit. Malgré ce titre, il reste relativement peu connu dans l’Hexagone.
« Ma vie est aux Etats-Unis. je suis connu ici, alors que Sebastian Vettel [actuel leader du championnat de F1] ne l’est pas ! » A 33 ans, l’homme brun, souriant, s’affiche dans les magazines américains, sur les panneaux publicitaires. Né à Montmorillon, près de Poitiers, il est « fiancé pour l’instant » et vit à Charlotte, en Caroline du Nord, avec son chien. « Comme cela, je suis totalement concentré. » Focalisé sur le sport automobile, sa passion, cause de son exil, il y a douze ans.
« Tout jeune pilote, je rêvais d’IndyCar »
« Tout jeune pilote, comme beaucoup, je rêvais d’IndyCar, du Mans, de F1, explique-t-il au Monde. Mais je ne connaissais pas les bonnes personnes. ». Aux Etats-Unis se court à l’époque le Champcar, sorte de division 2 de la F1, doté d’une bourse importante au vainqueur. « J’ai gagné, j’ai eu la bourse. » Ce qui lui permet de s’installer aux « States », de passer professionnel et de voir sa carrière « exploser » dans les championnats locaux.
Jusqu’en 2008, où Simon Pagenaud vit « le moment le plus difficile de [s]a carrière. » Victime de la réunification de l’IndyCar, son écurie fait faillite. Entre 1996 et 2008, le championnat US de monoplaces a en effet été coupé en deux. Période peu bénéfique pour les pilotes et les spectateurs, d’un côté le CART qui deviendra le ChampCar, de l’autre l’IndyCar. Il est repêché par Gil de Ferran, Champion CART et vainqueur des 500 miles d’Indianapolis en 2003. Le Franco-Brésilien lui permet de participer au championnat américain d’endurance, une expérience qui convainc Peugeot Sport de l’engager en 2009 pour les 24 Heures du Mans. En 2011, coéquipier d’un certain Sébastien Bourdais et de Pedro Lamy, leur Peugeot termine deuxième à 13 petites secondes du vainqueur Audi.
Rageant, mais cette expérience sera la clé de son succès en IndyCar, qui nécessite un grand éclectisme pour s’adapter à ses trois types de courses : sur route, sur circuit et sur les fameux « ovales ». Simon Pagenaud se sent bien dans son pays d’accueil, où « il suffit de décrocher son téléphone » pour se faire des relations, où tout est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Professionnellement, « l’IndyCar rentre dans une nouvelle ère. L’intérêt pour la série est en hausse constante ». Et les 500 miles d’Indianapolis restent la compétition sportive qui rassemble le plus de spectateurs en un seul lieu, 370 000 autour de la piste ovale. Et la seule course américaine qui manque à son palmarès.
Fernando Alonso en tête d’affiche
Pour remporter les 500 miles, contrairement à ce que l’on pourrait penser, « le plus difficile ce n’est pas la vitesse ». Le danger vient des turbulances « énormes à proximité des autres voitures ». Il faut alors être capable de tenir la voiture, sans direction assistée, « c’est très physique » et rester concentré « dans le trafic. A près de 400 km/h, c’est presque comme piloter un avion de chasse, explique Simon Pagenaud. Le cœur bat très vite ». Comme lorsqu’il a vu, le 21 mai, la voiture de son ami Sébastien Bourdais voler en éclats. Aujourd’hui il est rassuré, Sébastien Bourdais se remet de ses multiples fractures. Simon Pagenaud peut se concentrer sur la course de dimanche. « La méditation m’aide beaucoup. »
Face à lui, Fernando Alonso, le « rookie » de luxe. Ce sera pilote contre pilote, puisqu’en IndyCar, les voitures ont le même châssis, les mêmes pneus, et deux moteurs au choix, Chevrolet et Honda. Alonso comme Pagenaud roulent en Honda, qui domine en « Indy ». « Peut-être parce que la F1 fait plus appel à la recherche et développement, ce qui n’est pas le point fort de Honda, alors qu’en Indy, ce sont la précision et le perfectionnisme qui comptent, et là ils sont excellents. »
Simon Pagenaud (Penske) partira dimanche en 8e ligne sur l’ovale d’Indianapolis, derrière Fernando Alonso, sur la 2e, la pole position étant occupée par le Néo-Zélandais Scott Dixon (Ganassi Racing). Mais tout cela ne veut rien dire, comme le répète Simon Pagenaud : « On ne sait jamais qui va gagner en IndyCar, c’est cela qui plaît ! Il y a tellement de rebondissements… »