La victime de Roman Polanski veut l’arrêt des poursuites
La victime de Roman Polanski veut l’arrêt des poursuites
Le Monde.fr avec AFP
Samantha Geimer avait été violée par l’artiste alors qu’elle avait 13 ans. Quarante ans après elle implore les juges de laisser tomber les poursuites pour qu’elle puisse laisser cette affaire derrière elle.
Roman Polanski au festival de Cannes en mai. | Alastair Grant / AP
Quarante ans après avoir été violée à l’âge de 13 ans par le cinéaste Roman Polanski, Samantha Geimer se présentera vendredi 9 juin dans un tribunal de Los Angeles pour demander à la justice américaine de mettre fin à l’affaire et de clore ce dossier.
Samantha Geimer, 54 ans, entend soutenir l’argument du cinéaste franco-polonais selon lequel il a déjà purgé sa peine pour ce crime datant de 1977, a déclaré l’avocat de Roman Polanski, Harland Braun. « Elle vient avec son mari parce qu’elle est fatiguée de cette affaire qui continue depuis 40 ans », a déclaré M. Braun. « Elle veut en finir avec ça ».
Le juge devra décider si la demande de Samantha Geimer peut être prise en compte dans cette affaire qui alimente une véritable saga depuis 40 ans.
Accord juridique
Le réalisateur de 83 ans, célèbre pour « Rosemary’s Baby », « Tess » ou plus récemment « Le Pianiste », qui lui a valu la Palme d’Or à Cannes en 2002, est accusé d’avoir drogué Samantha Geimer quand elle avait 13 ans avant de la violer dans la villa de Jack Nicholson, à Los Angeles, en 1977.
Pour éviter un procès public, Roman Polanski avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure et, en échange, le juge avait accepté de ne pas retenir d’autres inculpations, notamment le viol avec fourniture et usage de drogue. L’accord juridique avait été obtenu avec le consentement de la famille et de leurs avocats.
Après 48 jours en détention pour subir un examen psychologique, Roman Polanski a ensuite fui en France en 1978 et n’est jamais revenu aux Etats-Unis, redoutant, selon sa défense, d’être lourdement condamné malgré un accord amiable.
M. Polanski, marié avec l’actrice Emmanuelle Seigner, avec qui il a deux enfants, a depuis toujours refusé de retourner aux Etats-Unis sans assurance qu’il ne sera plus emprisonné.
Harland Braun a informé Roman Polanski jeudi de ce nouveau développement dans l’affaire. « Il pense que cela pourrait aider », a-t-il dit en commentant sa conversation avec le cinéaste.
« Système judiciaire corrompu »
« Ce à quoi il fait face s’il revenait à Los Angeles, est un système judiciaire malhonnête qui ignorera les faits et la loi, et essaiera d’impressionner pour montrer au public qu’il est ’dur avec les criminels’ », a écrit M. Braun dans une note à la cour d’appel pour justifier l’absence de son client.
Selon M. Braun, Roman Polanski « s’est échappé de manière compréhensible parce qu’il a fui un système judiciaire incroyablement corrompu ».
Samantha Geimer, qui soutient depuis longtemps le réalisateur dans sa volonté de mettre fin à cette affaire pour pouvoir avancer dans sa vie, a écrit quant à elle à la cour plus tôt cette année une lettre dans laquelle elle accusait les procureurs de vouloir faire avancer leur carrière plutôt que de résoudre ce dossier.
« Les cas impliquant des célébrités ne devraient pas être utilisés à mauvais escient par ceux comme vous qui cherchent la célébrité et des promotions pour leur carrière », a-t-elle écrit dans une missive destinée à la procureure du comté Jackie Lacey et à son adjointe Michele Hanisee. « Vous et ceux avant vous ne m’avez jamais protégée, vous m’avez traitée avec mépris, utilisant un crime commis contre moi pour faire avancer votre carrière », a-t-elle poursuivi.
Après être rentré en France la carrière du cinéaste a prospéré, mais Roman Polanski reste sous le coup d’un mandat d’arrêt aux Etats-Unis et cette affaire l’empêche de revenir sur le sol américain et entrave ses déplacements. Il n’est pas allé à Cannes pour recevoir sa Palme, et a renoncé à présider la cérémonie française des César en février dernier.
Lorsqu’il vivait aux Etats-Unis, il avait été marié à l’actrice Sharon Tate, assassinée en 1969 par les membres de la bande du tueur Charles Manson, alors qu’elle était enceinte de huit mois.