Attaque devant Notre-Dame : l’assaillant présenté à un juge antiterroriste
Attaque devant Notre-Dame : l’assaillant présenté à un juge antiterroriste
Le procureur de Paris, François Molins, a fait un point sur l’enquête samedi 10 juin, évoquant notamment de nombreux fichiers de propagande djihadiste découverts sur les appareils électroniques de l’agresseur.
Quatre jours après l’agression au marteau d’un policier sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le procureur de Paris, François Molins, a annoncé, samedi 10 juin, que l’assaillant était présenté à un juge antiterroriste en vue d’une mise en examen. Le procureur a également donné quelques éléments sur les avancées de l’enquête, notamment après examen de l’appartement et des appareils électroniques de Farid I.
Farid I., âgé de 40 ans, a attaqué une patrouille de trois policiers avec un marteau sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans le 4e arrondissement de la capitale. « C’est pour la Syrie ! », a crié l’homme, également porteur de deux couteaux, frappant un agent de 22 ans, légèrement blessé à la tête. Le policier a expliqué avoir entendu sa collègue crier « attention », ce qui, pense-t-il, lui a évité d’être touché au niveau du crâne, a relaté François Molins. L’un de ses collègues s’est alors dégagé et a tiré deux fois. L’assaillant, blessé, est resté au sol.
De nombreux fichiers de propagande
François Molins est revenu sur le profil de Farid I., qui a « immédiatement reconnu les faits ». Un homme « professionnellement inséré et n’ayant jamais montré à ses proches des signes de radicalisation ».
Farid I. est né en Algérie en janvier 1977, et était inscrit depuis 2014 comme doctorant en sciences de l’information de l’université de Lorraine, à Metz. Son directeur de thèse décrit, selon François Molins, « quelqu’un d’ouvert, d’intelligent, travailleur, fervent défenseur de la démocratie occidentale ». Un frère et un cousin ont évoqué, relate le procureur, « un individu solitaire, discret, sérieux, calme, issu d’une famille kabyle peu pratiquante ».
L’examen de différents supports numériques a permis de constater la présence de « nombreux fichiers de propagande djihadiste » : des manuels d’action de l’organisation Etat islamique (EI), des images d’attentats, comme celui de Londres, des documents glorifiant les attentats de Paris et de Bruxelles, des photos de Mohamed Merah ou encore des images d’exactions commises en Syrie. « C’est imprégné de la propagande de l’EI que Farid I. a agi », souligne François Molins, en rappelant qu’une vidéo d’allégeance à l’EI a été retrouvée chez lui.
Radicalisation solitaire
En revanche, l’enquête n’a, pour le moment, trouvé aucune trace de contact avec un tiers. Le procureur souligne toutefois la présence de l’application Telegram, que l’assaillant a admis avoir téléchargé le matin de son acte, en essayant en vain, selon ses propos, de transmettre sa vidéo d’allégence à « un internaute quelconque » publiant de la propagande de l’Etat islamique.
Face aux enquêteurs, Farid I. s’est défini comme un musulman sunnite avec une pratique « plutôt dure », depuis une dizaine de mois selon lui. Il a assuré s’être radicalisé seul sur Internet. « L’information judiciaire devrait sonc s’attacher à mieux cerner le profil de Farid I. et à dater de la manière la plus précise possible le début de son processus de radicalisation », a déclaré le procureur, évoquant des contenus djihadistes présents depuis au moins janvier 2017 sur ses appareils.
Le procureur a évoqué la difficulté, pour les services de renseignement, de repérer ce type de profil, « des néophytes qui émettent des signaux faibles, voire pas de signaux du tout (...), qui peuvent être en lien avec des gens de l’EI, ou n’être en lien avec personne ».