Les supporters de tous les clubs du monde rêvent d’un joueur comme lui. Parce qu’il est comme eux. Francesco Totti a aimé la Roma qu’elle gagne ou qu’elle perde, fidèle à des couleurs qui veulent autant dire pour lui que pour ceux qui chantent dans les tribunes du stade Olimpico.

Rentré à la 54e minute contre le Genoa lors de la dernière journée du championnat italien, le milieu offensif n’a pas eu le temps de marquer un 308e but pour l’AS Rome. Il n’a pas pu délivrer sa 198e passe décisive. Mais dimanche 28 mai, il était avec les siens pour l’emporter 3-2 contre le Genoa et assurer la deuxième place de Série A, synonyme de qualification directe en Ligue des champions.

Et puis, à 40 ans et huit mois, Francesco Totti a dit au revoir. Après un quart de siècle d’une carrière professionnelle démarrée à 16 ans alors que Bill Clinton en était encore à son premier mandat de président des Etats-Unis.

« Maintenant, il y a la peur »

Au milieu de la pelouse, il a lu une longue lettre aux 60 000 personnes qui avaient rempli l’antre romaine. Une lettre débutée par la fin -des remerciements- parce qu’il ne savait pas s’il « arriverait à finir ». Le gamin de Rome, né dans le quartier populaire de San Giovanni, a parlé du temps qui passe, de l’âge adulte. Fini de s’amuser avec un ballon. « Le temps est venu me taper sur l’épaule, me dire qu’il fallait grandir », a dit le numéro 10, admettant comme tant d’autres sportifs retraités que « maintenant, il y a la peur »

Francesco Totti s’est ensuite offert un tour de ce terrain qu’il connaît si bien. En larmes. Lui et les autres. Sa famille, ses coéquipers, ses fans. Même les grands gaillards, comme celui qui s’est jeté à ses genoux ou les ultras de la Curva Sud qui avaient déployé une banderole « Totti est la Roma ».

Avec son équipe, il n’a pas tout gagné. Un titre de champion en 2001, deux coupes d’Italie et c’est à peu près tout. Mais il est resté, même quand le grand Madrid lui a fait la cour parce que « gagner un titre à Rome, ça vaut pour moi autant qu’en gagner 10 avec la Juventus ou le Real Madrid ». Après tout, son CV compte le plus beau des trophées, une coupe du Monde remportée en 2006 avec l’Italie. Un pays qui repense avec un sourire à cette audacieuse panenka sur penalty lors de l’Euro 2000.

Un admirateur du nom de Maradona

Les tifosi romains n’ont pas su cacher leur émotion pour les adieux de Francesco Totti. | Alessandra Tarantino / AP

Ces dernières saisons, le Soulier d’Or 2006-2007 s’est assis sur le banc plus souvent qu’il ne l’aurait voulu. Cette année, son club ne lui a pas proposé la prolongation qu’il aurait sans doute acceptée. Cela n’a pas empêché les hommages de tomber.

« Un monument du football italien », a commenté Marcello Lippi, l’entraîneur de la Squadra Azzurra championne du monde. « Le roi de Rome. Il est et restera le meilleur joueur que j’ai jamais vu », a osé Diego Maradona. « Légende » a twitté le FC Barcelone.

Mais le plus beau compliment est venu des tribunes du stade Olimpico, partagées avec les tifosi de la Lazio, le rival éternel. « Les ennemis d’une vie saluent Francesco Totti », a-t-on pu lire lors du derby romain.

Totti a dit adieu à la Roma mais pas forcément au football. Le joueur a confié la semaine dernière en avoir encore sous les crampons. Son ami Alessandro Nesta entraîne le Miami FC en NASL, l’équivalent de la deuxième division américaine. L’Italien pourrait se laisser tenter et finalement porter un autre maillot. Il aime la Roma mais peut-être pas autant que le football.