Le slogan « Pour la planète » sur la tour Eiffel lors de la COP21, à Paris, en décembre 2015. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Donald Trump a annoncé, jeudi 2 juin, que les Etats-Unis quittaient l’accord de Paris sur le climat signé en décembre 2015 par 195 pays. Deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, les Etats-Unis se retrouvent désormais isolés dans le dossier climatique : seuls la Syrie et le Nicaragua n’avaient pas rejoint la coalition mondiale. Mais pourquoi ces deux pays ont-ils fait ce choix ?

Un accord pas assez coercitif pour le Nicaragua

Le Nicaragua a refusé de signer l’accord de Paris destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre, estimant qu’il aurait dû être assorti de sanctions pour les pays qui ne tiendraient pas leurs engagements.

Comme le rappelle le Washington Post, Paul Oquist, l’envoyé du Nicaragua qui représentait le président Daniel Ortega, n’a pas voulu signer un accord qui, selon lui, reposait sur une déclaration d’intention, sans aucune mesure coercitive. « Nous n’allons pas le signer, parce qu’une déclaration d’intention mène tout droit à un échec », expliquait-il. En pratique ce texte, à valeur de traité international, ne prévoit en effet pas de mécanisme de sanction, bien qu’il comporte de nombreuses obligations juridiques de résultats ou de moyens.

Quelques jours plus tard, il précisait sa pensée sur le site Climate Home : « Nous ne voulons pas être complices d’une augmentation de 3 à 4 °C, ni des morts et de la dévastation que cela implique. » Il a par ailleurs estimé que les pays riches devraient payer davantage pour le changement climatique, puisqu’ils ont une responsabilité historique dans ce phénomène qui touche particulièrement les pays en développement comme le sien.

« La plupart d’entre nous pensons que l’accord qui a été trouvé à Paris n’est pas suffisant », avait lancé le vice-président nicaraguayen, Halleslevens Acevedo, devant l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2016. Il ajoutait que son pays considère que des actions ambitieuses pour la planète étaient urgentes.

Le Nicaragua est en effet très vulnérable au changement climatique : selon le Global Climate Risk Index, le Nicaragua est le 4e pays le plus menacé par le changement climatique, derrière le Honduras, la Birmanie et Haïti. Le pays ne représente que 0,03 % des émissions de gaz à effet de serre, comparé aux 13,19 % des Etats-Unis, toujours selon le Global Climate Risk Index.

La Syrie en pleine guerre civile

Au milieu d’une guerre civile qui a fait plus de 320 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011, la Syrie n’a pas participé aux négociations ayant abouti à l’accord de Paris. Cette guerre particulièrement destructrice a plongé le pays dans le chaos, avec des accusations de violation des droits de l’homme contre le régime de Bachar Al-Assad, tant que contre des groupes rebelles. Le conflit s’est par ailleurs complexifié avec l’implication d’acteurs régionaux et internationaux et de groupes djihadistes sur un territoire morcelé.

Dans ce contexte, il paraissait très compliqué pour Damas – dont les émissions de gaz à effet de serre pèsent 0,14 % – de justifier une participation aux négociations sur le climat lors de la COP21 à Paris.

Comme le fait justement remarquer le Washington Post, la plupart des pays considérant comme nécessaire le départ du dictateur syrien, cela rendait l’implication de Damas dans les négociations quasiment impossible. Par ailleurs, les sanctions européennes et américaines contre les membres du gouvernement Al-Assad rendent presque impossible leurs déplacements internationaux, en dehors des pays amis comme la Russie et l’Iran.

Le Guardian rappelle cependant que d’autre pays en plein conflits (comme par exemple le Yémen ou l’Irak) ou isolés (Corée du Nord) ont tout de même ratifié l’accord sur le climat.