Quand Manuel Noriega portait plainte contre « Call of Duty »
Quand Manuel Noriega portait plainte contre « Call of Duty »
L’ancien dictateur du Panama, mort cette nuit, avait attaqué en justice la société Activision, qui l’avait fait figurer dans son jeu « Black Ops 2 ».
Call of Duty : Black Ops 2 : les images du jeu vidéo qui dérangeaient Noriega
Durée : 00:57
« Enfoiré de Noriega ». Larguée quelque part au Panama, votre escouade d’agents des forces spéciales et de la CIA vient de se rendre compte que le dictateur vient de les trahir... Dans Black Ops 2, sorti en 2012, Manuel Noriega, qui est mort ce 30 juin, occupe une place importante dans le scénario. Le jeu en dresse un portrait peu flatteur d’homme violent et traître, largement romancé : dans une scène sans base historique, M. Noriega abat ainsi sous les yeux du joueur deux soldats de sang-froid.
Pourtant, ce n’est pas pour diffamation que les avocats de l’ancien dictateur ont porté plainte en 2014, après que M. Noriega, alors emprisonné au Panama, a découvert par l’intermédiaire d’un neveu qu’il figurait dans Black Ops 2. La plainte ne contestait pas uniquement la véracité des faits dépeints dans le jeu, mais demandait aussi d’importants dommages et intérêts pour l’utilisation non autorisée de l’image de l’ancien dictateur.
L’avocat d’Activision à l’époque, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, avait argumenté que la procédure judiciaire était en réalité une forme d’intimidation et de réécriture de l’histoire, et que Black Ops 2 était, comme toute œuvre de l’esprit, protégée par le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression.
Le tribunal avait finalement donné raison à Activision, et M. Giulinai s’était félicité d’une « victoire importante » pour la liberté d’expression. « Cette plainte était absurde depuis le tout début et nous sommes heureux que finalement ce ne soit pas un criminel notoire qui ait gagné », avait-il ajouté.
La plainte de l’ancien dictateur panaméen avait été suivie, en 2016, par une procédure similaire, intentée par les héritiers de l’ancien chef rebelle angolais Jonas Savimbi, lui aussi dépeint sous son nom dans Black Ops 2. La procédure pour diffamation avait elle aussi échoué.