Des milliers de manifestants le 31 mai à Al-Hoceïma. / AFP / FADEL SENNA | FADEL SENNA / AFP

Dans le nord-est du Maroc, au milieu des montagnes du Rif, la ville d’Al-Hoceïma est toujours le théâtre d’un important mouvement de contestation, né au lendemain de la mort d’un jeune vendeur de poisson dont la marchandise avait été confisquée par la police.

Dans cette région mise à mal par la misère socio-économique, les manifestations, devenues quasi quotidiennes, font l’objet d’une importante répression policière. Deux membres de premier plan d’Al Hirak (la « mouvance »), mouvement qui anime la contestation depuis sept mois, ont été arrêtés lundi 5 juin.

Nabil Ahamjik, considéré comme le numéro deux du Hirak était recherché depuis plus d’une semaine, a annoncé sur des réseaux sociaux Abdessadek El Bouchtaoui, avocat et membre du collectif de défense des détenus de ce mouvement. Il avait posté deux vidéos sur des réseaux sociaux appelant à la poursuite de la mobilisation « pacifique » après la vague d’arrestations qui avait visé à la fin de mai à Al-Hoceïma le noyau du Hirak, dont son leader Nasser Zefzafi.

Une jeune femme, Silya Ziani, l’une des nouvelles figures du mouvement, présente dans toutes les manifestations de ces derniers jours, a également été interpellée en périphérie d’Al-Hoceïma alors qu’elle se rendait en taxi avec d’autres militants à Casablanca, a dit à l’Agence France-Presse l’un d’entre eux. Les personnes qui l’accompagnaient ont été relâchées, selonla même source.

Manifestations contre la « marginalisation » du Rif

Des manifestations quotidiennes — nocturnes pour cause de ramadan — ont eu lieu toute la semaine dans la ville d’Al-Hoceïma et dans la localité voisine d’Imzouren, autre haut lieu de la contestation. Les manifestants jugent leur région, historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, « marginalisée » par l’Etat.

La mort atroce d'un marchand de poisson indigne le Maroc
Durée : 01:40

La mobilisation était cependant en baisse ce weekend à Al-Hoceïma, où la police se déploie désormais au cœur des quartiers protestataires pour empêcher les regroupements. Hormis quelques heurts ponctuels, le mouvement est resté « pacifique », mot d’ordre revenant en boucle chez les manifestants.

Ces deux arrestations ont eu lieu alors qu’une vingtaine de membres du Hirak ont été présentés ces dernières semaines au parquet de Casablanca et placés en détention pour, notamment, « tentative d’homicide volontaire, atteinte à la sécurité intérieure, incitations contre l’intégrité du royaume (...) et autres crimes ».