Le ministre de l’intérieur envoie des policiers supplémentaires à Calais et adopte une ligne dure anti-migrants
Le ministre de l’intérieur envoie des policiers supplémentaires à Calais et adopte une ligne dure anti-migrants
Par Maryline Baumard
Gérard Collomb a présenté dans « Le Parisien » ses priorités et en particulier sa volonté de mettre en œuvre une politique répressive en matière migratoire.
Gérard Collomb, le 3 juin à Nice. | VALERY HACHE / AFP
Face à l’afflux de migrants à Calais, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb joue le tout répressif et annonce avoir envoyé ce jour « trois unités supplémentaires de forces mobiles, soit plus de 150 policiers et gendarmes (…). Notre priorité, ajoute-t-il, c’est que Calais et le Dunkerquois ne demeurent pas des lieux de fixation et que les “jungles” ne s’y reconstituent pas. » C’est dans les colonnes du Parisien que le locataire de la Place Beauvau a choisi de divulguer ses priorités, au rang desquelles la gestion des migrants tient bonne place.
Après avoir précisé qu’il a eu l’occasion de s’entretenir avec les élus locaux, Gérard Collomb ajoute avoir « entendu leurs inquiétudes » et souhaite « dire aux habitants de tous ces territoires qu’ils ne sont pas oubliés ». Si M. Collomb a bien appelé Natacha Bouchart dès le surlendemain de son arrivée, il n’a eu un premier contact avec Damien Carême, le maire de Grande-Synthe, que vendredi soir. Et ce dernier s’inquiète moins du retour de la pression migratoire que de voir dormir dehors dans sa ville des gens totalement démunis et affamés.
Pour M. Collomb, ce n’est pas vraiment l’angle d’approche. « Nous devons d’abord réprimer les atteintes à l’ordre public et lutter contre les filières de passeurs », a répondu d’emblée le ministre à la première question du journaliste du Parisien sur le retour de la présence migratoire dans les Hauts-de-France.
Expulsés avant de demander le statut de réfugiés
Et d’évoquer ensuite les trois groupes de migrants qui stationnent en bordure de la frontière britannique, détaillant le sort qu’il souhaite réserver à chacun. « Les personnes qui demandent l’asile ont évidemment vocation à être prises en charge dans la dignité », pour le ministre de l’intérieur. Or, il est désormais impossible de déposer une demande d’asile à Calais, puisque la structure a été fermée lorsque la jungle a été évacuée, en octobre 2016. Pour enregistrer un dossier, il faudrait pouvoir aller à Lille. Mais les forces de l’ordre arrêtent tous ceux qui s’approchent de la gare de Calais et les conduisent dans les bureaux de la police de l’air et des frontières… Car comme le rappelle le locataire de la Place Beauvau, les étrangers « qui sont en situation irrégulière doivent être éloignés ». Or, il s’avère que la plupart de ceux qui veulent demander l’asile n’ont pas de papiers, même s’il n’est pas obligatoire de disposer de papiers pour déposer une demande de protection. Reste que les plus malchanceux se retrouvent expulsés avant même d’avoir pu signifier qu’ils voulaient être reconnus comme réfugiés.
Dans le même entretien, M. Collomb rappelle aussi qu’il compte bien appliquer le règlement de Dublin et précise que les personnes « dont la demande d’asile relève d’un autre Etat membre doivent être réadmises dans cet Etat » car, comme le souligne le ministre, « l’essentiel est de tarir les flux d’arrivées » dont « le plus important » serait à ses yeux « celui des déboutés du droit d’asile dans les pays voisins ». Une réalité qui demande à être vérifiée car sur le terrain, ce sont aujourd’hui les primo-arrivants, directement venus d’Italie, après un passage de la Méditerranée il y a quelques semaines, qui semblent les plus nombreux à Calais, mais aussi à Paris.