Pour l’OCDE, l’économie mondiale va « mieux » mais « pas suffisamment »
Pour l’OCDE, l’économie mondiale va « mieux » mais « pas suffisamment »
Par Marie de Vergès
Les économistes de l’Organisation de coopération et de développement économiques prévoient un rebond de la croissance mondiale, à + 3,5 % en 2017 et + 3,6 % l’année suivante.
A Pékin, le 2 juin 2017. La Chine inquiète notamment l’OCDE, qui redoute que le moteur chinois finisse, tôt ou tard, par décélérer. | GREG BAKER / AFP
Du pessimisme excessif à l’enthousiasme prématuré, qu’il peut être difficile de trouver le ton juste pour poser un diagnostic sur l’état de l’économie mondiale ! Dans ses dernières prévisions publiées mercredi 7 juin, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a choisi la voie du milieu. Oui, « les perspectives s’améliorent (…) mais pas suffisamment », écrit en préambule la chef économiste de l’institution, l’Américaine Catherine Mann.
Tranchant avec la morosité des dernières années, les discours plus optimistes se sont multipliés depuis début 2017. L’OCDE voit, elle aussi, des signes d’amélioration. Le commerce mondial rebondit, tout comme la production industrielle. La confiance des entreprises et des ménages se raffermit, en Europe comme en Asie. L’horizon s’éclaircit pour la plupart des pays producteurs de matières premières, qui bénéficient d’une remontée des cours.
Mises en garde
Bref, après une croissance de 3 % en 2016, la plus faible depuis six ans, l’économie mondiale devrait progresser de 3,5 % cette année et 3,6 % en 2018, prédisent les économistes du Château de la Muette, le siège parisien de l’institution. En zone euro, la reprise devrait légèrement accélérer (+ 1,8 % en 2017 et 2018, contre 1,7 % en 2016).
Pour les dirigeants politiques et économiques, l’heure n’est pourtant pas à la « complaisance », met en garde l’OCDE, qui souligne :
« Si la reprise est bienvenue, la croissance mondiale n’en reste pas moins en deçà des standards d’avant-crise et du rythme nécessaire pour s’extirper vraiment du piège de la croissance molle. »
Les points noirs restent nombreux : incertitudes politiques élevées, faible croissance des salaires, persistance des inégalités mais aussi de déséquilibres et de poches de vulnérabilité sur les marchés financiers.
Risque d’une « correction »
L’OCDE prend acte de l’euphorie qui s’est emparée ces derniers mois des investisseurs. Après la victoire du président américain Donald Trump, la promesse d’un plan de relance massif et d’allégement fiscaux aux Etats-Unis a électrisé les Bourses : au niveau mondial, les prix des actions ont grimpé en moyenne de 10 % depuis novembre 2016, date de l’élection aux Etats-Unis.
Mais l’institution n’écarte pas le risque d’une « correction » compte tenu des perspectives, somme toute modestes en termes de croissance et d’inflation. Un mouvement à la baisse qui pourrait peser sur l’activité s’il pénalisait les banques et les entreprises. L’OCDE souligne aussi le haut degré d’incertitude entourant l’ampleur du stimulus budgétaire annoncé aux Etats-Unis. Celui-ci nécessite un accord politique encore loin d’être acquis.
Parmi les autres chausse-trappes, l’organisation cite également le moteur chinois qui risque fort, tôt ou tard, de décélérer. Alimentée par une série de plans de relance monétaire et budgétaire, la deuxième économie mondiale a soutenu la reprise planétaire. Mais au prix d’un endettement de moins en moins soutenable.
Pour accompagner ce frémissement positif de la conjoncture mondiale, l’OCDE n’en préconise pas moins – pour les pays qui le peuvent – d’activer le levier budgétaire.
« Même si les taux d’intérêt augmentent ici et là, ils restent faibles et offrent l’opportunité de mettre en place des initiatives budgétaires et des réformes efficaces, aux effets bénéfiques sur la croissance sans qu’elles compromettent pour autant la soutenabilité de la dette à long terme », écrivent les auteurs du rapport.
Une préconisation cohérente de la part de l’OCDE : « club » de pays riches au discours autrefois résolument libéral, sa tonalité est devenue plus keynésienne au fil du temps, à l’instar du Fonds monétaire international (FMI), ou de la Commission européenne sur le Vieux Continent.